L'Espagne, inquiète et sans illusions, a élu, hier, son Parlement qui devrait donner une victoire écrasante à la droite, portée par la colère du pays face à un chômage record et une crise qui a déjà balayé plusieurs gouvernements européens. Trente-six millions d'électeurs s'apprêtent à sanctionner les socialistes, au pouvoir depuis 2004, pour leur politique de rigueur. La crise économique et les cinq millions de chômeurs étaient justement sur toutes les lèvres, hier, à Madrid, comme dans le reste de l'Espagne. La crise a entraîné une perte de confiance envers les grands partis politiques, une partie des électeurs estimant que ni la gauche ni la droite ne sera capable de remettre le pays sur les rails. A la mi-journée, la participation était inférieure de 2,5 points par rapport à celle des dernières législatives en 2008, 37,87% contre 40,46%. 350 députés et 208 sénateurs doivent être élus pour quatre ans au scrutin proportionnel. Le Parti populaire sera en mesure, s'il remporte une majorité absolue, de gouverner seul le pays, sans alliances avec les partis nationalistes régionaux comme c'est le cas aujourd'hui pour les socialistes. Le chef du PP, Mariano Rajoy, 56 ans, devrait, malgré son manque de charisme, diriger le prochain gouvernement après une campagne qui n'a laissé aucune chance au socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans. Sous très forte pression des marchés financiers, le nouveau chef du gouvernement devrait agir vite pour tenter de redresser l'économie espagnole, quatrième de la zone euro, menacée de récession et asphyxiée par un chômage record de 21,52%. Avec ce vote "s'achèvera un processus non écrit ni planifié de remplacement de tous les gouvernements des économies européennes considérées comme périphériques : la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Italie, en plus de l'Espagne", prévenaient les analystes de Bankinter. Les premières réformes ne seront mises en place qu'une fois installées les deux chambres du Parlement le 13 décembre, puis investi le chef du gouvernement, à partir du 20 du mois courant. Mais les nouvelles mesures de rigueur qui se profilent pourraient attiser la grogne sociale qui s'est installée dans le pays.