Le parti Russie unie de Vladimir Poutine, a essuyé, un revers lors des législatives mais conserve une confortable majorité absolue à la Douma (chambre basse du Parlement), selon des résultats publiés, hier, à l'issue d'un scrutin controversé. Russie unie obtient, en vertu d'un système complexe de répartition des sièges lié au mode de scrutin, 238 mandats sur 450, soit 12 sièges de plus que la majorité absolue. Le parti n'aura donc besoin d'aucun soutien pour former le gouvernement. Le Parti communiste, arrivé deuxième aux législatives de dimanche, aura 92 députés, le parti Russie juste (centre-gauche) 64 et le parti libéral-démocrate (nationaliste) 56, a indiqué Vladimir Tchourov, le président de la commission électorale centrale. La répartition des mandats de député a été calculée sur la base du dépouillement dans 96% des bureaux de vote. Russie unie recueille 49,54% des voix, un niveau toujours très élevé mais qui représente une baisse d'environ 15 points par rapport au score réalisé au scrutin de 2007 (64,3%). Le parti de Poutine avait alors obtenu 315 sièges à la Douma et perd donc 77 députés et la majorité des deux-tiers qui lui a permis de modifier la Constitution. La presse russe notait lundi que ce score est peu reluisant pour le mouvement dirigé par Vladimir Poutine et dont la liste aux législatives était présidée par le chef de l'Etat russe, Dmitri Medvedev. "Russie unie perd la majorité constitutionnelle", relève le quotidien Kommersant, qui pense même que le parti au pouvoir "va devoir chercher des partenaires" à la chambre basse. Russie unie, "le parti de la minorité", renchérit le quotidien Vedomosti en Une. Les journaux notent par ailleurs que ce résultat a été atteint grâce à un appareil administratif au service du régime de M. Poutine, organisant des fraudes et des pressions contre les ONG et médias indépendants. "Si la société avait besoin d'une confirmation que les élections sont “bricolées”, la confirmation est là: la nervosité et la réaction hystérique des autorités face aux tentatives légales et pacifiques de contrôler le déroulement du scrutin", note Vedomosti. Le quotidien relève en particulier les cyber-attaques qui ont paralysé les sites de l'ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des scrutins et par ailleurs dans le collimateur de la justice, et de médias indépendants comme le journal Kommersant ou la radio Echo de Moscou. Plusieurs d'entre eux (kommersant.ru, golos.ru et slon.ru notamment) ne fonctionnaient d'ailleurs toujours pas lundi matin. Pour le politologue Boris Mejouev, dans les colonnes des Izvestia, "les élections se sont transformées de fait en un referendum contre Russie Unie". Aux yeux de Guennadi Ziouganov, leader du Parti communiste, "les électeurs ont refusé de faire confiance aux autorités", en conséquence de quoi le Kremlin va devoir composer avec l'opposition au Parlement, a-t-il estimé. "Nombreux sont ceux qui refuseront de reconnaître les résultats de telles +élections+", observe enfin Vedomosti. Le politologue russe, Evgueni Volk, du Fonds Eltsine a cependant relativisé le recul du parti de Poutine. "Que Russie unie n'ait plus sa majorité constitutionnelle, ce n'est pas un drame (...) ce qu'ils voulaient changer dans la Constitution, ils l'ont déjà changé", note-t-il. Pour l'analyste Alexandre Goltz, sur le site ej.ru, les électeurs russes ont été "violés" lors de "cette imitation d'expression de la volonté populaire". Selon lui, Vladimir Poutine, candidat à la présidentielle de mars 2012 le président Dmitri Medvedev lui cédant la place, a prouvé une fois de plus que c'est lui qui décidait de tout. "Le but était de convaincre le pays qu'aujourd'hui, demain, après-demain, Poutine fera ce qu'il veut", note M. Goltz. L'actuel Premier ministre et homme fort du pays a relevé dans la nuit de dimanche à lundi que les résultats des législatives vont permettre "le développement stable du pays".