La Syrie a rejeté, hier, tout déploiement de soldats arabes sur son territoire, comme l'a proposé le Qatar pour faire cesser les violences. Cette prise de position syrienne intervient avant une réunion ce week-end de la Ligue arabe au Caire pour réévaluer la mission des observateurs arabes en Syrie, critiquée pour son incapacité à faire cesser l'effusion de sang. "La Syrie rejette les déclarations de responsables du Qatar sur l'envoi de troupes arabes qui amplifient la crise, font avorter l'action arabe et ouvrent la voie à une intervention étrangère", a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. "Le peuple syrien refuse toute intervention étrangère sous n'importe quelle appellation. Il fera face à toute tentative qui porte atteinte à la souveraineté de la Syrie et à l'intégrité de son territoire", selon le communiqué. "Il serait regrettable que du sang arabe coule sur le territoire syrien pour servir des (intérêts) connus", ajoute le ministère sans autre précision. L'émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, s'est dit, samedi dernier, favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie afin de "mettre fin à la tuerie" dans le pays. Le chef de l'organisation panarabe, Nabil al-Arabi, a indiqué que cette idée pourrait être examinée lors du comité ministériel de la Ligue arabe, dimanche prochain. Les exactions se poursuivent en Syrie malgré la présence depuis le 26 décembre de dizaines d'observateurs arabes chargés de surveiller l'application d'un plan de sortie de crise prévoyant en premier lieu l'arrêt des violences. L'ONU a annoncé qu'elle commencera à former dans les prochains jours des observateurs de la Ligue afin de les aider à évaluer la répression sanglante en Syrie, selon une porte-parole. Mais les soldats dissidents réclament une action plus musclée, demandant un "recours au chapitre 7 de la charte de l'ONU, afin de préserver la paix". Ce chapitre donne au Conseil de sécurité la possibilité d'entreprendre "toute action qu'il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix". "La situation a atteint un point inacceptable. J'espère sincèrement que le Conseil de sécurité va traiter cette crise d'une manière sérieuse et cohérente", a dit, avant-hier, le chef de l'ONU Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse à Abou Dhabi, en marge d'un sommet sur l'énergie. La veille, le Conseil national syrien (CNS), une coalition des plus importants partis de l'opposition, et l'ASL avaient décidé de "la mise en place d'un bureau de liaison et d'un téléphone rouge afin de suivre les développements sur le plan politique et sur le terrain". L'Iran, grand allié de la Syrie dans la région, a démenti, hier, des accusations de la France sur l'envoi d'armes en Syrie.