Les créanciers privés de la Grèce et le gouvernement grec se sont dits, avant-hier, proches de la finalisation d'un accord volontaire d'échange de dettes, dont ils attendent la conclusion la semaine prochaine après des progrès importants. Parallèlement, le bras de fer s'est durci entre le gouvernement grec et ses créanciers publics UE-FMI sur les nouvelles mesures de rigueur et de déréglementation réclamées au pays pour lancer le plan de renflouement de 130 milliards d'euros prévu par la zone euro. En matière de restructuration de la dette, des progrès importants ont été réalisés, avant-hier, a déclaré le ministre des Finances Evangélos Vénizélos rendant compte d'une nouvelle séance de négociation avec les créanciers privés représentés par l'Institut de la Finance Internationale (IIF). En principe, nous conclurons la semaine prochaine, a ajouté le ministre, peu après qu'un communiqué de l'IIF a fait mention lui aussi de nouveaux progrès dans le processus de restructuration de la dette du pays qui prévoit l'effacement de 100 milliards de créances. Nous sommes proches de la finalisation d'un plan d'échange volontaire de dettes du secteur privé, dans le cadre exprimé publiquement par le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Nous espérons la conclusion la semaine prochaine tandis que les discussions sur d'autres sujets se poursuivront, avait souligné l'IIF dans son communiqué. Athènes espère pouvoir présenter les modalités de cette entente en marge du sommet européen de lundi pour obtenir l'aval de la zone euro et du FMI, qui insistent pour que l'opération aboutisse au final à un abaissement de la dette souveraine grecque aux alentours de 120% du PIB en 2020 contre 160% actuellement. La capacité de la Grèce à éviter un défaut de paiement à l'expiration, le 20 mars, de 14,5 milliards de créances, dépend de l'issue de ces négociations et des tractations interdépendantes qu'Athènes mène par ailleurs avec ses créanciers institutionnels pour obtenir le déblocage du deuxième plan de soutien de la zone euro. M. Vénizélos a confirmé la rudesse de ces discussions après avoir rencontré la troïka, avant-hier, dans la foulée de ses entretiens sur la dette. Nous devons faire face à de difficiles dilemmes (...) les jours prochains seront déterminants, a-t-il affirmé, lançant un appel national aux partis soutenant le gouvernement à aider à la négociation. En vue des arbitrages qu'Athènes devra faire, le Premier ministre Lucas Papademos devait ensuite recevoir dans la soirée la troïka, avant de réunir dimanche les chefs des partis socialiste, conservateur et d'extrême droite de la coalition le soutenant pour tenter d'obtenir leur soutien aux mesures et leur engagement à les mettre en oeuvre, comme le réclame la zone euro. Nous avons fait le bilan de toutes les questions en suspens, a affirmé M. Vénizélos, énumérant les mesures budgétaires, (...) les questions liées aux relations de travail et au système de retraite et d'assurances sociales, et celles liées au système bancaire et à sa recapitalisation. Le gouvernement respectera les principes inviolables de défense de l'intérêt public face aux intérêts privés, a-t-il ajouté. Mais cela doit être fait de manière organisée, sans rien qui n'aggrave la récession, a insisté le ministre, la troïka réclamant notamment des mesures en vue d'abaisser les salaires dans le privé. La Grèce exclut de céder sa souveraineté à l'UE sur la politique budgétaire La Grèce exclut de céder sa souveraineté à l'UE en matière de politique budgétaire, a annoncé, avant-hier, le gouvernement grec, qui a mis en valeur les progrès accomplis en vue d'un assainissement économique, rejetant une proposition notamment allemande de tutelle européenne présentée à la zone euro. Il y a effectivement une note informelle qui a été présentée à l'Eurogroupe pour une mise sous contrôle européen permanent du budget de la Grèce, mais la Grèce ne discute pas d'une telle éventualité, il est exclu que nous l'acceptions, ces compétences relèvent de la souveraineté nationale, a indiqué une source gouvernementale grecque. Une source européenne à Francfort venait de confirmer l'existence d'une proposition de ce genre