La conférence des amis du peuple syrien qui a réuni, avant-hier, à Tunis plus d'une soixantaine de pays sans la Chine et la Russie a rejeté une intervention étrangère, s'est félicité, hier, la presse chinoise. La majorité des pays arabes ont commencé à comprendre que les Etats-Unis et l'Europe dissimulent un poignard derrière un sourire, en d'autres mots tandis qu'ils semblent agir pour des motifs humanitaires, en réalité ils ont des ambitions hégémoniques cachées, a ajouté la presse. La conférence des amis du peuple syrien, a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions pour faire plier le régime de Damas, mais a temporisé sur le déploiement d'une force conjointe arabe/ONU de maintien de la paix. Même si les représentants de l'Arabie Saoudite et de l'Union européenne ont marqué leur mécontentement en quittant la réunion avant qu'elle soit achevée, la plupart des pays arabes sont restés car ils voulaient s'assurer qu'une tragédie similaire à celle en Libye ne se déroulerait pas en Syrie, a par ailleurs assuré la presse chinoise. La Chine, qui ne voulait pas voir les pays occidentaux exercer une trop grande influence en Libye, a mal vécu l'intervention armée internationale qui a permis de précipiter la chute du colonel Kadhafi. Pékin s'est opposé aux frappes aériennes effectuées par l'Otan pour soutenir la rébellion libyenne. Et la Chine redoute donc un scénario à la libyenne en Syrie. La presse d'Etat chinoise passait, hier, sous silence l'appel de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui a demandé à la communauté internationale de pousser la Chine et la Russie, qui ont bloqué début février une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie, à changer de position. Le CICR débute l'évacuation de blessés dans la ville de Homs Les négociations se poursuivaient, hier, entre le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le régime syrien et l'opposition pour évacuer de nouveaux blessés du quartier de Bab Amro, à Homs. La ville est soumise à d'intenses bombardements depuis trois semaines. Pour la première fois depuis le début des violences, sept femmes et enfants ont été transportés en ambulance vers un hôpital de Homs, avant-hier soir, et une vingtaine d'autres ont été évacués vers une "zone sécurisée", a déclaré une porte-parole du CICR à Genève. "C'est un premier pas en avant. La priorité, maintenant, est d'évacuer ceux qui sont grièvement blessés ou malades. Nous continuons les discussions pour reprendre les évacuations demain (samedi) matin", a-t-elle indiqué. Lourd bilan avant-hier Selon l'opposition, la journaliste française Edith Bouvier et le photographe britannique Paul Conroy, blessés lors du bombardement d'un centre de presse improvisé à Bab Amro, se trouvent toujours à Homs. Les deux journalistes n'auraient pas voulu être évacués sans être accompagnés par des membres du CICR et des diplomates étrangers. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a déclaré vendredi à Tunis que le gouverneur de Homs travaillait avec la Croix-Rouge pour faire en sorte que l'évacuation soit possible "dans les meilleurs délais". Selon les comités locaux de coordination, 103 personnes ont été tuées vendredi à Homs dans les bombardements menés dans cette ville du centre de la Syrie par les forces du président Bachar al-Assad et dans des attaques lancées dans le nord et l'est du pays. Nous devons faire changer la Chine et la Russie de position La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé à Tunis la communauté internationale à pousser la Chine et la Russie, qui ont bloqué début février une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie, à changer de position. Moscou et Pékin doivent comprendre qu'ils ne se mettent pas seulement en travers des aspirations du peuple syrien, mais également du Printemps arabe, a dit Mme Clinton devant la presse à l'issue de la Conférence internationale sur la Syrie, qui s'est déroulée dans la capitale tunisienne. Il est plutôt désolant de voir deux membres du Conseil de sécurité (la Chine et la Russie) user de leur veto quand des gens sont assassinés, a-t-elle ajouté. Nous devons faire changer les gouvernements chinois et russe de position, a-t-elle dit. Plus vite les Russes et les Chinois se dirigeront vers des actions positives au Conseil de sécurité, plus vite nous pourrons avoir une résolution qui nous permette de prendre le genre de mesures dont nous avons besoin pour le règlement de la crise en Syrie, a ajouté la chef de la diplomatie américaine. Plus de soixante pays se sont réunis vendredi à Tunis pour définir un plan d'aide humanitaire international au peuple syrien et accentuer la pression sur Damas, lors d'une conférence internationale boycottée par Moscou et Pékin, principaux soutiens du pouvoir syrien. Appel à renforcer les sanctions contre Damas La conférence sur la Syrie qui se tient vendredi à Tunis va appeler à renforcer les sanctions de nature à faire plier le régime de Damas, a déclaré à la presse le chef de la diplomatie française Alain Juppé. La conférence va lancer un appel à renforcer les sanctions de nature à faire plier le régime syrien, a indiqué le ministre, en évoquant notamment un gel des avoirs de la banque centrale syrienne. Dans son discours prononcé peu avant lors des travaux à huis clos de la conférence, M. Juppé avait déclaré: dès lundi (à Bruxelles) nous prendrons