Le président Nicolas Sarkozy a annoncé, hier, la suspension des opérations de formation et d'aide au combat de l'armée française en Afghanistan, posant la question d'un retour anticipé des troupes, après qu'un soldat afghan a tué quatre militaires français. Nous sommes des amis du peuple afghan, des alliés du peuple afghan, mais je ne peux pas accepter que des soldats afghans tirent sur des soldats français, a souligné Nicolas Sarkozy, qui a précisé que le ministre de la Défense, Gérard Longuet, et le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, se rendaient immédiatement en Afghanistan. Toutes les opérations de formation, d'aide au combat de l'armée françaises, sont suspendues, a ajouté le président Sarkozy, qui s'exprimait devant les diplomates à l'occasion de la cérémonie des vœux. M. Longuet fera à son retour un rapport, avec le Premier ministre François Fillon et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, sur ce qu'il aura vu en Afghanistan, a indiqué le chef d'Etat. Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française, a ajouté Nicolas Sarkozy. Le retour des forces françaises était envisagé au plus tard en 2014, a-t-il rappelé, en indiquant qu'il évoquera cette question avec le président afghan Hamid Karzaï, lors d'une visite que ce dernier doit effectuer le 27 janvier à Paris. La force internationale de l'Otan (Isaf) avait auparavant annoncé la mort de quatre soldats, tués par un militaire afghan, sans préciser leur nationalité. Le tireur présumé a été appréhendé, a ajouté l'Isaf dans un communiqué. L'attaque s'est produite dans la zone de Tagab, dans l'est de l'Afghanistan, selon une source afghane. Le périmètre de la base française de Tagab a depuis lors été circonscrit par l'armée française, et interdite d'accès aux forces de l'ordre afghanes, a indiqué une autre source de sécurité. Le 29 décembre, deux légionnaires français avaient été abattus par un soldat de l'Armée nationale afghane (ANA) dont ils assuraient la formation dans la province de Kapisa, au nord-est de Kaboul, région très infiltrée par la rébellion des talibans où se trouve la vallée de Tagab. Les quatre soldats décédés vendredi portent à 82 le nombre de militaires français tombés en Afghanistan depuis le début du déploiement de la force internationale fin 2001. La France compte actuellement 3 600 soldats dans le pays, après le retrait de 400 de ses militaires depuis le mois d'octobre. Près de 130 000 soldats étrangers, aux deux tiers américains, sont déployés en Afghanistan. Les forces françaises ont enregistré en 2011 leurs plus lourdes pertes depuis le début du conflit, avec 26 soldats tués en opérations, dont cinq dans un attentat suicide le 13 juillet. Ils sont fortement impliqués dans la formation de l'armée afghane, qui doit prendre le relais de l'Otan après le départ de la force internationale, programmée pour 2014.