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Crise de la dette : La balle dans le camp de l'Eurogroupe sur l'aide à la Grèce
Publié dans Le Maghreb le 24 - 01 - 2012

Les ministres des Finances de la zone euro devaient décider, hier, quels termes ils sont prêts à accepter pour la restructuration de la dette grecque dans le cadre d'un deuxième plan d'aide à Athènes, alors que les créanciers privés de la République hellénique ont dit, avant-hier, avoir mis sur la table le maximum de ce qui leur était possible d'offrir. La Grèce négocie depuis des mois avec ses créanciers privés les modalités d'un échange de dette, condition indispensable à la mise en place d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros, sans lequel le pays risque de faire défaut dès la fin du mois de mars. L'échange d'obligations vise à réduire de 100 milliards d'euros le montant de la dette publique grecque, qui dépasse pour l'instant 350 milliards, soit environ 160% du produit intérieur brut. Au total, le second plan d'aide doit en principe permettre à Athènes de ramener son ratio d'endettement à 120% du PIB en 2020. Mais il implique aussi des mesures d'austérité supplémentaires dans un pays frappé par sa pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale et qui devrait connaître en 2012 sa cinquième année consécutive de récession. Le taux de chômage dans le pays dépasse 18%, un niveau sans précédent, et il approche 50% chez les jeunes, ce qui entretient les tensions sociales. Manifestations et grèves ont lieu presque quotidiennement contre la hausse des impôts et des taxes et le gel des salaires. Des sources proches des pourparlers ont rapporté ce week-end qu'Athènes et ses créanciers obligataires se rapprochaient d'un accord mais que de nombreux détails devaient encore être réglés. Selon elles, les discussions s'orientent vers une perte de 65 à 70% pour les investisseurs privés.
Les banques ont fait leur "offre maximale", selon Dallara
Les créanciers privés de la Grèce ont fait leur "offre maximale" et ont atteint la limite des pertes qu'ils peuvent supporter, a indiqué le négociateur Charles Dallara sur la télévision grecque, renvoyant le règlement du plan d'échange de dette aux créanciers institutionnels UE et FMI. "Notre proposition (...) est la proposition maximale qui peut se faire dans le cadre d'un plan d'échange de dette dit ''volontaire''" a déclaré, avant-hier soir, le représentant des banques et créanciers privés de la Grèce, sur la chaîne Antenna et son site internet. "Tout repose maintenant largement dans les mains du secteur officiel (Banque centrale européenne, Union européenne, et Fonds monétaire international, ndlr) pour choisir la direction, soit un plan d'échange de dette volontaire, soit un défaut" a ajouté M. Dallara, semblant ainsi siffler la fin des négociations tendues qu'il mène pour restructurer la dette grecque face au gouvernement grec, sous la haute surveillance des créanciers officiels du pays, zone euro et FMI. "Nous sommes à la croisée des chemins et je reste plutôt optimiste" a ajouté M. Dallara. Il dirige l'Institut de la Finance Internationale représentant quelque 450 banques et institutions privées détentrices d'obligations souveraines grecques qui ont accepté fin décembre le principe d'effacer 50% de leur créance pour éviter un défaut de paiement brutal et désorganisé du pays. Cet effacement de dette, qui porte sur 100 milliards d'euros, doit permettre à la Grèce de faire baisser son taux d'endettement à 120% du PIB en 2020 au lieu de 160% actuellement, selon un accord intervenu à Bruxelles fin octobre. Il est la condition essentielle à la mise en place d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros de prêt, par la zone euro, et le FMI. Mais pour compenser les effets de la détérioration macrœconomique, les négociateurs grecs, soutenus par le FMI et initialement l'Allemagne, ont insisté pour que les pertes volontaires des banques soient plus importantes, afin de tenir l'objectif et de rendre la dette de la Grèce soutenable.
La restructuration va renforcer l'euro
L'accord sur l'effacement d'une partie de la dette de la Grèce "va anéantir le danger systémique" qui menace la zone euro, a estimé Francesco Garzarelli, cadre de la banque d'affaires Goldman Sachs, dans un entretien paru, avant-hier, dans un journal grec. "La conclusion du PSI (Private sector involvement, l'effacement d'une partie de la dette privée) et la deuxième aide européenne à la Grèce vont anéantir l'importance d'un danger systémique dans la zone euro, qui provient du maillon faible, c'est-à-dire de la Grèce", a indiqué M. Garzarelli à To Vima. Cet expert, chef des recherches macroéconomiques de la banque américaine, explique que "d'ici 2014, une partie importante de la dette grecque sera passée du secteur financier privé aux institutions de la zone euro tandis que parallèlement +un accord (européen) sur les finances publiques+ sera appliqué à tous les pays membres, pour imposer des règles communes sur la dette". "Cet accord sur les finances publiques va contribuer à la transformation de vieux titres des Etats --grecs, italiens ou espagnols-- en une dette de l'ensemble de la zone euro. Ainsi le pouvoir de l'ensemble (de la zone euro) ne sera pas menacé par le maillon faible (...), la zone euro sera stabilisée", a souligné M. Garzarelli.
Les tractations continuent
Les tractations sur l'effacement d'une partie de la dette grecque se sont poursuivies ces derniers jours à Athènes entre le gouvernement grec d'un côté, et le chef du lobby bancaire mondial, l'IIF, Charles Dallara et le Français Jean Lemierre, détaché de BNP Paribas de l'autre. Les deux hommes ont quitté samedi Athènes pour se rendre à Paris et les négociations se poursuivaient à Athènes avec une équipe d'experts de l'IIF. Malgré l'optimisme affiché par les deux parties sur l'avancée des négociations, des divergences persistent surtout sur le taux d'intérêt de nouvelles obligations qui seront émises après l'accord des banques sur l'effacement de 100 milliards d'euros de dette, soit 50% de la valeur des obligations qu'elles détiennent. "La finalisation d'un accord "est proche" mais "les moments sont cruciaux", soulignait, avant-hier, le journal grec Kathimérini.
Le taux fait débat
"Le FMI insiste sur un coupon aux alentours de 3%, ce que Berlin veut également" mais "l'IIF insiste sur un taux moyen de 4,35%", relève ce quotidien. Ce sujet épineux devrait être discuté lors de la réunion prévue à Berlin, avant-hier soir, entre la chancelière allemande Angela Merkel et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christiane Lagarde, selon les médias grecs. Athènes souhaite la conclusion de l'accord au plus tard "d'ici le sommet européen", fin janvier, a indiqué, avant-hier, une source du ministère des Finances. Des éléments de l'accord devaient être discutés lors de la réunion, d'hier, des ministres des Finances des pays de la zone euro à Bruxelles, selon cette source. Le ministre adjoint grec des Finances Philippos Sahinides a souligné au journal Real News paru, avant-hier, que "le but du gouvernement était de trouver le moyen pour combiner la viabilité de la dette et le caractère volontaire de l'accord" sur l'effacement de la dette. La semaine dernière, le Premier ministre grec Lucas Papademos avait laissé entendre qu'en cas de participation insuffisante des créanciers privés dans le PSI, Athènes pourrait recourir au mécanisme de clause d'action collective (CAC) imposant à la minorité de créanciers rétifs de suivre le mouvement.


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