La disparition de M. Ahmed Benbella, premier Président de l'Algérie indépendante, est vécue par le peuple algérien dans la plus grande tristesse, tant le personnage est considéré comme le porte-parole de la lutte anti coloniale et de l'Histoire de l'Afrique toute entière. Son idéal de panafricanisme au même titre que la pensée de Kwane Nkrumah, Nelson Mandela et bien d'autres leaders africains, reste toujours un défi, une espérance. Au regard de ce que représentait Benbella et voulait réaliser pour l'Algérie et le continent, il n'avait en idée que de défier le colonialisme et l'impérialisme. Effectuant son service militaire puis la campagne d'Italie au sein des Forces armées françaises, il a combattu contre le nazisme et rien d'autre. Il était l'homme du Non à ces deux jougs qui ont pour vocation l'asservissement et la spoliation des peuples. Certes, Benbella a été un soldat de l'armée française faut-il préciser qu'il n'a pas combattu contre une nation, mais contre le nazisme. Après cela, il rejoint l'Algérie pour s'engager dans le nationalisme politique suite aux massacres du 8 mai 1945. Il est alors devenu le responsable de l'Organisation Secrète (OS) qui préparait le déclenchement de la lutte de Libération nationale. Il a été arrêté en 1950, puis il s'est évadé. Il est dans l'histoire et des faits de la résurrection algérienne, l'un des neuf chefs historiques qui ont décidé du Premier Novembre Il était le plus connu des leaders de cette époque-là, il est devenu plus populaire après son arrestation par la France en octobre 1956. Les médias de l'époque l'ont fortement mis en avant. C'était un tribun, un homme qui savait parler de la cause algérienne. A partir de 1963, Benbella s'est montré brillant sous plus d'un aspect. Il voulait faire de l'Algérie un pays phare qui éclaire le chemin pour que d'autres nations puissent le suivre pour leur indépendance. Sa politique au plan continental et international s'est située essentiellement dans ce contexte. Dans cette perspective, les efforts ont porté simultanément sur un soutien et une aide à tous les mouvements de libération et d'émancipation économique, de même qu'il n'a cessé d'agit en vue de la réalisation des conditions objectives, pour la promotion du panafricanisme et d'une véritable paix internationale dans tous les continents Ceci parce Benbella dans sa propre analyse des choses, il était convaincu qu'une évolution pacifique dans le monde, propre à assurer la sécurité des peuples et le libre développement des nations, ne saurait se concevoir sans l'élimination des causes de tension et d'affrontement inhérentes aux systèmes de domination et d'exploitation. En tenant compte également des situations post-coloniales et des données réelles de la géographie de l'Algérie et de ses traditions, la démarche de Benbella a obéi au souci de jeter les bases d'une entente régionale conçue à long terme et faisant la part des choix et des particularités du Maghreb, tout en veillant à écarter les ingérences et les convoitises extérieures. Au sortir d'une guerre de Libération nationale qui avait complètement ravagé le pays, au mois de septembre 1962, M. Ahmed Benbella est élu par le peuple comme le premier président de RADP, pour un mandat de cinq ans. Sept mois plus tard, au mois d'avril 1963, le premier congrès du FLN adopte un projet de déclaration : " La Charte d'Alger " définissant les structures et les institutions de l'Etat algérien souverain, tout en avalisant le programme présenté par Benbella élu SG du FLN, engageant l'Algérie sur la voie du socialisme et la consolidation de l'islam. Cette nécessité, Benbella n'a pas manqué de l'affirmer de 1963 à 1965, date de son renversement, les efforts déployés, dans ce domaine comme dans tous les autres, sont considérables. En prenant la tête du pays, Benbella a été confronté à des événements douloureux, entre autres, la révolte de la Kabylie et la guerre des sables contre le Maroc voisin. Les contradictions plus au moins étouffées durant la Guerre de libération nationale ont également resurgies. Elles se sont transformées en antagonismes, et, d'autres ont continué longtemps encore à jouer contre les efforts tendant à favoriser l'émergence d'une idéologie d'avant-garde. Ces accros politiques, loin de mettre à profit la reconstruction du pays et de rechercher avec méthode des solutions réelles à des problèmes réels, le coup d'Etat du 19 juin 1965 a aggravé les contradictions et les conflits latents. Benbella gagnant de plus en plus la confiance du peuple, a été, dit-on aujourd'hui, trop naïf pour contrecarrer la faction rivale militaire menée par feu Houari Boumediene, alors ministre de la Défense nationale. Benbella en voulant organiser toutes les forces et engager le processus d'une reconversion du FLN en parti, capable d'imposer une démarche cohérente, à la lumière des orientations contenues dans le programme de Tripoli, a été malheureusement confronté à des débordements qui ont noyé toutes ses énergies révolutionnaires. Durant son règne, il s'est trouvé face à des antagonismes artificiels créés dans le but et dans le prétexte de l'accuser de vouloir asseoir un pouvoir personnel. Les luttes factieuses, les suspicions, les oppositions factices étaient le lot de ces débordements qui ont été à la base d'une impossible stabilité du pays. Le but de Benbella d'organiser concrètement le peuple algérien en vue de mener une lutte efficace pour son développement et la mise en place d'un pouvoir national et démocratique, a été stoppé au mois de juin 65. Il n'avait dans sa vision que ce but : " A la lutte pour l'indépendance nationale succédera la révolution démocratique et populaire ". Sur le plan économique, il préconisera l'autogestion comme modèle pour répondre au néo-colonialisme. Elle devait donner les usines aux ouvriers et la terre aux paysans. En optant pour cette voie socialiste, le président Ahmed Benbella a exprimé la volonté des couches laborieuses à émerger sur la scène politico-économique et à se constituer en force dirigeante. Un cadre dans lequel devait se concrétiser la démocratie. A ce sujet, il fondait beaucoup d'espoir à voir le FLN au sein duquel se développerait la démocratie. " Les ouvriers, les paysans, les militants révolutionnaires sont la composante sociale du FLN afin de confirmer dans les faits l'option socialiste du pays par la nationalisation du commerce extérieur, des banques et des transports ". Tout dernièrement, il a rappelé que l'option socialiste choisie fondée sur l'autogestion, aujourd'hui guère à la mode, 'est le meilleur système, car elle permet de ne pas imposer les décisions, de discuter avec la base, de permettre aux gens d'être engagés dans ce qu'ils font. Des gens qui décident à la place des autres, je suis contre ". Il n'est pas exclu de dire que Ahmed Benbella sera considéré en effet comme un héros et un dirigeant de la première importance pour l'Algérie et pour l'Afrique. Le premier président de l'Algérie a passé 24 ans en captivité, 8 ans dans les geôles françaises et le reste de sa vie en Algérie.