La Grèce s'approchait, avant-hier, d'un accord de principe avec ses créanciers obligataires privés qui lui permettrait d'éviter la banqueroute en poussant les investisseurs à renoncer aux deux tiers environ des sommes qu'ils lui ont prêtées. Cet accord initial, dont les modalités détaillées devraient faire l'objet de nouvelles discussions au cours du week-end, pourrait être annoncé en fin de journée, ont déclaré plusieurs sources proches des négociations. Il devrait se solder, pour les porteurs d'obligations privés, par une perte de 65% à 70% du montant de leurs créances, via un échange de leurs titres actuels contre de nouvelles obligations à 30 ans assorties d'un coupon, ou taux d'intérêt, progressif dont la moyenne avoisinerait 4%, a précisé une source bancaire proche des pourparlers. La Grèce doit aboutir au plus tard lundi si elle veut assurer le versement à temps d'une nouvelle aide internationale lui permettant d'honorer en mars 14,5 milliards d'euros de remboursements d'emprunts. Cette aide proviendrait d'un plan de renflouement de 130 milliards d'euros concocté en octobre par l'Union européenne et le Fonds monétaire international. "Il pourrait y avoir un pré-accord ce soir mais les discussions techniques avec les avocats vont probablement se prolonger ce week-end et la semaine prochaine", a dit une autre source proche des discussions, ajoutant qu'une éventuelle participation de la Banque centrale européenne (BCE) était envisagée. "Nous nous attendons à ce qu'elle fasse elle aussi un effort. Cela pourrait passer par un accord spécifique, comme on peut s'y attendre de la part d'une institution comme la BCE", a dit la source. Les discussions avaient achoppé la semaine dernière sur le coupon des nouvelles obligations et leur interruption avaient relancé pendant quelques jours les spéculations sur un défaut non maîtrisé de la Grèce, avant que les deux parties se retrouvent autour de la table la veille. Sous la pression de la troïka Charles Dallara, qui négocie au nom des créanciers privés en tant que directeur général de l'Institut de la finance international (Ifi) devait rencontrer en fin de journée de hauts responsables grecs, a dit le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, après une première session de négociation dans la matinée. Les pourparlers sont suivis de très près par les ministres des Finances de la zone euro, la Commission européenne et le Fonds monétaire international. L'optimisme des investisseurs sur le dossier grec a contribué à la hausse des marchés boursiers et de l'euro ces derniers jours. Tombée en fin de semaine dernière sous le seuil de 1,27 dollar, la monnaie unique se traitait, avant-hier, au-dessus de 1,29 dollar. De l'issue des pourparlers d'Athènes dépend la mise en oeuvre du plan d'aide de 130 milliards d'euros élaboré en octobre par l'Union européenne, la BCE et la FMI. Les formalités nécessaires à son application prenant plusieurs semaines, un échec des négociations pourrait empêcher la république hellénique de faire face à ses lourdes échéances de mars, au risque de saper la confiance dans l'euro et d'ébranler la croissance mondiale. Pour ajouter à la pression, les représentants de "troïka" (FMI, UE et BCE) ont entamé, avant-hier, une série de rencontres avec le gouvernement grec pour discuter des réformes et du plan de soutien. "L'accord doit être conclu. Il n'y a plus de temps à perdre", a souligné un responsable gouvernemental grec qui a requis l'anonymat. L'échange d'obligations vise à réduire de 100 milliards le montant de la dette publique grecque, qui dépasse pour l'instant 350 milliards, soit environ 160% du produit intérieur brut. Au total, le second plan d'aide doit permettre à Athènes de ramener son ratio d'endettement à 120% du PIB en 2020. Mais il implique aussi des mesures d'austérité supplémentaires dans un pays frappé par sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale et qui devrait connaître en 2012 sa cinquième année consécutive de récession. Le taux de chômage dans le pays dépasse 18%, un niveau sans précédent, et il approche 50% chez les jeunes, ce qui entretient les tensions sociales. Manifestations et grèves ont lieu presque quotidiennement contre la hausse des impôts et des taxes et le gel des salaires.