L'émissaire de la Ligue arabe et des Nations unies Kofi Annan a déclaré, hier, que l'Iran pouvait être "partie prenante" pour résoudre la crise en Syrie, alors que les violences se sont poursuivies sur le terrain. "L'Iran, étant donné ses relations particulières avec la Syrie, peut être partie prenante de la solution", a estimé Kofi Annan, lors d'une conférence de presse à Téhéran, aux côtés du ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi. "La situation géopolitique de la Syrie est telle que tout mauvais calcul ou erreur pourrait avoir des conséquences inimaginables". L'Iran est un des principaux alliés de Damas, et Kofi Annan s'est rendu sur place pour tenter d'obtenir le soutien de son plan auprès de Téhéran pour tenter de mettre un terme à la guerre civile en Syrie. Mais l'Iran s'est toujours opposé à une intervention étrangère et Ali Akbar Salehi a martelé que "le changement en Syrie" devait se produire sous la présidence de Bachar el-Assad. Selon le plan proposé par Kofi Annan, et que Damas est censé avoir accepté, les troupes syriennes devaient commencer à se retirer des villes et villages où elles ont été déployées avant-hier, toutes les parties devant cesser les hostilités avant 6h ce matin. Mais aucun signe de retrait n'avait été enregistré sur le terrain. Mais Kofi Annan veut y croire et a assuré qu'il y avait encore la possibilité de sauver la trêve d'ici 6h du matin. "Nous sommes en contact avec eux (les rebelles) et avons reçu des réponses positives. Je pense qu'à 6h aujourd'hui, nous verrons une amélioration sur le terrain", a-t-il déclaré. "Il est possible de le faire et cela devrait être dans l'intérêt du peuple syrien", a martelé l'émissaire onusien. Hier, la violence s'est poursuivie avec les troupes syriennes qui ont pris le contrôle de plusieurs villages situés près de la frontière turque. D'après les Comités locaux de coordination, des bombardements ont visé plusieurs quartiers de Homs, alors que l'Observatoire syrien des droits de l'homme précisait que des "dizaines de véhicules de l'armée" se sont déployés dans la ville de Maaraba, dans le sud du pays. Deux personnes ont été tuées à Qoriah, dans l'est, lors d'opérations de l'armée syrienne, selon l'Observatoire. La Chine appelle à appliquer le plan de paix La Chine s'est dite, hier, profondément inquiète de la poursuite des violences meurtrières en Syrie et a appelé Damas à appliquer le plan de paix de l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. La Chine, une alliée du régime de Damas, est profondément inquiète (...) des violences qui se poursuivent en Syrie et appelle le gouvernement syrien à appliquer le plan en six points proposé par M. Annan, a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise. L'opposition en Syrie devrait également immédiatement cesser le feu, a ajouté Liu Weimin au cours d'un point de presse quotidien. M. Liu a fait ces déclarations à la veille de la date fixée par le Conseil de sécurité de l'ONU pour l'arrêt des combats en Syrie, où les violences ont fait plus de 10 000 morts, en majorité des civils, en un an de révolte sans précédent contre le régime. Après avoir laissé passer une première échéance, le 10 avril, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé, avant-hier, les autorités syriennes à cesser les combats avant ce matin à 06h00, heure de Damas (03H00 GMT). La question d'une issue politique du dossier syrien arrive à un stade critique, a poursuivi le porte-parole au sujet de la datebutoir fixée par l'ONU pour un arrêt des combats. La Chine, qui a bloqué avec la Russie deux tentatives de l'ONU de condamner le régime de Bachar al-Assad, s'exprime quasi quotidiennement sur la crise en Syrie. Nouvelles opérations militaires à travers le pays, trois morts L'armée syrienne était, hier, massivement déployée dans certaines localités et menait des opérations notamment à Homs, Deraa, Deir Ezzor et Lattaquié, à la veille de l'ultimatum fixé par l'ONU pour l'arrêt total des violences. Deux civils ont péri dans la province de Deir Ezzor (est) lors de perquisitions des forces gouvernementales, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans le centre du pays, de nouveaux bombardements, notamment aux obus de mortier, avaient lieu sur plusieurs quartiers de Homs (centre) où un civil a été tué par des tirs, selon l'OSDH. Les bombardements des quartiers de Jouret al-Chyah, al-Qarabis, Bab Dreib, al-Safsaf et Khaldiyé ont repris ce matin, a confirmé Khaled Tellaoui, un militant sur place. Dans la région de Lattaquié (nord-ouest), plusieurs localités de Jabal al-Akrad (montagne des Kurdes), où de nombreux déserteurs et opposants ont trouvé refuge, étaient pilonnées aux obus de mortier et des hélicoptères survolaient cette région empêchant la fuite des habitants, selon l'OSDH et les LCC. Des maisons se sont effondrées sur leurs habitants dans cette même région, théâtre il y a quelques semaines de violents combats durant lesquels les forces régulières avaient essuyé d'importantes pertes, a expliqué l'OSDH. Par ailleurs dans le sud, les forces gouvernementales, appuyées par des dizaines de transports de troupes blindés, se sont déployées à Maarba, dans la province de Deraa, berceau de la contestation, au milieu de tirs nourris, selon l'ONG basée en Grande-Bretagne. Des perquisitions étaient également en cours dans d'autres localités, selon l'OSDH. Selon les Comités de coordination locaux (LCC, qui animent la contestation sur le terrain), les forces gouvernementales ont lancé une offensive sur plusieurs villes de cette province, où des explosions et des tirs à l'arme lourde étaient entendus. Les militants ont par ailleurs rapporté que des hélicoptères militaires survolaient plusieurs villes du pays, notamment Dmeir, à 40 kilomètres de Damas, alors que jusqu'alors l'armée syrienne a eu peu recours aux forces aériennes. Ces survols interviennent depuis plus d'un mois dans la région de la capitale, a affirmé Dib al-Dimachqi, militant sur place. Et depuis une semaine, nous entendons des survols d'hélicoptère au-dessus de la capitale elle-même, a-t-il ajouté. Les forces de sécurité se sont également déployées dans la ville de Harasta, à 10 kilomètres de Damas, selon l'OSDH. La veille, 52 personnes, dont 28 civils, ont été tuées en Syrie, selon un bilan de l'OSDH.