La Russie étudie la proposition de la Ligue arabe de déployer une force conjointe ONU-Arabes en Syrie, tout en jugeant qu'un cessez-le-feu est nécessaire avant l'envoi de soldats de maintien de la paix, a déclaré, hier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Nous étudions cette initiative et attendons que nos amis des pays arabes clarifient certains points, a-t-il dit, estimant que ce sera chose faite dans les jours à venir. Pour déployer une force de maintien de la paix, il faut l'autorisation de la partie qui la reçoit, tout d'abord. Deuxièmement, pour envoyer une mission de maintien de la paix, comme on l'appelle dans le jargon de l'ONU, il faut qu'il y ait une paix à maintenir, a jugé M. Lavrov En d'autres termes, il faut quelque chose qui ressemble à un cessez-le-feu, a résumé le chef de la diplomatie russe. Or, selon lui, ce sera un objectif difficile à atteindre : les groupes armés qui combattent le régime syrien n'obéïssent à personne et ne sont contrôlés par personne, a-t-il dit. La Russie est le principal soutien du régime du président Bachar al-Assad. Elle a bloqué à deux reprises des résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression sanglante en cours depuis près d'un an en Syrie. Moscou juge que ces textes doivent reconnaître la part de responsabilité de l'opposition dans les violences. L'opposition syrienne juge pour sa part les négociations impossibles avec le régime syrien sans le départ du président al-Assad. La Ligue arabe avait proposé un plan de sortie de crise préconisant que Bachar al-Assad transfère ses pouvoirs à son vice-président Farouk al-Chareh. M. Lavrov, qui s'est rendu la semaine dernière en Syrie, a appelé, hier, une nouvelle fois les opposants à la négociation, répétant que le régime avait proposé des pourparlers avec le vice-président. Il fallait utiliser cette chance et lancer un dialogue avec le vice-président. Maintenant la balle est dans le camp de l'opposition, a jugé le ministre russe. Damas déterminé à rétablir la sécurité en dépit des décisions arabes Le régime syrien est déterminé à rétablir la sécurité dans le pays, où il tente de mettre fin à 11 mois de contestation, en dépit des décisions de la Ligue arabe de soutenir l'opposition et d'appeler à une mission de paix mixte avec l'ONU, a rapporté la presse officielle. Cette décision et d'autres n'empêcheront pas le gouvernement syrien d'assumer ses responsabilités dans la protection de ses citoyens et le rétablissement de la sécurité et de la stabilité, a indiqué un responsable cité par l'agence. La Syrie refuse les décisions de la Ligue arabe qui constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du pays et une atteinte à la souveraineté nationale, a affirmé le responsable syrien. L'UE soutient l'initiative de la Ligue arabe L'Union européenne a annoncé, hier, soutenir l'initiative de la Ligue arabe concernant la Syrie, y compris sa demande au Conseil de sécurité de former une force conjointe ONU-Arabes pour mettre fin aux violences sur le terrain. Nous soutenons fortement toute initiative visant à une fin immédiate de la répression sanglante, y compris une présence arabe plus forte sur le terrain en coopération avec l'ONU en vue de parvenir à un cessez-le-feu et à une fin de la violence, a déclaré Michael Mann, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Nous sommes en contact constant avec le secrétaire général de la Ligue Arabe et les Nations unies afin de discuter de quelle manière ceci peut être mis en marche aussi vite que possible, a-t-il précisé. Les décisions prises dimanche par les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe sont courageuses, a-t-il relevé, en saluant l'engagement clair et le " leadership " que prend la Ligue Arabe pour résoudre la crise en Syrie. Alors que la Russie et la Chine ont bloqué l'adoption d'une résolution condamnant les violences en Syrie, l'UE a renouvelé, hier, ses appels à tous les membres du Conseil de sécurité de l'ONU à être constructifs et à agir de manière responsable à ce moment crucial. L'UE a l'intention de jouer un rôle très actif au sein du groupe des Amis de la Syrie, dans le but de construire un consensus international sur la Syrie et faire des propositions urgentes pour mettre fin au massacre, réduire les souffrances de la population syrienne, chercher une solution pacifique à la crise et promouvoir une nouvelle ère de changement démocratique, a précisé Michael Mann. L'organisation panarabe a annoncé dimanche qu'elle allait fournir un soutien politique et matériel à l'opposition syrienne, et demander au Conseil de sécurité d'adopter une résolution pour la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne conjointe pour superviser l'application du cessez-le-feu.