La production industrielle au Japon a baissé de 3,5% en 2011 à cause des conséquences du séisme du 11 mars dans le nord-est, d'une mauvaise conjoncture mondiale et de la cherté du yen, mais a rebondi en décembre, a annoncé le ministère de l'Economie, hier. La production industrielle de la troisième puissance économique mondiale avait subi en mars un plongeon inédit de 15,5% d'un mois sur l'autre à cause du séisme et du tsunami dans la région du Tohoku (nord-est), qui ont endommagé des usines et désorganisé les circuits logistiques. Les entreprises se sont réorganisées depuis et la production s'est peu à peu relevée au printemps et à l'été, avant d'évoluer de façon erratique à partir de septembre. Elles doivent en effet composer avec une croissance mondiale hésitante, rendue incertaine par la crise d'endettement en Europe, ainsi qu'avec la montée du yen qui pénalise leurs activités à l'exportation. Angoissée par les conséquences de la catastrophe naturelle du 11 mars dans l'archipel, doublée d'un accident nucléaire à Fukushima, la population japonaise a en outre tendance à surveiller de près ses dépenses, limitant les débouchés pour les produits sortis d'usine. En décembre toutefois, la production globale des industries nippones a augmenté de 4,0% par rapport à novembre grâce à une fabrication plus intensive de voitures de tourisme, de téléphones mobiles et de semi-conducteurs, a précisé le ministère de l'Economie, du commerce et de l'industrie (Meti) dans un communiqué. Les professionnels s'attendent à la poursuite de ce rebond, de façon toutefois plus atténuée, envisageant une progression de 2,5% en janvier et de 1,2% février. Le FMI conseille au Japon de tripler sa taxe sur la consommation Le Fonds monétaire international a conseillé, avant-hier, au Japon de viser un triplement du taux de sa taxe sur la consommation, et non un doublement comme l'envisage le gouvernement. "Nous saluons certainement le projet du gouvernement d'augmenter la taxe sur la consommation", a affirmé lors d'une conférence de presse à Washington le directeur Asie du Fonds, Anoop Singh. Le premier ministre japonais Yoshihiko Noda a annoncé le 24 janvier qu'il présenterait en février ou mars un projet d'augmentation de la taxe sur la consommation au Parlement, à 8% en avril 2014 puis 10% en octobre 2015, contre 5% aujourd'hui. Le sujet est très sensible dans un pays où la consommation a progressé à un rythme anémique ces vingt dernières années, mais où la dette publique a explosé dans le même temps pour dépasser 220% du produit intérieur brut. M. Singh a estimé qu'il fallait aller plus loin que ces 10% pour résoudre le problème de la dette. "Cela a été notre sentiment, à mesure que nous en avons discuté, que le fait d'augmenter la taxe sur la consommation progressivement, pas immédiatement, au-delà de 2015 à disons 15% serait plus conforme au taux de cette taxe dans les autres pays", a-t-il dit, sachant que le taux de 5% "est parmi les plus bas du monde". D'après le dirigeant du FMI, cette taxe est la meilleure source de recettes pour Tokyo. "C'est plus favorable à la croissance et moins source de distorsions que d'autres possibilités", a-t-il estimé. M. Singh a ajouté que si la croissance japonaise était victime de la crise en Europe, la réponse pour la relancer devrait venir de la Banque du Japon plutôt que du budget de l'Etat. "L'assouplissement monétaire reste le levier essentiel pour doper les perspectives de croissance, et notre sentiment est que les achats d'actifs dans le cadre des programmes existants pourraient être accrus", a-t-il dit. Le FMI prévoit cette année 1,7% de croissance pour la troisième économie mondiale. Le taux de chômage s'élève à 4,6% en décembre Le taux de chômage au Japon est monté à 4,6% en décembre contre 4,5% en novembre, a annoncé, hier, le ministère des Affaires intérieures. En décembre, on recensait 2,75 millions de chômeurs au Japon, soit 8,0% de moins qu'un an plus tôt, pour une population au travail en légère diminution de 0,2% à 62,22 millions d'individus. Le marché du travail s'est quelque peu détendu: on comptait en décembre 71 offres d'emplois pour 100 demandes dans l'archipel, contre 69 en novembre, a indiqué de son côté le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales. Le taux de chômage continue d'évoluer à son plus bas niveau depuis trois ans, malgré la catastrophe naturelle du 11 mars qui a endommagé des usines et contraint de nombreuses entreprises à mettre la clé sous la porte, privant d'emploi de nombreux habitants de la région dévastée du Tohoku (nord-est). La morosité de la conjoncture internationale et le renchérissement de la devise japonaise poussent cependant nombre d'entreprises nippones à privilégier les extensions d'activités et créations d'emplois à l'étranger, parfois en réduisant la voilure dans l'archipel. La consommation des ménages monte pour la 1ère fois depuis le séisme La consommation des ménages au Japon a augmenté, en décembre, de 0,5% sur un an, pour la première fois depuis le séisme du 11 mars 2011, a annoncé, hier, le ministère des Affaires intérieures. Les achats des familles diminuaient depuis le tremblement de terre et le tsunami qui ont dévasté la région du Tohoku (nord-est) et entraîné un accident nucléaire à Fukushima, angoissant la population. Les dépenses de consommation des ménages salariés, qui représentent environ 60% du total, ont grimpé de 0,9% en termes réels sur la même période. Toujours en décembre et par rapport au même mois de l'an passé, le revenu moyen des ménages salariés s'est stabilisé sur un an, à 893 427 yens (environ 8 934 euros), un chiffre plus élevé que lors des mois précédents grâce à la perception des traditionnelles primes de fin d'année. En récession au printemps et à l'été, la troisième puissance économique mondiale a retrouvé le chemin de la croissance entre juillet et septembre mais son redémarrage pourrait être entravé par le manque de dynamisme des dépenses des ménages. La bonne tenue de la consommation intérieure est d'autant plus essentielle que les exportations, habituelles contributrices à la croissance japonaise, diminuent depuis des mois, limitées par une conjoncture mondiale morose et la récente cherté du yen.