émanant de certains pays de la zone euro, dont l'Allemagne. Selon des sources gouvernementales grecques, une proposition analogue avait été faite l'année dernière par un dirigeant néerlandais dans un entretien avec le quotidien économique Financial Times, mais elle n'avait débouché sur rien. Une telle prise de contrôle de la gestion grecque requerrait une modification des traités européens, a ajouté l'une d'elles. Dans la soirée, le gouvernement grec a confirmé sa position dans un communiqué officiel, soulignant que la mise en œuvre du budget grec est exclusivement de la responsabilité du gouvernement grec. Les résultats des grands efforts déjà accomplis sont reflétés dans les éléments du déficit primaire du pays (excluant le paiement des intérêts de la dette, ndlr), qui est passé de 24 milliards d'euros (10,3% du PIB) en 2009 à quelque 5,2 milliards (2,4% du PIB) en 2011, ajoute le communiqué. Il y a des discussions et des propositions au sein de la zone euro, dont une de l'Allemagne pour renforcer le contrôle des programmes et des mesures sur place, avait déclaré dans la journée une source européenne à Francfort. Une expertise externe sur place pourrait être pilotée par les institutions européennes et devrait aussi avoir certains pouvoirs de décision, avait ajouté cette source. Il faut donner une claire priorité à la réduction du déficit budgétaire (...). En Grèce, se pose notamment le problème d'une politique budgétaire très décentralisée. Un cadre légal contraignant pourrait apporter une plus grande cohérence, faciliter et accélérer les décisions, a-t-elle encore déclaré. Le projet, évoqué par le Financial Times, avant-hier, de désignation d'un commissaire affecté au budget grec est le produit d'une imagination malade, s'est pour sa part emportée la ministre grecque de l'Education, Anna Diamantopoulou, un ténor du parti socialiste et ancienne commissaire européenne, dans un entretien avec la télévision grecque Méga. Placée de toute façon sous étroite surveillance depuis mai 2010 par la zone euro et le Fonds monétaire international en échange de son maintien sous perfusion financière pour lui éviter la faillite, la Grèce surendettée négocie actuellement d'arrache-pied et tous azimuts. Barroso appelle à éviter coûte que coûte un défaut de paiement grec Le Président de la Commission européenne José Manuel Barroso, a appelé à tout faire pour éviter un défaut de paiement de la Grèce, dans un appel implicite à accroître l'aide au pays si nécessaire. Nous pensons que si nos amis grecs font leur part du travail, nous devons les soutenir parce que ce serait très difficile non seulement pour la Grèce mais pour la zone euro s'il y avait un problème majeur, un problème de défaut en Grèce, a-t-il dit, interrogé par la presse sur la nécessité d'une aide accrue des autres pays européens en faveur d'Athènes. La Commission va tenir cette ligne sans ambiguïté, a-t-il martelé à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre belge Elio Di Rupo. Tous ceux qui parlent de défaut de paiement de la Grèce ne savent pas de quoi ils parlent, parce que ce serait très difficile en premier lieu pour le pays mais aussi pour la zone euro dans son ensemble, a ajouté M. Barroso. Donc nous allons faire de notre mieux pour garantir des conditions - pourvu que les Grecs bien sûr collaborent - de soutenabilité pour la Grèce dans la zone euro, a ajouté le président de l'exécutif européen. Un débat est engagé en Europe sur la nécessité pour les pays de la zone euro d'augmenter leur aide en faveur de la Grèce afin de lui éviter la banqueroute car les négociations menées par Athènes avec ses banques, en vue d'obtenir une réduction de sa dette, ne devraient pas suffire à atteindre l'objectif assigné au départ. Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a parlé jeudi au forum de Davos d'un ajustement limité à la hausse nécessaire des prêts en faveur de la Grèce. Il est soutenu dans son analyse par le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. Mais la France et l'Allemagne sont beaucoup plus réservées. Elles n'entendent pas dans l'immédiat parler d'une telle hausse de l'aide prévue de 130 milliards d'euros de prêts pour Athènes.