Certains analystes prévoient le baril à 250 dollars si le conflit au Proche-Orient persiste. Les prix du pétrole se maintenaient, hier, proches de leur record battu la veille à 78,10 dollars à Londres. Cette nouvelle hausse a été déclenchée, avec toujours en toile de fond la guerre au Liban, par la fermeture progressive, par le groupe pétrolier britannique BP, du champ de Prudhoe Bay en Alaska, après la découverte d'une fuite sur un oléoduc qui se traduira par une interruption de production de 400.000 barils par jour, soit 8% de la production américaine. Le marché restait inquiet pour les perturbations au Nigeria, en Irak et des interruptions potentielles en Iran. Le ministère américain de l'Energie (Do) a fait savoir lundi qu'il envisageait d'autoriser les raffineries à recourir aux réserves stratégiques de pétrole, qui s'élèvent à près de 700 millions de barils et ce, compte-tenu de la flambée actuelle du pétrole et des conflits majeurs au Proche-Orient et Iran. Certains analystes prévoient le baril à 250 dollars si une escalade du conflit au Proche-Orient conduisait l'Iran à bloquer le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour les tankers dans le Golfe, a prédit ainsi lundi l'agence de notation financière internationale Standard and Poor's. Le scénario de cette agence part d'une propagation à l'Iran du conflit au Liban entre Israël et le Hezbollah, qui pourrait résulter par exemple de raids aériens menés par Israël ou les Etats-Unis sur des sites nucléaires ou d'autres installations iraniennes, a expliqué SP dans une étude. L'Iran bloquerait alors, pendant six mois, le détroit d'Ormuz, empêchant les tankers de venir chercher l'or noir des gros producteurs comme l'Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats arabes unis. Cela réduit l'offre mondiale de brut de 20%, faisant s'envoler les prix du pétrole. Les puissances occidentales puiseraient abondamment dans leurs réserves stratégiques de pétrole, mais cela n'empêcherait pas les prix du brut de grimper à 250 dollars le baril, car «le monde se retrouverait dépourvu de toute production supplémentaire». Face à cette envolée des prix, l'économie mondiale tomberait en récession, comme entre 1980 et 1982, a poursuivi l'agence, les Etats-Unis étant les plus touchés. «C'est loin d'être le pire des scénarios et au contraire, ce pourrait être le meilleur des cas», a prévenu SP, qui juge toutefois ce scénario «peu probable». Quelque 16 millions de barils de brut quittent chaque jour la région du Golfe via le détroit, soit près de 20% de la production mondiale, et plus d'un tiers des exportations. L'agence envisage trois autres scénarios. Le premier, celui d'un conflit contenu à Israël et au Liban, verrait les prix du pétrole retomber sous 70 dollars le baril d'ici la fin de l'année et à 60 dollars d'ici à la fin 2008, contre près de 77 dollars actuellement sur le marché de New York. Le second, celui d'une suspension par l'Iran de ses exportations de pétrole sans blocage du détroit d'Ormuz, verrait les prix du pétrole bondir au-dessus de 100 dollars le baril, avant de s'installer autour de 95 dollars. D'ici la fin 2008, l'Iran se remettrait probablement à exporter et les prix retomberaient autour de 66 dollars. Le dernier scénario envisage un embargo pétrolier contre les Etats-Unis imposé par l'Iran et les autres pays du Golfe, qui fournissent 17% de leur brut aux Américains. Le Venezuela se joindrait probablement aux autres, ce qui enverrait temporairement les prix au-dessus de 90 dollars le baril. Mais l'embargo serait difficile à respecter, car des fuites interviendraient une fois le pétrole en mer, selon SP.