La Russie veut convaincre la Syrie d'accepter des observateurs internationaux indépendants qui surveilleront l'arrêt simultané des violences des deux côtés, a déclaré, hier, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. M. Lavrov a indiqué que la Russie discutait de cette proposition avec les pays de la Ligue arabe et les Nations unies, dont le Conseil de sécurité a débattu de la crise, avant-hier. L'objectif est que les deux parties comprennent qu'il y a des observateurs indépendants pour surveiller la mise en place de cette exigence, et nous allons formuler cette exigence pour un cessez-le-feu immédiat, a déclaré M. Lavrov au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue philippin Albert del Rosario. Il faut que ce soit fait simultanément. On ne peut pas exiger du gouvernement de quitter les villes et les villages alors que les groupes armés ne font pas la même chose, a-t-il poursuivi. Le retrait unilatéral des forces gouvernementales est complètement irréaliste. Les autorités syriennes ne vont pas le faire, que nous le voulions ou pas, a-t-il poursuivi. La Russie insiste pour mettre sur le même plan les violences du régime et de l'opposition armée syrienne, ce que les Occidentaux refusent. Les chefs de la diplomatie français et britannique, Alain Juppé et William Hague, ont exhorté, avant-hier, de manière plus ou moins explicite la Russie à rejoindre les Occidentaux dans leur condamnation du régime syrien. Membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie a déjà bloqué, comme la Chine, deux résolutions condamnant la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Moscou a rejeté un nouveau texte américain au Conseil de sécurité exigeant du régime l'arrêt immédiat des violences et appelant l'opposition à s'abstenir de toute violence au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution. Samedi, la Russie et les pays arabes se sont mis d'accord sur cinq points, appelant d'abord à la fin de la violence d'où qu'elle vienne. La Russie nie la présence de ses forces spéciales Il n'y a pas de forces spéciales russes en Syrie, mais uniquement des coopérants militaires envoyés par Moscou pour assurer la maintenance du matériel de guerre russe, a annoncé, hier, aux journalistes Anatoli Antonov, vice-ministre russe de la Défense. "Nous n'avons pas de troupes spéciales en Syrie. Aucun des militaires russes [présents dans ce pays] n'est armé de fusils d'assaut ni de lance-grenades", a répondu M. Antonov à la question de savoir si la Russie a envoyé des unités spéciales et des conseillers militaires en Syrie. Une telle information avait auparavant été diffusée sur Internet. Le vice-ministre a dans le même temps confirmé la présence de coopérants militaires techniques. "Quand nous livrons des chars à tel ou tel pays, nous y envoyons nécessairement des spécialistes techniques pour apprendre à nos collègues étrangers à se servir de ce matériel", a-t-il précisé. M. Antonov a réaffirmé que la Russie continuerait d'honorer ses engagements relatifs à la livraison d'armements à la Syrie. "Ce n'est pas un secret que nous entretenons sur la coopération militaire et technique importante avec ce pays", a indiqué le vice-ministre. Et d'ajouter que Moscou "ne voit aucune raison d'y renoncer". Les autorités de Damas accusent les rebelles soutenus de l'extérieur d'être à l'origine des violences perpétrées en Syrie et affirment que la communauté mondiale est délibérément induite en erreur concernant la situation dans ce pays. Arrivée en France d'un ancien ministre syrien de la défense L'ancien ministre syrien de la Défense, Mustapha Tlass, se trouve à Paris depuis plusieurs jours, ont indiqué, avant-hier, des membres de l'opposition en exil, qui n'étaient cependant pas en mesure de préciser s'il s'agissait d'une défection. Il se trouve en France depuis cinq jours, après une dispute avec Assef Chaoukat, le beau-frère de Bachar el-Assad, le président syrien, a expliqué Mohamad al-Raschdane, membre du Comité national de soutien à la révolution syrienne (CNSRS). Assef Chaoukat, qui a épousé la soeur de Bachar el-Assad, Bouchra, est le vice-ministre syrien de la Défense. Mustapha Tlass est arrivé à Paris avec son fils Firas, un homme d'affaires, ont indiqué plusieurs sources de l'opposition syrienne en exil en France. Son autre fils Manaf, officier dans l'armée, se trouverait toujours à Damas. Mustapha Tlass et son fils Firas sont arrivés dimanche à Paris. Je ne crois pas qu'il s'agit d'une défection. Il est ici avec l'autorisation du régime, a estimé une source proche de la communauté syrienne en exil. Le ministère français des Affaires étrangères n'était pas en mesure de confirmer ou de démentir cette information. Je n'ai pas d'informations à ce sujet. Il semble que les défections commencent à se multiplier autour du régime syrien, a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, lors d'un point presse. Ce régime a depuis longtemps perdu toute légitimité auprès de la population et des élites syriennes. L'apparente cohésion du pouvoir syrien est le fruit d'une politique de terreur, qui ne saurait l'emporter durablement sur les aspirations à la liberté et à la dignité, a-t-il ajouté. Mustapha Tlass, un sunnite, proche de Hafez el-Assad, le père de Bachar au pouvoir en Syrie de 1970 à 2000, a été le puissant ministre de la Défense du pays de 1972 à 2004.