ALGER - La Syrie a rejeté mardi avec force la suggestion du Qatar d'envoyer des troupes arabes sur son territoire, affirmant que cette proposition ne fera qu'"amplifier" la crise qui la secoue depuis mars 2011. "La Syrie rejette les déclarations des responsables du Qatar sur l'envoi de troupes arabes qui amplifient la crise, font avorter l'action arabe et ouvrent la voie à une intervention étrangère", a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle (Sana). Selon le communiqué, "le peuple syrien refuse toute intervention étrangère sous n'importe quelle appellation. Il fera face à toute tentative qui porte atteinte à la souveraineté de la Syrie et à l'intégrité de son territoire". "Il serait regrettable que du sang arabe coule sur le territoire syrien pour servir des (intérêts) connus", a ajouté le ministère sans autre précision. L'Emir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa al Thani, s'était déclaré samedi favorable à l'envoi de troupes arabes en Syrie afin de mettre fin à la violence qui sévit dans ce pays depuis dix mois. L'Emir du Qatar est le premier dirigeant arabe à suggérer publiquement l'intervention militaire en Syrie. Le ministère syrien des Affaires étrangères a en outre fait remarquer que la Syrie, tout en réaffirmant son engagement à ce qui a été convenu en conformité avec l'initiative arabe de sortie de crise, renouvelle son appel aux pays arabes et à la Ligue arabe à déployer des efforts tangibles pour arrêter toutes les campagnes d'incitation et de mobilisation des médias qui visent à amplifier la situation en Syrie. "La Syrie appelle une nouvelle fois la Ligue arabe à arrêter les campagnes d'incitation de la presse, et à aider à empêcher l'infiltration de terroristes et l'entrée d'armes sur son territoire en vue de réaliser la sécurité et la stabilité, qui préludent au dialogue national et un règlement politique de la crise", indique le communiqué du ministère. Pour sa part, le Secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ben Helli a indiqué que l'idée de l'envoi de soldats arabes en Syrie pourrait être examinée par la réunion du comité ministériel de la Ligue arabe le 21 janvier au Caire, ajoutant que l'Organisation panarabe n'avait reçu aucune demande officielle pour le déploiement des troupes arabes sur le territoire syrien. "La Ligue arabe n'a reçu, pour l'instant, aucune demande officielle pour l'envoi de troupes arabes en Syrie, mais elle est prête à étudier toute proposition dans ce sens", a indiqué Ben Helli dans des déclarations à des médias, publiées mardi au Caire. Evoquant la situation de violence en Syrie, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a déclaré lors d'une conférence de presse lundi soir à Abou Dhabi que "la situation a atteint "un point inacceptable". Il a exprimé l'espoir de voir le Conseil de sécurité agir de manière "cohérente et sérieuse" pour arrêter les violences dans le pays, malgré "quelques divergences d'opinion entre les pays membres du Conseil de sécurité", a-t-il précisé. Selon l'ONU, quelque 5400 personnes ont été tuées en Syrie depuis mars 2011.Le gouvernement syrien affirme que les troubles en Syrie sont l'œuvre de terroristes et de groupes armés soutenus par des forces étrangères, et a déclaré que plus de 2 000 membres de l'armée et des forces de sécurité avaient été tués au cours des émeutes qui sévissent dans le pays depuis déjà plusieurs mois. Par ailleurs, la Russie a distribué lundi à ses partenaires du Conseil de sécurité des Nations unies une nouvelle version de son projet de résolution sur la Syrie, ont indiqués des diplomates sans préciser son contenu. Après que la Russie et la Chine eurent opposé leur veto à un projet de résolution de l'ONU sur la Syrie en octobre, Moscou avait présenté à la mi-décembre un projet de résolution qui condamnait à la fois la violence du gouvernement et celle de l'opposition. Mais les puissances occidentales avaient jugé ce texte trop timoré. D'autre part, plusieurs personnalités de l'opposition syrienne ont appelé à l'application de l'amnistie promise par le président Bachar el Assad pour la libération de tous les détenus. "Nous considérons que cette amnistie comme un pas positif mais nous allons l'évaluer après son application sur le terrain", a insisté lundi Abdel Aziz Al-Kheir, responsable des relations extérieures au sein de l'institution de coordination pour les forces du Changement National Démocratique. A ce propos, l'activiste syrienne Miss Kridi, membre de la l'institution de coordination, a tenu à souligner que "l'amnistie doit concerner tous les détenus". "On attend l'application de cette loi sur le terrain pour qu'on puisse en faire un jugement", a-t-elle dit. Dimanche dernier, les autorités syriennes ont libéré 190 détenus en vertu d'une grâce présidentielle. Sur le terrain, les violences se poursuivent en Syrie, un officier et cinq soldats ayant été tués à Damas, dans une attaque à la grenade lancée contre leur poste de contrôle par un groupe armé, a rapporté mardi l'agence SANA. Onze civils ont été également tués, dont huit dans l'explosion d'une charge lors du passage de leur minibus, dans la province d'Idleb (nord-ouest) a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) dans un communiqué.