Les groupes de l'opposition politique et militaire au président syrien Bachar al-Assad, ont annoncé, hier, avoir établi un bureau de liaison pour coordonner leur action. Le Conseil national syrien (CNS), qui rassemble les principaux courants de l'opposition, a expliqué avoir mis en place avec l'Armée syrienne libre (ASL), constituée de déserteurs, "un bureau de liaison et un téléphone rouge afin de suivre les développements sur le plan politique et sur le terrain". Après une première rencontre jeudi, les dirigeants du CNS et de l'ASL se sont à nouveau réunis dans la nuit de samedi à dimanche, selon un communiqué du CNS. D'autres réunions sont prévues avec des experts militaires pour "renforcer les capacités de l'ASL face aux forces du régime et pour protéger les régions que le régime veut prendre d'assaut ou pilonner", a ajouté le texte. La rencontre entre le CNS et l'ASL a également porté sur "la restructuration des unités de l'ASL et l'édification d'une structure moderne et souple (...) qui permettra de déployer rapidement des unités militaires et d'accueillir le nombre croissant d'officiers et soldats qui viennent quotidiennement se joindre à l'ASL", selon le communiqué. Face à cette répression, de nombreux soldats ont déserté et ont rejoint l'ASL, qui revendique 40 000 combattants. Ses opérations à travers contre l'armée régulière et les forces de sécurité ont déjà fait des dizaines de morts. La semaine dernière, un conseiller d'un général de l'armée syrienne déserteur et réfugié récemment en Turquie, a annoncé la création prochaine d'un "Conseil supérieur militaire" pour planifier les opérations contre le régime et organiser les défections. Ce conseil sera présidé par le général Moustapha al-Cheikh, en coopération avec l'ASL, a affirmé son conseiller en communication Fahad Almasri. Au niveau international, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a enjoint dimanche le président syrien d'"arrêter de tuer" son propre peuple. "M. Assad, mettez fin à la violence, arrêtez de tuer vos concitoyens, la répression mène à l'impasse", a lancé le chef de l'ONU lors d'une conférence à Beyrouth sur la transition démocratique dans le monde arabe. Dans le même temps, le régime a annoncé une amnistie générale pour les personnes impliquées dans "les événements". Cette amnistie, la troisième du genre depuis le début de la contestation, concerne essentiellement des infractions à des lois sur les manifestations pacifiques, le port d'armes ou la désertion de l'armée, selon l'agence officielle Sana. Mais les Frères musulmans syriens ont jugé que cette nouvelle annonce n'était "ni crédible ni sérieuse" de la part du régime qui "tente de rendre crédible son projet illusoire de réconciliation et de dialogue national", en affirmant qu'un total de 60 000 personnes avaient été arrêtées depuis mars. La libération des prisonniers figure parmi les principaux points du plan sortie de crise défendu par la Ligue arabe et officiellement accepté par Damas en novembre. Dans ce contexte, l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, s'est dit samedi favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie afin de "mettre fin à la tuerie", la première prise de position en ce sens d'un dirigeant arabe. Sur le terrain, cinq personnes, dont une femme, ont été tuées et 9 autres blessées, hier, lors de l'attaque d'une boulangerie par des milices pro-régime à Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) en citant des habitants. A Ariha (nord-ouest), cinq civils ont été blessés par les tirs des forces de sécurité, qui ont en outre "pilonné au mortier" un village de cette région où s'étaient rassemblés des centaines de déserteurs", a ajouté cette organisation basée au Royaume-Uni. Dans l'Université d'Alep (nord), deuxième ville de Syrie, les forces de sécurité ont arrêté neuf étudiants qui avaient crié dans la nuit des slogans "Allah Akbar" à l'intérieur de la Cité universitaire, selon l'OSDH.