Les négociations menées par les autorités grecques avec leurs créanciers pourraient encore prendre du temps, peut-être même des semaines, et sont difficiles, selon les déclarations de responsables européens, avant-hier. Parallèlement aux discussions avec les créanciers privés sur l'effacement de 100 milliards d'euros de dettes, le gouvernement négocie avec les créanciers institutionnels du pays (UE-BCE-FMI) l'obtention d'un deuxième prêt international de 130 milliards d'euros, dont le principe a été adopté en octobre par la zone euro en échange de mesures d'ajustement structurelles de l'économie grecque. Les négociations sont très difficiles et le coût des décisions qui seront prises ne sera pas anodin pour le peuple, a déclaré le porte-parole du gouvernement grec Pantélis Kapsis à la chaîne de télévision privée Méga. Les propos de M. Kapsis font écho à ceux tenus également, avant-hier, par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, au cours d'une discussion avec des lycéens luxembourgeois. Je suis en train de négocier (...) avec le secteur bancaire privé et le gouvernement grec la participation du secteur privé au désendettement de la Grèce, a expliqué M. Juncker, ajoutant qu'il s'agissait d'une négociation ultra-difficile. Du côté des créanciers privés, le patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, a affirmé, avant-hier, qu'un accord était très proche, avant d'ajouter toutefois que c'était une question de jours ou de semaines. Plus optimiste, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a indiqué, avant-hier, s'attendre à un accord entre Athènes et ses créanciers privés d'ici à la fin de la semaine. Le temps presse : Athènes doit rembourser 14,5 milliards d'euros de prêts le 20 mars, faute de quoi le pays sera en cessation de paiement. Mais les négociations avec le secteur privé traînent en longueur depuis près de trois semaines. Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, avait exhorté lundi, au premier sommet européen de l'année, à ce que les négociations aboutissent cette semaine. Cet accord portant sur une décote de 50% de la valeur nominale des obligations détenues par les créanciers privés (banques, caisses d'assurances ou fonds d'investissement) vise à ramener la dette souveraine grecque aux alentours de 120% du produit intérieur brut (PIB) contre plus de 160% actuellement. M. Ackermann a estimé, avant-hier, que les banques allaient perdre 70% ou plus dans l'opération. Le lobby bancaire international (IIF), dont le chef, Charles Dallara, avait eu d'intenses négociations à Athènes la semaine dernière, a lui aussi indiqué la veille que des progrès dans les discussions avaient été enregistrés. L'opération doit être réalisée via un échange d'anciennes obligations contre de nouveaux titres, et un accord doit être trouvé d'ici à la fin de la semaine pour que l'opération puisse aboutir début mars, selon une source européenne. Si l'accord avec le privé ne permet de ramener la dette publique qu'à 125% du PIB, comme l'a laissé entendre le ministre français des Finances, François Baroin, alors les créanciers publics de la Grèce devront remettre au pot pour l'abaisser à 120%. Une rallonge de 15 milliards d'euros a été est évoquée. Mais le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a estimé, avant-hier, que les créanciers publics de la Grèce n'avaient pas besoin de contribuer davantage. Les créanciers privés ont gagné suffisamment avec les taux élevés sur les obligations grecques, et doivent maintenant accepter des pertes, a-t-il argué. 16 milliards d'euros ont été transférés à l'étranger depuis 2009 Un total de 65 milliards d'euros a été retiré des banques en Grèce depuis le début de la crise de la dette en 2009, dont 16 milliards ont été transférés légalement vers des banques à l'étranger, a déclaré, hier, le ministre grec des Finances, devant le Parlement. Depuis 2009, 65 milliards ont été retirés des banques, dont 16 milliards d'euros sont partis à l'étranger, a affirmé Evangelos Vénizélos, en réponse à des questions des députés sur le plan de la restructuration de la dette grecque et la nouvelle aide européenne, toujours en cours de négociation avec les créanciers du pays. D'après le ministre, 32% de ces 16 milliards d'euros ont été déposés dans des banques au Royaume-Uni, et moins de 10% dans des banques en Suisse. Selon les chiffres de la Banque de Grèce, les dépôts à fin décembre 2009, dans les banques en Grèce, s'élevaient à 237,3 milliards d'euros, et à fin juin 2011, ils atteignaient 188,1 milliards d'euros. Face à la pénurie des liquidités dans le pays, M. Vénizélos a défendu le nouveau plan d'aide européenne à la Grèce, qui doit renforcer le capital des banques avec 40 milliards d'euros, et assurera le redressement de l'économie. La recapitalisation des banques grecques doit intervenir dans le cadre de l'effacement prévu de 50% de la valeur nominale des obligations détenues par les créanciers privés en vue d'alléger le fardeau de la dette du pays, qui doit passer de 160% du PIB actuellement à 120% en 2020. Le ministre a souligné l'importance de la finalisation de l'accord sur l'effacement de la dette et le versement du nouveau prêt international au pays de 130 milliards d'euros, décidé en octobre à Bruxelles par la zone euro, afin que le pays évite un défaut de paiement d'ici le 20 mars, date à laquelle la Grèce doit rembourser 14,5 milliards d'euros d'obligations échues.