Les cours du pétrole cédaient du terrain, hier matin, en Asie, en raison de prises de bénéfices après la hausse de la veille, mais le marché restait soutenu par les tensions avec l'Iran, ont indiqué les analystes. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février lâchait 14 cents, à 102,82 USD, par rapport à la clôture de la veille. Le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance perdait 10 cents 112,03 USD. "Il y a eu un léger repli des cours des matières premières après la hausse de la veille. Mais la situation avec l'Iran reste inquiétante", a déclaré Nick Trevethan, analyste à ANZ Research. "Les conséquences d'une quelconque action militaire au Moyen-Orient seraient énormes. Une envolée des cours du brut étoufferait dans l'oeuf la reprise aux Etats-Unis", a-t-il ajouté. Le baril de pétrole pourrait atteindre 200 dollars en cas de nouvelles sanctions occidentales contre Téhéran, avait mis en garde le ministre iranien du Pétrole Rostam Qasemi, cité par l'hebdomadaire Aseman en fin de semaine dernière. Un haut responsable militaire iranien a averti mardi Washington de ne pas renvoyer leur porte-avions dans le Golfe, où l'Iran se livre à une démonstration de force autour du détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le trafic maritime pétrolier. Mais les Etats-Unis ont promis de maintenir leurs navires de guerre déployés dans la région, tout en soulignant qu'ils ne cherchaient pas la confrontation avec l'Iran. Ces tensions ont contribué à la montée des cours du pétrole mardi. L'Iran est le deuxième pays producteur de l'Opep. A New York le pétrole démarre 2012 au plus haut depuis la mi-novembre Les prix du pétrole ont bondi à leur plus haut niveau depuis la mi-novembre, avant-hier, pour la première séance de l'année à New York, dopés par une salve d'indicateurs industriels positifs dans le monde et sur fond de tensions persistantes entre les pays occidentaux et l'Iran. Le baril de light sweet crude pour livraison en février a terminé à 102,96 dollars sur le New York Mercantile Exchange, en hausse de 4,13 dollars par rapport à vendredi. A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 4,75 dollars à 112,13 dollars. Les cours sont montés au plus fort de la séance à 103,13 dollars à New York, leur plus haut niveau depuis le 17 novembre, et à 112,24 dollars à Londres, niveau inédit depuis le 16 novembre. Le marché était resté fermé la veille en raison du Nouvel An. Après cette pause, l'année a démarré sur fond d'indicateurs économiques positifs et de marchés boursiers bien orientés, ont observé les analystes de Commerzbank. La hausse des cours s'est accélérée à la publication de l'indice ISM d'activité manufacturière aux Etats-Unis, le premier pays consommateur d'or noir, qui a montré une accélération de la croissance plus marquée que prévu en décembre. Des indices similaires ont révélé un rebond de l'activité industrielle en Chine, le deuxième pays consommateur, et la plus forte accélération de l'activité en six mois en Inde. Pour Matt Smith, de Summit Energy, la progression du marché pétrolier s'explique autant par les indicateurs industriels que par le comportement de l'Iran. La République islamique avait prévenu la semaine dernière qu'elle fermerait le détroit d'Ormuz, par lequel transite plus du tiers du fret maritime pétrolier mondial, si des sanctions étaient décidées par les pays occidentaux contre ses exportations d'or noir. Avant-hier, Téhéran a de nouveau haussé le ton, avertissant les Etats-Unis de ne pas renvoyer un de leurs porte-avions, qui avait traversé la semaine dernière ce passage stratégique, dans le Golfe. Mais Washington a promis de maintenir ses navires de guerre déployés dans le Golfe. Le marché reste inquiet de la situation autour du détroit d'Ormuz et de possibles perturbations de l'offre en cas de sanctions contre l'Iran, a observé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. On entend beaucoup de rhétorique autour du détroit d'Ormuz mais pour l'instant, les approvisionnements ne sont pas perturbés. Je ne pense pas qu'ils le seront à moins que l'Iran se trouve dans une situation où le pays ne peut plus vendre de pétrole du tout. Le pays n'aurait alors plus rien à perdre, a-t-il poursuivi. Le marché surveille aussi avec une inquiétude croissante les violences qui agitent le Nigeria, l'un des premiers producteurs de brut du continent africain. La police a tiré mardi des gaz lacrymogènes et procédé à des interpellations lors de manifestations contre la brusque hausse des prix de l'essence, marquées par la mort d'un homme. Avec le début de l'année, les intervenants ont tendance à se positionner à la hausse sur les marchés boursiers et de matières premières, a relevé par ailleurs Andy Lipow. Ma première source d'inquiétude concerne surtout la crise de la dette européenne, a-t-il tempéré.