Les ministres arabes des Affaires étrangères réunis, hier, à Bagdad, ont commencé leurs travaux consacrés à la rédaction d'une résolution destinée au sommet arabe prévu aujourd'hui et qui devrait être consacrée en grande partie à la situation en Syrie.Les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis, hier, à Bagdad, ont commencé leurs travaux consacrés à la rédaction d'une résolution destinée au sommet arabe prévu aujourd'hui et qui devrait être consacrée en grande partie à la situation en Syrie. La séance a été ouverte par le chef de la diplomatie libyenne Achour Ben Khayal car son pays avait accueilli en 2010 à Syrte le précédent sommet arabe. Nos frères en Syrie continuent de souffrir d'un régime tyrannique et autocratique, a notamment déploré le ministre libyen, qui s'est également inquiété des violences entre le Soudan et le Soudan du Sud, ainsi qu'en Somalie. Pour la première fois dans l'histoire de la Ligue arabe, cette réunion est présidée par un Kurde, le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari, comme ce sera aussi le cas aujourd'hui avec le président Jalal Talabani. Accueillir le sommet arabe à Bagdad est un message que l'Irak est de retour dans son environnement arabe et régional après avoir été isolé depuis 1990, date de l'invasion par Saddam Hussein du Koweït, a affirmé M. Zebari. Nous appuyons les ambitions légitimes du peuple syrien à la liberté et à la démocratie et son droit à choisir son avenir et ses dirigeants. Nous condamnons les actes de violence et les meurtres, a-t-il ajouté. Nous insistons pour que soit trouvée une solution politique et nationale et nous refusons toute ingérence étrangère dans la crise syrienne et soutenons les résolutions de la Ligue arabe et les efforts de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, a-t-il encore dit dans son discours d'ouverture. Présence de chefs de la diplomatie Au moins onze ministres des Affaires étrangères sont présents au Palais républicain, construit par Saddam Hussein et qui se trouve dans la Zone Verte, secteur ultra-protégé au centre de Bagdad. Les autres pays ont envoyé des secrétaires d'Etat ou des ambassadeurs, selon une source officielle. La Ligue arabe compte 22 membres, mais la Syrie est absente, suspendue en raison de la répression d'un mouvement de contestation par le régime. Le projet d'ordre du jour du sommet qui sera finalisé lors de la réunion du conseil ministériel comprend dix principaux points dont le rapport du secrétaire général sur l'action interarabe entre les deux sommets, le développement de la Ligue à la lumière du rapport préliminaire élaboré par la commission indépendante présidée par M. Lakhdar Brahimi, ancien ministre algérien des AE, la question palestinienne, de la Somalie, le conflit arabo-israélien, et des dangers des armes nucléaires détenues par Israël la situation au Golan syrien occupé et la solidarité avec le Liban. Les chefs de la diplomatie doivent discuter d'une résolution appelant à un dialogue national entre le pouvoir et l'opposition. Le texte doit ensuite être approuvé aujourd'hui lors du sommet des chefs d'Etat. La rencontre arabe a débuté, avant-hier, par une réunion des ministres de l'Economie et des Finances.Selon les médias arabes, l'émir koweïtien, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, sera l'unique monarque du Golfe à se rendre dans la capitale irakienne. L'Arabie saoudite sera représentée par son ambassadeur auprès de la Ligue, les Emirats arabes unis enverront leur ministre des Affaires étrangères. Le Qatar et le Sultanat d'Oman n'ont toujours pas indiqué qui dirigerait leurs délégations au forum. L'Algérie, sera représentée par le ministre des Affaires Etrangères, M. Mourad Medelci, ainsi que le Yémen. Seuls les présidents tunisien et soudanais, Moncef Marzouki et Omar el-Béchir, ont annoncé leur intention de prendre part au sommet. Le président Béchir défi la CPI Le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a quitté Khartoum, hier, pour se rendre au sommet arabe, selon la presse officielle. L'Irak, non signataire du Statut de Rome fondant la CPI, n'a en théorie pas l'obligation de livrer le président soudanais, recherché notamment pour crimes contre l'humanité au Darfour. Le cabinet du président irakien Jalal Talabani avait annoncé au cour de la semaine que M. Béchir participerait au sommet de Bagdad, mais jusqu'ici il n'y avait pas eu de réaction officielle de Khartoum. Et le ministère irakien des Affaires étrangères avait indiqué que la protection du président Béchir serait garantie à 100% à l'instar de celle de tous les invités au sommet. M. Béchir est depuis 2009 sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI qui l'accuse de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis à l'encontre des habitants de la région soudanaise du Darfour (ouest) en guerre. M. Béchir ne reconnaît pas la CPI qu'il défie en voyageant à l'étranger, y compris dans des pays signataires du Statut de Rome. Le président Béchir quitte son pays alors que des diplomates soudanais et sud-soudanais tentent de désamorcer une nouvelle escalade militaire à la frontière entre leurs deux pays qui fait craindre un nouveau conflit dans la région.