Les cours du pétrole étaient mitigés cette fin de semaine en Asie après la publication d'indicateurs en demi-teinte aux Etats-Unis et le succès d'un emprunt espagnol sur le marché obligataire, les investisseurs ayant été par ailleurs ébranlés par une rumeur de dégradation de la note française. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait 21 cents à 102,48 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin perdait cinq cents, à 117,95 dollars. "Les inquiétudes concernant la zone euro se sont estompées grâce à la forte demande pour les obligations espagnoles et la récente dégringolade des prix a favorisé les achats" de pétrole, ramenant les cours à la hausse, indique Phillip Futures dans une note de marché. L'Espagne a réussi la veille à emprunter un peu plus que prévu sur le marché obligataire, attirant de nombreux investisseurs à un taux d'intérêt toutefois légèrement supérieur qu'auparavant. La demande a dépassé les 7 milliards d'euros, ce qui a permis au Trésor de lever 2,541 milliards d'euros, mieux que la fourchette visée (1,5 à 2,5 milliards). Les marchés, à l'affût de nouvelles économiques en provenance des Etats-Unis, premier consommateur mondial de brut, digéraient une série d'indicateurs négatifs. Selon le département du Travail, les nouvelles inscriptions au chômage n'ont que légèrement baissé dans la deuxième semaine d'avril aux Etats-Unis, après être remontées dans les premiers jours du mois à leur niveau le plus élevé depuis le début janvier. L'indicateur du ministère s'est ainsi établi à 386 000 nouveaux chômeurs, soit nettement au-dessus des 375 000 prévus par les analystes. Les chiffres des ventes de logements anciens ont aussi déçu. Selon l'Association nationale des agents immobiliers américaine (NAR), elles ont baissé pour le deuxième mois d'affilée en mars, de 2,6% par rapport à février. Quant à l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (Nord-Est), elle est en train de ralentir plus que le pensaient les analystes, selon l'indice de l'antenne locale de la banque centrale (Fed). Ces trois indicateurs ont suivi la sortie de plusieurs autres également moins bons qu'espérés (production industrielle et construction de logements notamment) après le rapport officiel sur l'emploi ayant témoigné d'un net ralentissement des embauches en mars. Enfin la rumeur, infondée selon Paris, d'une dégradation de la note de la France, à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, a pesé sur les marchés boursiers et obligataires. Le pétrole finit en hausse à New York Les cours du pétrole ont fini la semaine en hausse à New York, dans un marché plus optimiste pour la demande en brut après la diffusion d'un bon indicateur en Allemagne et des résultats d'entreprises encourageants aux Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai, dont c'était le dernier jour de cotation, a pris 78 cents par rapport à la clôture de la veille, à 103,05 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Après avoir glissé au cours de la semaine, le WTI et le Brent se sont ressaissis grâce à un bon indicateur en Allemagne qui a insufflé un élan d'optimisme au marché du brut tandis qu'une salve de résultats de société aux Etats-Unis dopait les autres marchés, a résumé Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric). En outre, dans le sillage de la publication de ce chiffre, l'euro reprenait du terrain face au dollar, ce qui soutenait encore davantage les cours du brut. En effet, un billet vert plus faible rend les achats d'actifs libellés en dollars, tels que le brut, plus attractifs pour les acheteurs munis d'autres devises. Cependant, à plus long terme, cet environnement économique n'est pas assez solide pour soutenir le brut, a ainsi estimé de son côté James Williams, de WTRG Economics. En effet, comme l'a illustré une semaine plutôt terne sur les marchés pétroliers, les cours étaient menacés par des perspectives moroses pour la consommation mondiale, les opérateurs s'inquiétant toujours d'un excédent trop net de la production mondiale malgré des craintes d'une aggravation des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Etant donné que la demande mondiale est modeste, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) produit désormais davantage qu'il n'est nécessaire, ce qui aboutira probablement à gonfler encore plus les stocks mondiaux, contribuant ainsi à peser sur les cours, ont ainsi observé les analystes de Commerzbank. Le brut en hausse en Europe Les prix du pétrole progressaient en fin d'échanges européens, profitant de la bonne tenue des places boursières et d'un accès de faiblesse du dollar, après un bon indicateur allemand et des résultats trimestriels d'entreprises globalement solides aux Etats-Unis. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 118,92 dollars, en hausse de 92 cents par rapport à la clôture de la veille. "Les prix du baril ont rebondi, dans le sillage de l'élan des places boursières européennes, après l'émission obligataires espagnole réussie de la veille, et alors que des résultats d'entreprises robustes aux Etats-Unis tempèrent le spectre d'un ralentissement de la croissance américaine", observait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. La veille, une baisse moins importante que prévu des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis avaient cependant "ravivé les doutes sur la solidité de la reprise économique aux Etats-Unis", le premier pays consommateur de brut, notaient les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Cependant, alors que les opérateurs guettaient une réunion des ministres des Finances des pays riches et émergents du G20 à Washington, où ils doivent discuter d'une augmentation des ressources du Fonds monétaire international (FMI), "les investisseurs restent sur leur garde et suspendus à la situation toujours très précaire en zone euro", soulignait l'analyste. De fait, les opérateurs sont toujours inquiétés par la situation de l'Espagne, dont les taux obligataires se sont nettement tendus cette semaine, doutant de la capacité du pays à juguler son déficit budgétaire sans aide extérieure. Par ailleurs, face aux perspectives moroses de la consommation mondiale et en dépit des craintes d'une aggravation des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, les opérateurs s'inquiétaient toujours d'un trop net excédent de la production mondiale. "Etant donné que la demande mondiale est modeste, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) produit désormais davantage qu'il n'est nécessaire, ce qui aboutira probablement à gonfler encore plus les stocks mondiaux", contribuant ainsi à peser sur les cours, observaient les analystes de Commerzbank. Le cabinet britannique Oil Movements, qui évalue le trafic pétrolier maritime mondial, a estimé dans une note publiée la veille que les exportations de l'Opep ont atteint au cours du mois d'avril leur plus haut niveau mensuel depuis 2008, et devraient encore augmenter de 620 000 barils par jour (+2,6%) sur la période de quatre semaines qui s'achèvera le 5 mai.