Areva a adopté, avant-hier, un plan de chasse aux économies pour éponger de lourdes pertes et tirer les conséquences de Fukushima, qui va se traduire par la perte de 1200 postes en France l'an prochain d'après la CGT, via le non-remplacement des départs naturels. Ce plan de rigueur, baptisé pudiquement "Action 2016", était en préparation depuis l'arrivée de Luc Oursel, fin juin à la tête du groupe nucléaire public. Le gouvernement a donné explicitement pour mission au successeur d'Anne Lauvergeon, de redresser les comptes. Après sa validation en conseil de surveillance, et sa présentation aux syndicats, le groupe en a détaillé les principales mesures dans un communiqué. L'objectif principal est d'économiser un milliard d'euros par an d'ici 2016 sur les coûts de fonctionnement. Le groupe va aussi revoir à la baisse d'un tiers ses investissements et réaliser pour plus d'1,2 milliard d'euros de cessions. Le groupe, qui emploie 48 000 personnes dans le monde, dont plus de la moitié en France, n'a donné aucune information sur les conséquences de cette traque aux économies sur ses effectifs, alors qu'on s'attendait à ce qu'il confirme la plus lourde restructuration depuis sa création en 2001. Mais la CGT, premier syndicat du groupe, a rapporté qu'un gel des embauches l'an prochain avait été annoncé aux représentants du personnel, ce qui, par le biais des départs naturels va se traduire par une diminution de 1200 postes des effectifs français en 2012. Ces réductions d'effectifs, même si elles n'entraîneront aucun licenciement, ont donc été décidées en dépit de l'engagement du groupe public de ne pas toucher aux emplois en France. Après la révélation le mois dernier qu'Areva prévoyait de réduire ses effectifs non industriels français de 1000 à 1200 postes. M. Oursel avait été convoqué par le gouvernement, et selon le ministre de l'Economie François Baroin, il s'était engagé à ce qu'il n'y ait "aucune suppression de postes, aucun plan de départ volontaire et aucun impact sur les sites français". De plus, Areva a confirmé "la suppression de plus de 1 200 emplois en Allemagne", a déclaré Patrick Lescure, délégué central CGT. Cette cure doit mettre fin à une inquiétante dégradation des comptes du groupe, alors que l'engouement international des années 2000 pour le nucléaire a laissé la place à une réduction de la voilure, suite à la catastrophe de Fukushima. Mais elle vise aussi à solder les comptes de l'ère Anne Lauvergeon, dirigeante de 2001 à 2011. Le groupe va en effet essuyer une charge exceptionnelle de 2,4 milliards d'euros cette année, dont 1,46 milliard liés à des mines d'uranium africaines, acquises en 2007 sous la houlette d'"Atomic Anne", et qui ont depuis perdu 80% de leur valeur. Un comité interne va se pencher sur les conditions dans lesquelles cette acquisition controversée a été effectuée, et rendra ses conclusions en début d'année prochaine. Conséquence de cette provision géante, Areva s'attend à subir perdre autour d'1,5 milliard d'euros cette année, sa pire performance depuis sa naissance.