Le prix du baril de pétrole Brent a dépassé le seuil de 76 dollars, hier matin, pour la première fois depuis août 2006, dopé par les craintes entourant l'offre d'essence aux Etats-Unis, et par les tensions grandissantes au Nigeria. Vers 09H15 GMT, le prix d'un baril de Brent pour livraison en août a grimpé jusqu'à 75,10 dollars, un prix plus vu depuis le 14 août 2006. Le "light sweet crude", qui évolue autour de 72 dollars, accuse en revanche un retard d'environ trois dollars sur le Brent. Les cours sont tirés, à Londres comme à New York, par les inquiétudes sur l'état de l'offre de carburant aux Etats-Unis. Lors de la semaine qui s'est achevée le 29 juin, les réserves d'essence ont augmenté de 1,8 million de barils à 204,4 millions de barils.Cette progression est plus importante que prévue, mais les observateurs restent préoccupés par le niveau général qui est inférieur à celui connu habituellement alors que la demande en carburant augmente de 1,2%. Les stocks de brut étaient en hausse de 3,1 millions à 354 millions de barils et les réserves de produits distillés gagnaient 1,2 million à 121,6 millions de barils. Le marché appréhende par ailleurs un taux de fonctionnement des raffineries américaines insuffisant qui entraînerait une carence en approvisionnement en Essence. La cadence des raffineries américaines est de 90% de leurs capacités contre 89,4% la semaine précédente, mais ce taux de fonctionnement reste inférieur aux 95% jugés nécessaires par les analystes pour répondre à la demande. Les réserves d'essence ne sont pas seulement mal en point aux Etats-Unis, mais également dans le nord-ouest de l'Europe, où elles ont atteint le plus bas depuis deux mois. Et ce, alors que les réserves japonaises se sont écroulées sous leurs niveaux de 2006. Quant aux exportations chinoises, elles sont attendues à leur niveau le plus faible depuis 10 mois. Par ailleurs, l'écart enregistré entre le Brent et le "light sweet crude" s'explique par deux facteurs. D'abord, l'entassement des stocks au terminal de Cushing, dans l'Oklahoma. Même si ces stocks sont inférieurs à leurs niveaux de l'an dernier à pareille époque, les analystes craignent que l'interruption de production de la raffinerie de Coffeyville, dans le Kansas, ne les fasse augmenter, et ne déprime ainsi les prix du brut américain. Ensuite, comme le remarquaient les analystes de la banque Barclays Capital, "les preuves que la situation au Nigeria est de nouveau explosive ont contribué à creuser l'écart entre les deux pétroles". En effet, Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, une coalition de groupes armés responsables de nombreuses attaques contre le secteur pétrolier nigérian, a rompu mercredi la trêve qu'il avait décrétée il y a un mois. Dans la foulée de cette annonce, une plate-forme pétrolière a été attaquée dans la région et cinq ressortissants étrangers ont été enlevés. Une fillette de trois ans, enfant d'un expatrié britannique, a été kidnappée jeudi dans la cité pétrolière de Port Harcourt. Pour la production pétrolière nigériane, ces violences récurrentes se traduisent par un manque à gagner de 700.000 barils par jour. Le Nigeria qui est le premier exportateur de brut en Afrique, a produit moins de 2 millions de barils par jour en mai, selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).