de nouvelles mesures fortes, notamment un gel des avoirs de la Banque centrale syrienne. La conférence va également condamner sans ambiguïté la brutale répression du régime, il est même question de crimes contre l'humanité, a déclaré M. Juppé. Elle réaffirmera le soutien à la Ligue arabe et (à son) plan de paix endossé le 16 février par une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU. Elle affichera son soutien à l'opposition et au Conseil national Syrien (...) que nous considérons comme le pôle de l'opposition, a-t-il dit. Plus de soixante pays et des représentants de l'opposition syrienne sont réunis à Tunis pour cette conférence visant à examiner les moyens de venir en aide au peuple syrien, et accentuer la pression sur le régime de Damas. Les Occidentaux veulent faire "plier" la Syrie La conférence a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions pour faire plier le régime de Damas. Elle a toutefois temporisé sur le déploiement d'une force conjointe arabe/ONU de maintien de la paix. Sur le terrain, la répression du régime du président Bachar al-Assad ne faiblit pas. Au moins 53 personnes ont été tuées vendredi dans des nouvelles violences. Des manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes à travers le pays, selon une ONG syrienne. Le groupe des "Amis de la Syrie" comprend une soixantaine de pays arabes et occidentaux, mais il est boycotté par Moscou et Pékin. Il a décidé vendredi de reconnaître le Conseil national syrien (CNS) comme "un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique". Soutien à l'opposition Il s'est engagé à fournir "un soutien effectif" à l'opposition, sans plus de précisions. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a indiqué qu'il approuvait l'idée d'armer l'opposition syrienne. Le groupe a également sommé le régime de Damas de "permettre l'accès libre et sans entraves des agences humanitaires" dans les régions les plus touchées par la répression, notamment dans la ville de Homs, pilonnée depuis trois semaines par l'armée syrienne. L'urgence, pour la communauté internationale, est de trouver les moyens d'aider le peuple syrien, écrasé par la répression (plus de 7600 morts en onze mois selon l'ONU) et coupé du monde. "Ennemis de la Syrie" A Damas, la télévision d'Etat a qualifié les pays réunis vendredi à Tunis d'"ennemis de la Syrie" et d'"amis des Etats-Unis et d'Israël". Une nouvelle réunion du groupe des "Amis de la Syrie" se tiendra dans trois semaines à Istanbul, a annoncé vendredi le Conseil national syrien. Appel à l'arrêt des violences et de nouvelles sanctions La conférence des amis du peuple syrien a appelé vendredi à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions contre le régime de Damas, dans la déclaration finale de la réunion. Le groupe de 60 pays a appelé la Syrie à cesser immédiatement toute forme de violence afin de permettre l'accès de l'aide humanitaire et s'est engagé à prendre des mesures pour appliquer et renforcer les sanctions sur le régime. Le groupe prend note de la demande faite par la Ligue arabe au Conseil de sécurité de l'Onu de former une force conjointe arabe et des Nations unies de maintien de la paix (...) et a décidé de poursuivre les discussions sur les conditions du déploiement d'une telle force, selon le texte. Le groupe des amis réaffirme son attachement à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Syrie et souligne la nécessité d'une solution politique à la crise. Il demande au gouvernement syrien de permettre l'accès libre et sans entraves des agences humanitaires dans les régions les plus touchées par la répression, notamment dans la ville de Homs, pilonnée depuis trois semaines par l'armée syrienne. Parmi les sanctions proposées contre le régime de Damas figurent l'interdiction de voyage des membres du régime, le gel de leurs avoirs, l'arrêt de l'achat des hydrocarbures syriens, la réduction des liens diplomatiques avec le régime syrien. Le groupe reconnaît le Conseil national syrien comme un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique et l'encourage à former un groupe représentatif et incluant toutes les sensibilités. Il s'engage à fournir un soutien effectif à l'opposition, sans plus de précisions. La conférence internationale sur la Syrie a réuni plus de soixante pays et l'opposition syrienne vendredi à Tunis. Moscou et Pékin, les deux principaux soutiens du régime, ont boycotté la réunion. Obama, encouragé par Tunis, veut faire cesser les massacres en Syrie Le président américain Barack Obama s'est déclaré prêt, avant-hier, à prendre tous les outils disponibles pour empêcher les massacres en Syrie, tout en se disant encouragé par l'unité internationale qui s'est selon lui manifestée à la conférence de Tunis. Je dois dire que tous ceux d'entre nous qui ont vu les images terribles en provenance de Syrie, récemment depuis Homs, reconnaissent qu'il est absolument impératif que la communauté internationale se rassemble et envoie un message clair au président Assad, a déclaré M. Obama aux journalistes dans le Bureau ovale. Bachar al-M. Assad doit comprendre que l'heure d'une transition est venue, l'heure est venue pour ce régime de partir, l'heure est venue de faire cesser les assassinats de Syriens par leur propre gouvernement, a ajouté M. Obama, qui venait de s'entretenir avec la chef du gouvernement danois Helle Thorning-Schmidt.