La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'entretenait, hier matin, à Abidjan avec le président ivoirien Alassane Ouattara, pour sa première visite depuis la fin de la crise politique meurtrière dans le pays. Mme Clinton a été accueillie au palais présidentiel. Auparavant, elle a eu une rencontre avec les ministres ivoiriens Daniel Kablan Duncan (Affaires étrangères), Kandia Kamara (Education) et Thérèse N'Dri Yoman (Santé) à son hôtel. Venue la veille après-midi du Liberia où elle a assisté à l'investiture de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, Mme Clinton devait quitter la Côte d'Ivoire à la mi-journée, pour conclure dans l'après-midi sa mini-tournée au Togo et au Cap-Vert. Cette "première visite d'un secrétaire d'Etat en Côte d'Ivoire depuis 1986" souligne l'engagement des Etats-Unis "pour le renforcement des institutions démocratiques", selon un haut responsable américain. Cette ex-colonie française a été déchirée par une crise postélectorale de décembre 2010 à avril 2011, qui s'est conclue par deux semaines de guerre et a fait quelque 3 000 morts. Les Etats-Unis ont été, avec la France et l'ONU, les principaux alliés d'Alassane Ouattara durant son bras-de-fer avec l'ex-président Laurent Gbagbo, qui refusait de se retirer après sa défaite à la présidentielle de novembre 2010. Abidjan et Washington sont intéressés par un renforcement de leur coopération en matière de sécurité (face aux groupes jihadistes dans le Sahel, à la piraterie maritime et au trafic de drogue, notamment) et dans le domaine économique. Très engagées dans une coopération tous azimuts avec la France, les nouvelles autorités ivoiriennes n'entendent pas pour autant négliger les autres partenaires, comme la Chine et les Etats-Unis. Washington fournit déjà une expertise à la Côte d'Ivoire dans le domaine de la sécurité. Le rétablissement de l'ordre et la réforme de l'armée sont en effet les défis les plus urgents pour le nouveau chef de l'Etat, alors que des exactions sont régulièrement commises par des ex-rebelles pro-Ouattara intégrés dans les forces de défense. Les Etats-Unis ont aussi d'importants intérêts dans le cacao, dont la Côte d'Ivoire, toujours première puissance économique d'Afrique de l'Ouest francophone, est premier producteur mondial. Pour le nouveau pouvoir, cette visite consacre le retour du pays sur la scène internationale. "Côte d'Ivoire is back" (la Côte d'Ivoire est de retour), aiment à dire conseillers et partisans de M. Ouattara. La venue de Mme Clinton illustre "l'efficacité de la nouvelle diplomatie du pays", a estimé le porte-parole du gouvernement ivoirien, Bruno Koné. Alassane Ouattara avait été reçu en juillet 2011 par le président Barack Obama à la Maison Blanche en compagnie des présidents du Niger, de Guinée et du Bénin, en soutien aux processus démocratiques dans ces pays. Mme Clinton a effectué, hier après-midi, au Togo la première visite d'un secrétaire d'Etat américain dans l'histoire du pays. Elle y rencontrera le président Faure Gnassingbé. Le Togo a été élu l'an passé membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et la secrétaire d'Etat pourrait chercher à obtenir son appui sur les dossiers iranien et syrien. Elle terminera la journée avec une visite au Cap-Vert, où elle s'entretiendra avec le Premier ministre, Jose Maria Neves, sur des questions de coopération régionale, concernant notamment la lutte contre le trafic de drogue.