Les Etats-Unis ont accusé l'Iran de fournir des armes à Damas pour aider le régime du président syrien Bachar al-Assad à réprimer le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis 10 mois. Washington a en outre fait part de son "inquiétude à la Russie et à Chypre", alors qu'un navire russe transportant une "cargaison dangereuse" était, avant-hier, en route vers la Syrie, après avoir fait escale à Chypre, selon une source au sein de la compagnie d'exploitation du bateau. D'après des médias russes, il pourrait transporter jusqu'à 60 tonnes d'armes et d'équipement militaire. "Le gouvernement américain est persuadé que l'Iran a fourni des munitions à la Syrie" pour les utiliser lors des opérations de répression, a indiqué un responsable américain à Washington, sous couvert de l'anonymat. Le général iranien Qassem Soleimani, commandant de l'unité Qods (force spéciale des Gardiens de la révolution), était à Damas en janvier, ont précisé des responsables américains, qui considèrent cette visite comme le signe le plus concret que l'aide iranienne comprend du matériel militaire. Hier, sur le terrain, deux civils, dont un adolescent de 13 ans, ont encore été tués à Homs, dans le centre de la Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Avant-hier, les Syriens avaient manifesté par dizaines de milliers pour crier leur haine du régime, malgré la répression qui a fait dix morts, dont une fillette et un adolescent. Dans la province de Deraa (sud), les forces de sécurité ont mené des perquisitions à Jassem, hier, à l'aube, arrêtant trois membres d'une même famille et brûlant des motocyclettes, d'après l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. Alors que des affrontements entre soldats et déserteurs ont lieu périodiquement, un général déserteur de l'armée syrienne, Mostafa Ahmad al-Cheikh, s'est réfugié en Turquie il y a une dizaine de jours, a déclaré le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Selcuk Ünal.Selon le journal Hürriyet Daily News, le général Al-Scheik était le numéro deux de l'armée du Nord syrienne. Il réside dans le même camp que le colonel Riad al-Assaad, le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), formée de déserteurs de l'armée nationale, précise le journal. Les exactions se poursuivent en Syrie malgré la présence (critiquée pour son inefficacité) depuis le 26 décembre de dizaines d'observateurs arabes chargés de surveiller l'application d'un plan de sortie de crise. Le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a déclaré, avant-hier soir, avant de se rendre dans le Golfe pour des discussions sur la crise syrienne, que "l'objectif principal est politique". "Les observateurs sont seulement un mécanisme. L'objectif majeur est de calmer la situation", a-t-il dit, selon des propos rapportés par l'agence de presse officielle égyptienne Mena. M. Arabi a reconnu que si "les choses sont peut-être plus calmes, la violence continue". La Ligue "examine en ce moment si le maintien de la mission est bénéfique, face à la poursuite des violences", selon lui. Le secrétaire de la Ligue arabe a jugé "très important que tous les mouvements de l'opposition s'assoient autour d'une table pour des entretiens avec le gouvernement sur l'avenir de la Syrie", lors d'une conférence à la Ligue arabe. Selon lui, "les Syriens seuls décideront de leur avenir". Les opposants, qui accusent le régime d'Assad d'inciter à la violence en réprimant dans le sang les manifestants pacifiques, veulent que la Ligue arabe, incapable d'aider à protéger les civils, transmette le dossier syrien à l'ONU. De son côté, le Premier ministre britannique David Cameron, en visite à Ryad, s'est dit prêt à "soumettre une nouvelle résolution" au Conseil de sécurité de l'ONU pour condamner la répression, qui serait "basée sur ce que dit et fait la Ligue arabe". Les USA inquiets d'une livraison présumée d'armes russes à la Syrie Les Etats-Unis ont fait part, avant-hier, à Moscou de leur inquiétude à propos d'un navire russe se dirigeant vers la Syrie et qui selon la presse russe transporterait jusqu'à 60 tonnes d'armes et d'équipements militaires. En ce qui concerne ce navire, nous avons fait part de notre inquiétude à la Russie et à Chypre, qui a été la dernière escale de ce bateau, a déclaré Victoria Nuland, porte-parole du département d'Etat. Nous continuons à rechercher des clarifications sur ce qui s'est passé, a ajouté Mme Nuland, rappelant que l'administration américaine avait multiplié les appels en direction des pays continuant à vendre ou fournir des armes à la Syrie afin qu'ils cessent ces activités. Le navire Chariot, battant pavillon de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, transporte une cargaison classée comme dangereuse (...), mais nous ne sommes pas obligés de savoir ce qui est dans ses conteneurs, a déclaré une source au sein de la compagnie Westberg Ltd, qui l'opère et a son siège à Saint-Pétersbourg. Selon des médias russes, le bateau, qui se dirige vers le port de Tartous en Syrie, pourrait transporter jusqu'à 60 tonnes d'armes et d'équipements militaires, envoyées par l'agence publique russe d'exportation d'armements Rosoboronexport via un expéditeur, la société Balchart. Le Chariot, ayant fait escale à Chypre pour réapprovisionnement, a été retenu mardi par les autorités chypriotes et n'a été autorisé à partir qu'à condition de changer d'itinéraire et de se diriger vers la Turquie au lieu d'aller en Syrie. Mais l'équipage du bateau a décidé de reprendre son chemin initial après avoir quitté le port chypriote, selon une source au sein de Westberg Ltd.