Une délégation irakienne conduite par le conseiller pour la Sécurité nationale, Falah al-Fayyad, est arrivée, hier, à Damas pour rencontrer le président syrien Bachar al-Assad, a indiqué une source officielle syrienne. Auparavant, Ali Moussaoui, conseiller du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, avait indiqué que cette visite devait porter sur une proposition de Bagdad visant à mettre fin à l'effusion de sang en Syrie. M. Maliki avait annoncé jeudi l'envoi prochain d'une délégation à Damas pour tenter de lancer un dialogue entre les autorités et l'opposition, qui a refusé jusque-là tout dialogue avec le régime du président Assad dont elle demande le départ. Les Américains et l'Europe ont peur de l'après Bachar al-Assad, c'est pourquoi ils comprennent notre initiative, avait souligné le Premier ministre irakien, qui avait manifesté lundi son désaccord avec le président américain Barack Obama, affirmant qu'il ne se sentait pas le droit de réclamer le départ du président Assad comme le fait Washington. La visite à Damas de la délégation irakienne a coïncidé avec la tenue à Doha d'une réunion du comité ministériel arabe sur la Syrie, le numéro deux de la Ligue Arabe, Ahmed ben Helli ,faisant état de signes positifs de la part du régime syrien qui pourrait accepter l'envoi d'observateurs arabes. la veille, 19 civils ont été tués par les tirs des forces de sécurité à travers la Syrie, dont onze dans la région de Homs (centre), haut lieu de la contestation où plus de 200 000 personnes ont défilé contre le régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La résolution russe à l'ONU est déséquilibrée et creuse L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a qualifié, avant-hier, de déséquilibrée et creuse la résolution sur la Syrie proposée la veille au Conseil de sécurité de l'ONU par la Russie, lors d'un dialogue sur internet avec des lecteurs du Monde. C'est aussi une manœuvre, parce qu'elle (la Russie) se donne l'apparence d'un mouvement tout en présentant un texte qui est totalement déséquilibré et creux, a déclaré M. Araud à propos de cette résolution dont la présentation par la Russie jeudi a surpris la communauté internationale. Moscou avait jusqu'à présent bloqué au Conseil de sécurité les résolutions condamnant la répression dans le sang par le régime de Bachar al-Assad du mouvement de contestation. Selon les Nations unies, cette répression aurait fait plus de 5 000 morts. Sur le fond, le texte russe insiste toujours sur les mêmes points que les Européens et les Américains rejettent. Le projet continue en effet de faire allusion aux actes de violence commis par toutes les parties, y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a indiqué jeudi que si Washington était prêt à travailler sur la base de la proposition russe, cette dernière contenait des éléments que nous ne pourrions pas soutenir, comme l'apparente parité entre les forces de l'ordre et l'opposition. Le texte qui nous est présenté mérite évidemment beaucoup d'amendements (...). Mais c'est un texte sur la base duquel nous allons négocier, avait souligné jeudi M. Araud. Pour des diplomates européens, la résolution russe ne condamne pas assez fermement le régime de Bachar al-Assad et elle n'apporte pas non plus suffisamment son soutien aux mesures prises par la Ligue arabe contre la Syrie. Les Occidentaux ont dit s'attendre à des discussions de suivi sur le texte, mais l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a souligné qu'aucune réunion n'aurait lieu avant demain. Les pays occidentaux vont mettre un peu de temps à prendre la mesure des développements, a-t-il déclaré. L'ambassadeur de France à l'ONU a jugé vendredi qu'une négociation de résolution peut durer quelques heures ou quelques mois. Tout dépendra de la volonté de la Russie d'accepter nos amendements. La texte a d'ores et déjà reçu l'appui de l'Inde au Conseil de sécurité. Nous avions dit que nous soutiendrions ce genre de résolution, a déclaré l'ambassadeur indien, Hardeep Singh Puri.