L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a revu à la baisse ses prévisions de croissance 2012 à 0,3% contre 2% en mai pour la zone euro et à 1,8% contre 3,1% pour les Etats-Unis. Aussi, a-t-elle demandé dans une note publiée, lundi dernier, en prévision du Sommet du G20, jeudi et vendredi prochains à Cannes, aux dirigeants du G20 de prendre des mesures «audacieuses» pour calmer les turbulences des marchés et montrer qu'ils peuvent mettre en œuvre des réformes structurelles face à la crise de la dette.Une détérioration des conditions financières de l'ordre de celle constatée durant la crise de 2007-2009 pourrait entraîner une baisse allant jusqu'à 5% du Produit intérieur brut (PIB) de certaines économies de l'OCDE d'ici au premier semestre 2013, estime l'Organisation.A l'inverse, si les mesures annoncées lors du Sommet européen de mercredi dernier sont efficacement mises en œuvre et parviennent à restaurer la confiance, la croissance pourrait se révéler meilleure que prévu, selon l'OCDE, qui précise qu'elle sera tirée vers le haut par les marchés émergents, notamment la Chine (+8,6% en 2012 et +9,5% en 2013).Toutefois, entre les prévisions et les réactions en réel, il y a comme un décalage. Des réticences subsistent encore chez des partenaires de la zone euro. Tokyo a assuré au directeur du Fonds européen de stabilité financière (Fesf), Klaus Regling, en tournée dans la région, qu'il continuerait d'acheter les obligations émises par le Fonds, à condition, toutefois, que la zone euro prenne les mesures nécessaires pour endiguer la crise de la dette. Mais comme la Chine, le Japon a refusé de s'engager dans l'immédiat sur un éventuel engagement pour en augmenter la force de frappe. Pékin a, certes, des intérêts à préserver en aidant la zone euro, qui est à la fois l'un de ses principaux marchés et la région d'où provient une partie de ses réserves investies en obligations souveraines, dont elle doit ainsi préserver la valeur. Mais les responsables chinois restent prudents et demandent plus de précisions avant de décider si leur soutien sera direct avec une prise de participation dans le Fesf ou indirect en passant par le Fonds monétaire international (FMI).Les Japonais et les Chinois ne sont pas les seuls à faire montre de circonspection. D'autres acheteurs potentiels de dette européenne, comme le Brésil et la Russie, ont aussi affiché leur préférence pour une solution passant par le FMI ou par des accords bilatéraux ad hoc avec des pays européens. Vendredi dernier, un quotidien économique brésilien rapportait que Brasilia pourrait aider les pays fragilisés de la zone euro via le FMI, et non le Fesf. Selon le quotidien, le Brésil serait prêt à utiliser une partie de ses réserves internationales via le FMI, à condition que le plan de la zone euro soit jugé solide et efficace. Même son de cloche en Russie. Le conseiller économique du président russe, Dimitri Medvedev, Arkady Dvorkovitch, a déclaré, lundi dernier, que son pays est disposé à aider l'UE en investissant jusqu'à 10 milliards de dollars, mais via le FMI. Soulignant que la «stabilité européenne» était «importante» pour la Russie, le conseiller précisera que Moscou pourrait mettre cette somme à disposition pour soutenir la zone euro dans le cadre de ses activités au FMI. M. Dvorkovitch ajoutera que la question d'une aide à la zone euro avait été évoquée par la Russie avec d'autres puissances émergentes dont les BRICS (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui se disent disposées à aider la zone euro. Toutefois, ils entendent bien «monnayer» ce soutien pour faire valoir, à juste titre, leur revendication d'avoir un rôle plus important au sein du FMI. R. C.