L'Algérie a été parmi les premiers pays à adhérer au Maep en mars 2003 à Abuja, Nigeria, et cela a été suivi par l'installation d'une Commission nationale de la gouvernance (CNG) en mars 2005, constituée de 99 membres. Ainsi, conformément au mandat et au processus du Maep (Mécanisme africain d'évaluation par les pairs), Mme Marie Angélique Savané, membre du panel, s'est rendue deux fois en Algérie dans le cadre d'une mission d'évaluation, la première ayant été effectuée en novembre 2005, alors que la seconde a été faite en mars 2007. L'objet de cette dernière mission consistait à actualiser l'information compte tenu des derniers développements intervenus dans le pays, mais aussi de finaliser le projet de rapport du Maep sur l'Algérie. Au cours de leur visite, les membres du Maep ont rencontré un grand nombre de parties relevant de plusieurs secteurs. L'équipe a également été reçue par les membres du gouvernement et les membres du Parlement. Dès lors, il s'avère que le rapport d'autoévaluation soumis par l'Algérie répond aux conditions de professionnalisme et de crédibilité requises par l'UA. A l'issue de la présentation de ce rapport, ce dimanche à Accra, le Panel note donc avec satisfaction la qualité du rapport qui est sans ambiguïté et qui donne une évaluation objective de la situation de la gouvernance dans le pays. Le Panel a salué le soutien politique à ce processus au plus haut niveau, comme le prouvent les engagements du président de la République et des membres du gouvernement. Le rapport a pris en considération les atouts de l'Algérie sur tous les plans, à savoir la volonté politique et l'engagement à conduire à terme des réformes institutionnelles, politiques et économiques, le retour progressif à la paix et à la stabilité, la politique de réconciliation nationale, le développement des ressources humaines grâce à la gratuité de l'éducation et de la santé, les immenses ressources naturelles, en particulier des ressources en hydrocarbures, la réalisation de la plupart des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et la capacité permettant de répondre aux engagements arrêtés pour 2015 qui portent sur une nation à espérance de vie élevée, une solide et prudente gestion des ressources financières, le Fonds de régulation des recettes des hydrocarbures, l'autonomie de décision dans le choix de financement des programmes de développement, l'engagement de l'Algérie pour les causes de l'Afrique et du Maghreb par une diplomatie active et clairvoyante, citant ainsi une presse privée vibrante, une société civile émergente, un grand nombre d'universités. Ce même rapport énumère les défis que l'Algérie s'est engagée à relever tels la réforme et la modernisation de l'Etat, l'égalité entre les genres et les pesanteurs socioculturelles, le chômage des jeunes, la question de l'environnement et les déséquilibres régionaux, l'élargissement de la base de la croissance et la diversification des secteurs économiques, la maîtrise de l'inflation, la responsabilisation des acteurs sociaux et économiques, la consolidation de la réconciliation nationale et de la paix, la lutte contre la corruption, l'accélération des réformes structurelles, l'adéquation formation/emploi. Il s'agit, dans le cadre de ce rapport, des contraintes des réformes et de la modernisation de l'Etat, de la corruption, de l'égalité entre les genres, de l'emploi des jeunes et de l'aménagement du territoire, qui sont des questions communes à tous les programmes de gouvernance en Algérie. Les pouvoirs publics l'ont, du reste, fort bien compris, au regard de l'étendue et de l'ampleur des réformes engagées depuis quelques années. Le succès de la modernisation envisagée à travers ces réformes est subordonné à la résolution d'un ensemble de contradictions qui traversent la société algérienne. Le Panel examine trois pistes d'approche qui n'excluent pas la priorité de réformes : doit-on privilégier les institutions et structures par rapport aux normes et politiques publiques ou vice versa ? ; le rythme des réformes, lesquelles devraient être accélérées en fonction des priorités retenues pour une meilleure lisibilité des résultats du processus en cours, et des modalités des réformes, car de la pertinence de procédures mises en œuvre dépendra leur réussite, il est par conséquent urgent qu'elles transcendent la problématique du "leadership éclairé et visionnaire" pour s'enraciner dans la démarche participative devant guider les processus décisionnels à mettre en œuvre. La corruption et le blanchiment d'argent et la lutte contre la corruption sont devenue une priorité en Algérie. Pour cela les pouvoirs publics ont adopté une série de mesures. Les recommandations du Panel à ce sujet s'adressent principalement au patronat afin qu'il mette toujours l'accent sur la citoyenneté de l'entreprise, ainsi que le devoir envers la collectivité et la moralité/éthique dans les affaires au gouvernement afin qu'il puisse évaluer les institutions clés qu'il conviendrait de renforcer ou créer, en vue de les doter de cadres juridique, administratif et matériel nécessaires, y compris le renforcement de l'Observatoire national de lutte contre la corruption. Pour ce qui est de l'égalité entre les genres, les problèmes liés aux disparités sociales et à l'inégalité entre hommes et femmes sont présents dans la société algérienne. Mais le pays continue à adopter des mesures qui favorisent l'égalité des chances entre les deux sexes dans la vie politique, économique et sociale. Pour ce faire, l'élaboration et l'adoption d'une politique nationale du genre, qui servira de cadre de référence et d'orientation pour tous les secteurs du développement est primordiale. L'emploi des jeunes, un volet important puisque le chômage des jeunes représente un défi économique, politique et social majeur en Algérie, a également été évoqué. Conscient de ce phénomène, le gouvernement a pris des mesures énergiques pour résorber le chômage des jeunes et intégrer ces derniers dans la société, et cela sans distinction de sexe. A cet effet, la stratégie du gouvernement a porté sur trois points, à savoir l'éducation, une politique active de création d'emplois et la mise en place d'une base de données pour les jeunes. A ce propos, le Panel a recommandé la mise en place d'un véritable mécanisme pour le dialogue avec les jeunes afin de les impliquer dans le processus de décisions, du moins dans les questions affectant leur vie, le renforcement des capacités humaines, matérielles et financières des organisations de jeunes et de la société civile, et de donner plus de moyens au ministère de la Jeunesse et des Sports pour s'assurer que toutes les initiatives du gouvernement dans tous les secteurs de la vie économique et sociale tiennent compte des préoccupations des jeunes. Quant à l'aménagement du territoire, le rapport du Maep fait ressortir le fait que le gouvernement est en train d'élaborer un certain nombre de politiques, de stratégies d'actions. Tout en appréciant que ces initiatives pour veiller aux équilibres d'ordre environnemental, spatial, et économique notamment, le Panel a recommandé à ce sujet, le renforcement du réseau de surveillance et de suivi de la qualité des écosystèmes, et de s'attacher à résoudre dans les meilleurs délais la problématique du foncier, notamment rural, afin de lever les entraves à une exploitation de type privé et moderne. Synthèse Nassima Bensalem