Les participants à la conférence sur le thème de " L'art préhistorique du Sahara" animée par l'universitaire Nadjet Aïn Sbaa au musée national des Beaux-arts d'Alger, ont eu droit à de nombreuses explications. Axée essentiellement sur une approche stylistique des manifestations artistiques préhistoriques des régions sahariennes, la conférence a tout de même tenu compte de l'évolution des modes de vie et de l'environnement saharien. Présentée par Mme Aïn Sbaa, enseignante à l'institut d'archéologie de l'université d'Alger, cette conférence est, selon Mme Dalila Orfali, directrice du musée, la première d'une série de rencontres autour de l'histoire de l'art algérien. Mme Aïn Sbaa a commencé sa conférence en situant dans le temps la période d'apparition de l'art préhistorique du Sahara dont les plus anciennes manifestations connues remontent à plus de 20 000 ans et s'étendent jusqu'à la période protohistorique, période immédiatement antérieure à l'apparition de l'écriture. Pour illustrer l'évolution des modes de vie et de l'environnement saharien, la conférencière s'est basée sur la classification d'Henry Lhote, préhistorien français qui a découvert les vestiges du Tassili. Cette classification commence par l'art Bubalin. Se manifestant majoritairement sous forme de gravures, le Bubalin tourne autour de la représentation du bubale, soit le Buffle préhistorique et d'animaux tropicaux tels l'Hippopotame et le rhinocéros, qui vivaient dans cette région. Après cette période, apparaît la peinture des "têtes rondes" et l'art Bovidien, qui représentent des scènes de la vie quotidienne où apparaît l'habitat, le mobilier, la distinction entre les sexes ainsi que la domestication des animaux. Ces peintures reproduisent le mouvement ainsi que des scènes narratives avec un souci du détail supérieur à la période précédente. Les dernières périodes avant la disparition de ces peintures ont connu l'apparition des chevaux et des chars, art cavalin, ainsi que l'apparition des premiers caractères d'écriture libyque, avant l'apparition du dromadaire, art camelin, et la disparition de cet art. Dans son analyse stylistique de ces manifestations artistiques préhistoriques Mme Aïn Sbaa a mis en exergue l'homogénéité des représentations à travers toute la zone géographique du Sahara. En effet, les animaux et les hommes étaient représentés de la même façon sur ces œuvres et obéissaient aux mêmes critères d'évolution d'une période à une autre, ce qui porte à croire en l'existence d'une école artistique, un courant ou un imaginaire collectif. Cette rétrospective a permis donc aux participants à cette conférence de comprendre l'évolution de l'environnement saharien qui est passé d'une végétation luxuriante abritant de grands mammifères à un désert aride.