Le pétrole prend la direction des 100 dollars. En effet, moins de deux dollars séparait hier les cours de ce seuil, ce qui laissait entrevoir un possible passage du seuil fatidique des 100 dollars le baril, selon l'état des stocks américains dévoilés dans l'après-midi. Le baril de "light sweet crude" américain a franchi pour la première fois les 98 dollars à New York, poussant jusqu'à 98,62 dollars, et le Brent de la mer du Nord a dépassé les 95 dollars, avec un plus haut à 95,19 dollars. Vers 11H00 GMT, le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre gagnait encore 1,40 dollar à 98,10 dollars contre 96,70 dollars mardi soir à New York. A la même heure, le Brent s'appréciait de 1,32 dollar, à 94,58 dollars, contre 93,26 mercredi en clôture. La nouvelle accélération des cours est due, selon des courtiers, à des craintes d'une nouvelle baisse des réserves pétrolières américaines, qui serait malvenue dans un contexte général d'incertitudes sur le niveau de l'offre par rapport à l'explosion de la demande. Elle est influencée aussi par le mauvais temps en mer du Nord qui menace actuellement la production des plates-formes. Le tout sur fond de tensions géopolitiques près de grandes zones productrices (Iran, Irak, Nigeria...). L'état des réserves pétrolières américaines pour la semaine close au 2 novembre devait être publié hier. Les experts anticipaient une diminution de 1,6 million de barils du pétrole brut au cours de la semaine dernière, en raison d'interruptions d'une partie des exportations mexicaines. Habituellement, les stocks ont tendance à se reconstituer avant l'hiver. Les stocks de produits distillés étaient également attendus en baisse, de 700.000 barils, et ceux d'essence de 100.000 barils. Les chiffres de l'Agence américaine d'information sur l'énergie devaient être publiés à 15h30 GMT. De nombreux économistes s'attendaient à voir ce 7 novembre devenir la date historique où le baril aura passé les 100 dollars, puisqu'on a vu récemment le baril gagner plus de 5 dollars dans la même journée. A 100 dollars, le baril ne serait pas cependant au niveau le plus cher de tous les temps en valeur relative. Il lui faudrait monter jusqu'à environ 110 dollars pour atteindre le niveau du deuxième choc pétrolier de 1979, selon les économistes. Par ailleurs, le département américain de l'Energie a aussi annoncé cette semaine que les stocks de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sont tombés à leur plus bas niveau depuis 5 ans. La publication d'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) mercredi matin n'a pas arrangé le climat. Elle prévoit un bond de 55% de la demande énergétique mondiale d'ici 2030, tirée par la Chine et l'Inde. Les cours du brut ont augmenté de 30 dollars depuis la mi-août, dans un contexte plus général de flambée des cours des matières premières, l'once d'or s'échange à un plus haut de 28 ans. Sur les seules deux dernières semaines, ces mêmes cours ont grimpé de 8%, sur des anticipations de resserrement des réserves en pétrole des Etats-Unis avant l'hiver. La baisse du dollar face à l'euro explique aussi pour les analystes cette hausse de l'or noir. "Le dollar a chuté fortement ce matin (hier) en Asie et habituellement cela entraîne une hausse des matières premières", selon Dariusz Kowalczyk, stratège chez CFC Seymour à Hong Kong. L'euro a atteint un nouveau sommet historique face au dollar, montant jusqu'à 1,4665 dollar en Asie dans la matinée, la monnaie américaine étant toujours plombée par des craintes de ralentissement économique et la baisse des taux d'intérêts aux Etats-Unis. "Je pense que nous nous dirigeons (vers la barre de 100 dollars). Les facteurs à l'origine de la récente augmentation des cours continuent de jouer", poursuit Kowalczyk.