Les prix des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) ont fortement trébuché cette semaine, plombés par un regain de prudence des investisseurs face aux déboires de la Grèce, à des indicateurs chinois et américains mitigés, et à un renchérissement du dollar. Après avoir connu un début d'année en fanfare, les cours des métaux de base ont vu leur étoile pâlir singulièrement. Entre début janvier et le 10 février, le prix de l'étain avait bondi de plus de 30%, tandis que le cuivre et l'aluminium engrangeaient 15%: "une hausse trop forte et trop rapide", qui appelait une correction, selon les analystes de Commerzbank. Tous les métaux ont abandonné cette semaine entre 5 et 6%. "L'enthousiasme du marché s'est sensiblement tari, à mesure que les inquiétudes sur la Grèce et des indicateurs macroéconomiques décevants ont érodé la confiance des investisseurs", les incitant à s'éloigner des actifs jugés risqués, tels que les métaux, a expliqué James Moore, analyste de la société britannique Fast Markets. Le marché demeure en effet suspendu aux rebondissements de la situation de la Grèce, menacée de défaut de paiement en mars. Malgré le vote d'une sévère cure d'austérité supplémentaire par le parlement grec, la zone euro a reporté une réunion devant débloquer un nouveau plan d'aide international à Athènes. "Tant que le problème de la Grèce restera en suspens, les déboires de la zone euro seront en mesure de déstabiliser les marchés. La prudence ne devrait donc pas déserter à court terme le marché des métaux de base", a souligné Edward Meir, analyste du courtier américain INTL FC Stone. De plus, le net renchérissement du dollar face à un euro sous pression constituait "un facteur défavorable", a ajouté M. Moore, en rendant moins attractifs les achats de métaux, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. Une progression bien moins forte qu'attendu des ventes de détail en janvier aux Etats-Unis, dévoilée mercredi, a également contribué à refroidir les opérateurs, tout comme l'annonce jeudi d'un nouveau repli des investissements directs étrangers (IDE) en Chine. Ce dernier était de nature à entretenir les craintes sur la vigueur de l'activité industrielle du géant asiatique, premier consommateur de métaux de base, alors même que la forte hausse des stocks de cuivre du pays ces derniers mois laisse redouter un ralentissement de ses importations de métaux. Cependant, le marché a connu un sursaut en fin de semaine, après la publication jeudi d'indicateurs encourageants aux Etats-Unis, dont une baisse des nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage, et une accélération en février de l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie (est). "Ces indicateurs ont donné l'occasion aux prix des métaux de se reprendre quelque peu", alors que dans le même temps, "l'espoir revenait en Europe sur une approbation du plan d'aide à la Grèce" lors d'une réunion des ministres de la zone euro lundi, a indiqué James Moore. Le PLOMB et le ZINC sont en outre tirés vers le bas par l'excédent de production de ces métaux au niveau mondial. Selon un rapport publié jeudi par le Groupe international d'études sur le plomb et le zinc (ILZSG), la production mondiale de zinc en 2011 a atteint 13,06 millions de tonnes, dépassant de 353 000 tonnes la demande mondiale - un excédent en nette hausse par rapport à l'année précédente. Le marché du plomb a quant à lui enregistré en 2011 un surplus de production de 156'000 tonnes, alors qu'il était en quasi-équilibre en 2010. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8293 dollars cette semaine contre 8500 dollars la semaine précédente vers la même heure. L'aluminium valait 2168 dollars la tonne contre 2255 dollars. Le plomb valait 2048 dollars la tonne contre 2163 dollars. L'étain valait 24 000 dollars la tonne contre 24 900 dollars. Le nickel valait 19 670 dollars la tonne contre 20 871 dollars. Le zinc valait 1971 dollars la tonne contre 2089 dollars.