Des Syriens redoutent que les sanctions économiques imposées pour mettre fin à la répression des manifestations contre le régime de Bachar al Assad soient trop longues à se mettre en place et n'affectent pas le gouvernement, mais la population. La Ligue arabe a approuvé, dimanche dernier, un gel des avoirs de l'Etat syrien, l'interruption des transactions avec la banque centrale de Syrie et l'arrêt des investissements dans ce pays. En vertu de ces sanctions, les responsables syriens n'auront plus le droit de se rendre dans d'autres pays arabes. Les gouvernements de l'Union européenne ont quant à eux décidé avant-hier d'imposer de nouvelles sanctions financières et commerciales à Damas. Des rassemblements approuvés par les autorités ont été organisés pour dénoncer "l'ingérence étrangère". La télévision d'Etat a montré des milliers de manifestants brandissant des portraits du président Assad et le drapeau syrien. La plupart des médias étrangers n'ont pas accès au pays. La Ligue arabe comme l'Union européenne soulignent que leurs sanctions sont soigneusement ciblées pour éviter que la population n'en soit la première victime, mais beaucoup d'interlocuteurs en doutent. Sanctions financières La répression du mouvement de contestation par le régime de Bachar el-Assad a fait plus de 3 500 morts depuis la mi-mars Selon l'ONU. De leur côté, les opposants estiment à au moins 30 000 le nombre de personnes arrêtées en neuf mois. Les autorités syriennes, elles, continuent à imputer les violences à des "groupes terroristes armés" soutenus par l'étranger. Mais dans leur rapport, les enquêteurs n'hésitent à pointer du doigt le noyau dur du pouvoir syrien. La commission pense que les ordres d'utiliser des armes à feu et de recourir à des mauvais traitements contre les civils entrent dans le cadre de politiques et de directives émanant des plus hauts niveaux des forces armées et du gouvernement. De fait, la commission appelle la Syrie à mettre un terme aux violations de masse des droits de l'homme, à ouvrir des enquêtes indépendantes et impartiales et à faire passer les bourreaux devant la justice. Elle exhorte également Damas à libérer les prisonniers politiques, à ouvrir son territoire à la presse, aux travailleurs humanitaires et aux observateurs des droits de l'homme. Alors que la Ligue arabe et l'Union européenne œuvrent pour un renforcement des sanctions financières contre la Syrie, les enquêteurs de l'ONU demandent, eux, l'instauration d'un embargo international sur les ventes d'armes à la Syrie. Les forces syriennes ont tué plus de 250 enfants La Syrie, qui persiste à poursuivre son massacre à huis clos depuis neuf mois, la commission d'enquête internationale de l'ONU, elle, est toujours interdite d'accès à la Syrie, et s'est appliquée à récolter plus de 200 témoignages de victimes de la répression. Il en résulte un rapport accablant contre Damas, remis ce avant-hier au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies et qui risque d'isoler encore plus le régime syrien. Tortures, viols, détentions arbitraires, pressions sur les familles… Les récits qui émaillent ce document de 39 pages sont autant de preuves de pratiques qui relèvent, selon ses auteurs, de "crimes contre l'humanité". Ainsi des confidences faites par plusieurs soldats déserteurs, torturés dans des conditions abominables incluant d'insoutenables chocs électriques. Ou encore de ces enfants, et c'est là une spécificité syrienne, victimes des exactions les plus barbares, au même titre que les adultes. Exemple à l'appui, des adolescents ont été violés devant leurs parents et battus à mort. Des sources fiables indiquent que 256 enfants ont été tués par les forces gouvernementales au 9 novembre, précise Paulo Pinheiro, qui préside la commission. François Zimeray, Ambassadeur pour les droits de l'Homme raconte pour sa part, qu'il y a quelques jours, il aurait reçu un message de Syrie lui indiquant, avoir retrouvé le corps d'un enfant dans un égout à ciel ouvert. Cet enfant avait 8 ans, il a été torturé. Et ses parents se sont vus interdire de faire des funérailles. " Il faut imaginer ce que ça veut dire, un enfant de 8 ans, de 10 ans, de 13 ans qui est torturé " accaparé, déclare-t-il.