La production industrielle a donné des signes d'essouflement et la déflation est reste ancrée en mars au Japon, dont l'économie peine à redécoller un an après le séisme du Tohoku et l'accident nucléaire de Fukushima. Les usines de l'archipel ont produit 1,0% de plus qu'en février, a annoncé cette semaine le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), une progression tirée par l'automobile. Ce secteur stratégique bénéficie de l'amélioration des conditions du marché aux Etats-Unis, tandis que dans l'archipel, le versement de subventions gouvernementales pour l'achat de véhicules "écologiques" apporte un soutien. Les économistes s'attendaient toutefois à une augmentation d'ensemble plus vigoureuse, et surtout les professionnels prévoient une nette baisse de 4,1% dès le mois de mai, après une légère montée en avril. "L'économie est plutôt sur la pente ascendante mais les perspectives incitent à la prudence", a expliqué Satoshi Osanai, de l'Institut de recherche Daiwa. D'après cet économiste, les constructeurs d'automobile anticipent déjà la fin du programme public de soutien. Le ministère des Affaires intérieures a par ailleurs confirmé que le Japon restait en déflation, malgré une hausse des prix à la consommation, hors produits périssables, de 0,2% sur un an en mars. Le principal facteur de cette légère progression réside en effet dans l'augmentation continue des tarifs de l'électricité, du gaz et du fuel à usage domestique, alors que les prix des produits électronique et électroménager poursuivent leur descente. A l'oeuvre depuis trois ans, ce phénomène de baisse des prix, qui décourage l'investissement des entreprises et incite les ménages à repousser leurs achats, représente l'une des principales menaces pour la reprise de la troisième puissance économique mondiale. Pour tenter d'endiguer ce phénomène pernicieux, la Banque du Japon, qui vise une inflation de 1,0%, maintient une politique de taux d'intérêt nul afin de faciliter la circulation d'argent. Mais elle subit la pression du gouvernement et du marché pour amplifier divers programmes d'assouplissement monétaire. "Il y a des signes économiques positifs, mais ils n'apparaissent que peu dans les chiffres", a souligné Takeshi Minami, de l'Institut de recherche Norinchukin. Le secteur du BTP profite notamment des dépenses supplémentaires votées par le Parlement national pour soutenir la reconstruction du Tohoku (nord-est) dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Cette double catastrophe naturelle, responsable de 19 000 morts, a fortement affecté l'économie nippone qui a terminé l'année 2011 en récession. Indication favorable, la consommation des ménages a rebondi de 3,4% en mars dernier par rapport aux faibles niveaux enregistrés en mars de l'année précédente lorsque les clients, traumatisés par les désastres, réduisaient drastiquement leurs achats. Bénéficiant d'une certaine hausse de leurs rémunérations depuis, les salariés ont repris le chemin des magasins et des concessionnaires, les ventes de véhicules motorisés bondissant de moitié sur un an. Le chômage reste en outre à bas niveau, 4,5% en mars. Le marché du travail, dont les conditions se sont améliorées, semble absorber le retour de chômeurs, qui s'étaient découragés et avaient été sortis des statistiques. Les autorités tablent sur une amélioration de la conjoncture à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, pour tirer les exportations et accélérer la reprise au Japon, mais M. Minami a prévenu que des problèmes d'approvisionnement électrique pourraient entraver la relance. Les autorités pourraient décréter des limitations de consommation de courant cet été, lorsque les climatiseurs tourneront à plein, afin de compenser l'arrêt d'une bonne part voire de l'ensemble des 50 réacteurs nucléaires du pays. Une douzaine d'unités ont été stoppées lors de la catastrophe naturelle du 11 mars 2011 qui a entraîné l'accident nucléaire de Fukushima. Les autres tranches de l'archipel, arrêtées depuis pour des opérations de maintenance, n'ont pu redémarrer en raison des nouvelles inquiétudes des riverains. La BoJ augmente son montant de rachats d'actifs, maintient le taux Le comité de politique monétaire de la Banque centrale du Japon (BoJ) a décidé cette semaine d'élargir encore ses achats d'actifs afin de donner un coup de pouce supplémentaire à l'activité et de rassurer les marchés alors que la reprise espérée se fait attendre sur fond de déflation. L'institut a décidé d'augmenter de 10 000 milliards de yens (95 milliards d'euros) ses achats de bons du Trésor à long terme, mais va réduire de 5 000 milliards de yens (47 milliards d'euros) d'autres opérations prévues, ce qui revient à une augmentation globale de 5 000 milliards de yens du montant consacré à l'acquisition d'actifs divers. Ce total passera donc à 70 000 milliards de yens (665 milliards d'euros). La BoJ a progressivement mis en place depuis la crise internationale de 2008-2009 des dispositions d'achats d'obligations d'Etat et d'entreprises ainsi que d'autres titres financiers, ainsi que des prêts à taux préférentiel. La banque, qui annoncera plus tard dans la journée ses nouvelles prévisions de croissance et d'évolution des prix à la consommation, a par ailleurs, à l'unanimité des sept membres présents (sur 9), maintenu inchangé son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, ce qui revient à encourager une politique de taux nul. Les ventes de détail montent de 10,3% en mars Le ventes de détail au Japon, ont grimpé de 10,3% en mars sur un an, rebondissant des bas-fonds touchés à cause des catastrophes naturelles et nucléaire de mars 2011, a annoncé le ministère de l'Economie cette semaine. Le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 avaient ravagé le Tohoku (nord-est de l'archipel), entraînant la mort de quelque 19 000 personnes et un accident nucléaire majeur à Fukushima Daiichi. Traumatisée et prudente, la population nippone avait alors fortement réduit ses achats. Les ventes de détail se sont toutefois peu à peu reprises et augmentent sans interruption depuis décembre. En mars 2012, les véhicules motorisés ont notamment généré des ventes de 50,4% plus importantes que l'an passé à la même époque. Non seulement les clients, plus confiants, peuvent envisager un achat aussi important, mais leur envie ou leur besoin est de surcroît encouragé par des subventions gouvernementales pour l'achat de véhicules "écologiques". Les vêtements se sont aussi beaucoup mieux écoulés (+15,5%), ainsi que, dans une moindre mesure, les carburants (+6,2%), la nourriture (+3,3%) et les produits cosmétiques (+0,7%). Les ventes de produits électroménagers et électroniques, comprenant les récepteurs de télévision, ont en revanche continué de chuter, de 12,0%. Tous secteurs confondus, les ventes dans les grandes surfaces, qui représentent environ 15% du total, ont progressé de 5,0% en mars, à périmètre constant. La reprise de la consommation est une condition importante pour dynamiser la troisième puissance économique mondiale, dont le produit intérieur brut s'est contracté au dernier trimestre d'une année 2011 entachée par les catastrophes, sur fond de conjoncture planétaire incertaine.