Anders Behring Breivik, jugé pour avoir tué 77 personnes l'an dernier en Norvège, a affirmé, hier, au cinquième jour de son procès, être quelqu'un de "très sympathique en temps normal". Mais il a dû refouler ses émotions dès 2006 afin de pouvoir perpétrer ses attaques. L'extrémiste de droite de 33 ans a indiqué avoir recouru à un "mécanisme de défense" et qu'il avait "déshumanisé" ses victimes. Il a expliqué avoir notamment pratiqué la méditation et coupé ses liens sociaux en 2006 en vue de se préparer aux deux attaques. M. Breivik a également justifié son langage "technique" très froid, pénible à entendre pour les proches des victimes, par la nécessité de "se distancier" de ses actes pour pouvoir témoigner. "Si j'avais utilisé un langage plus normal, je ne pense pas que je serais parvenu à m'expliquer du tout", a-t-il dit. Pas "un cas psychiatrique" Scruté par les experts-psychiatres officiels assis devant lui, il a de nouveau affirmé ne pas être "un cas psychiatrique" et insisté pour être reconnu pénalement responsable pour son geste. "Quand on voit quelque chose de si extrême, on peut penser que c'est de la folie mais il faut différencier extrémisme politique et folie dans le sens clinique du terme", a-t-il déclaré. Le 22 juillet 2011, il avait ouvert le feu sur des centaines de jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoeya, faisant 69 morts, essentiellement des adolescents. Juste avant, il avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement norvégien dans le centre d'Oslo, faisant huit autres victimes. "Ce sont des actes horribles, des actes barbares. Et je ne peux même pas m'imaginer comment les autres personnes le vivent", a encore dit Anders Breivik en réponse aux questions de la défense. Décapiter l'ex-Première ministre norvégienne Anders Breivik a affirmé qu'il avait eu l'intention de décapiter l'ancienne Première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland et de massacrer la totalité des centaines de jeunes militants travaillistes réunis sur l'île d'Utoya le 22 juillet 2011. Il en a tué 69. "Le plan était de décapiter Gro Harlem Brundtland en la filmant" pour publier la vidéo sur Internet, a témoigné cet extrémiste islamophobe devant la cour, ajoutant qu'il s'était inspiré des pratiques d'Al-Qaïda et que "la décollation est une peine de mort traditionnelle en Europe". "C'aurait dû être une arme psychologique très puissante." Mais l'ex-Première ministre (1981-1996) avait déjà quitté Utoya quand ce Norvégien de 33 ans est arrivé sur l'île. Qualifiant les jeunes militants de "traîtres", Breivik a expliqué que "le but n'était pas de tuer 69 personnes à Utoya. Le but était de tous les tuer". Le conseiller de Mme Brundtland a déclaré à l'Associated Press qu'elle se refusait à tout commentaire. Au quatrième jour de son procès à Oslo, l'accusé a aussi affirmé s'être entraîné sur des jeux vidéo et avoir initialement prévu trois attentats à la bombe suivis de plusieurs massacres par balles, mais que cela s'était avéré trop difficile à organiser. L'attentat contre le siège du gouvernement dans la capitale et la tuerie d'Utoya ont fait un total de 77 morts.