Le gouvernement hongrois a dénoncé, vendredi, l'abaissement par l'agence de notation financière Moody's de la note de la dette hongroise comme infondée et faisant partie des attaques financières contre la Hongrie. Puisque l'évaluation de Moody's n'a pas de réel fondement, le gouvernement hongrois ne peut l'interpréter que comme faisant partie des attaques financières lancées contre la Hongrie, a déclaré le ministère de l'Economie dans un communiqué. La dégradation de la note est infondée professionnellement, a ajouté le ministère, se référant au budget 2011 et au fait que Budapest a réduit sa dette souveraine de 10% cette année. L'agence américaine Moody's a abaissé jeudi la note de la dette publique hongroise à Ba1, correspondant au rang d'investissement spéculatif, assortie d'une perspective négative. Clairement ni les performances de l'économie hongroise, ni l'état du budget n'expliquent la chute du forint, par conséquent une attaque spéculative contre la Hongrie doit avoir lieu en arrière-plan, a déclaré le ministère. La devise hongroise, le forint (HUF), a plongé à 317,25 HUF/EUR vendredi, très proche de son plancher historique de 317,85 HUF/EUR, atteint la semaine dernière. Moody's a justifié sa décision par les difficultés rencontrées par Budapest pour atteindre ses objectifs d'assainissement budgétaire et de réduction de la dette du secteur public, ainsi que par la vulnérabilité de la Hongrie aux retombées de la crise de la dette européenne, alors que l'économie hongroise est très dépendante des investisseurs extérieurs. Pour les deux autres agences de notation, Standard and Poor's (S&P) et Fitch, la Hongrie reste un cran au-dessus de la catégorie spéculative. Moody's, comme les deux autres agences de notation et la majorité des analystes, critique le gouvernement hongrois pour la manière dont il a atteint ses objectifs économiques, comme l'imposition extraordinaire du secteur financier ou l'étatisation des caisses de retraite privées. La dégradation n'est pas une surprise, mais son timing peut être, surtout après le commentaire de S&P la veille, a estimé György Barta, de la banque Cib (groupe Intesa San Paolo). S&P a en effet donné un peu de temps à Budapest pour voir comment se déroulaient les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), vers qui la Hongrie s'est tournée pour un nouvel accord. M. Barta a ajouté que l'effet positif attendu de la dégradation à moyen terme est la hausse de la pression sur la Hongrie pour qu'elle exécute une volte-face dans sa politique économique. Zoltan Török, de la banque Raiffeisen, a indiqué que la mesure de Moody's était attendue et que le gouvernement devait s'abstenir de prendre des décisions économiques non conventionnelles. La question est: quand est-ce que le gouvernement le comprendra-t-il', a ajouté l'analyste, qui estime que la banque centrale de Hongrie augmentera son taux d'intérêt de base dans le courant de décembre. Comme S&P a décidé d'attendre un peu, nous aurions pu penser que les autres agences de notation feraient de même: ça n'a pas été le cas, a de son côté indiqué Peter Csaszar, de la banque KBC. Que Moody's ait gardé sa perspective négative signifie que la politique économique hongroise doit faire un changement de direction de 180 degrés, a ajouté l'analyste qui a souligné que le plus triste est que le ministre de l'Economie György Matolcsy trouve la dégradation " sans fondements ".