Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso comptait profiter, hier, de l'élection de François Hollande en France pour remettre au goût du jour toute une série de propositions de ses services sur la croissance qui peinent jusqu'ici à se concrétiser. C'est clairement une perche que M. Barroso veut tendre à François Hollande alors que le président élu français entend faire de la relance de l'activité économique au niveau européen une priorité, souligne une source européenne proche du dossier. Le document que présentera le président de l'exécutif européen ne contient pas d'idées nouvelles, reconnaît cette source. Mais il reprend parmi les mesures présentées depuis deux ans celles susceptibles à ses yeux d'avoir l'impact le plus important pour la croissance à court terme. Et donc potentiellement de séduire le nouveau chef de l'Etat français. On sait que les Etats n'ont plus d'argent au niveau national pour faire de la relance, il faut donc utiliser l'argent disponible au plan européen, souligne-t-elle. On y retrouve des idées que le président socialiste élu a lui-même déjà reprises à son compte dans son projet de pacte de croissance visant à compléter le pacte de discipline budgétaire voulu par la chancelière allemande Angela Merkel. Et ce pour le plus grand plaisir de la Commission qui y voit un moyen de les faire avancer face à des pays qui renâclent comme l'Allemagne. Hollande semble vouloir utiliser la Commission comme plate-forme pour faire pression sur Merkel, ce qui pourrait permettre à l'exécutif européen de revenir dans le jeu, souligne la source. Concrètement, il s'agit des grands travaux d'infrastructure financés par des emprunts européens mutualisés, de l'augmentation du capital de la Banque européenne d'investissement (BEI) d'au moins 10 milliards d'euros pour soutenir ces grands projets et les petites et moyennes entreprises, d'une taxe sur les transactions financières dont une partie des recettes alimenteraient le budget de l'UE, ou encore d'une meilleure utilisation des fonds européens. M. Barroso va aussi ressortir son projet d'agenda Europe 2020 censé doper la croissance d'ici la fin de la décennie, notamment, dans les nouvelles technologies ou l'économie verte mais qui est aujourd'hui en souffrance, vu le peu d'appétit des Etats. Il entend aussi évoquer le projet bloqué de brevet industriel européen, des propositions sur l'allègement de la réglementation sur les PME ou une directive sur les services. Au-delà de ces mesures déjà connues la Commission entend surtout adresser un message politique. On est clairement dans une nouvelle donne avec le changement de pouvoir en France, souligne la source. Le chef de l'Etat sortant Nicolas Sarkozy n'a jamais caché le peu de cas qu'il faisait de la Commission et de ses projets, préférant un pilotage résolument intergouvernemental de l'Europe axé sur le couple franco-allemand, Bruxelles se retrouvant marginalisée. M. Barroso se dit qu'il a peut-être une carte à jouer avec l'arrivée de François Hollande, héritier de l'ex-président de la Commission Jacques Delors et tenant a priori d'une méthode de gestion s'appuyant plus sur les institutions européennes. La Commission cherche en particulier à savoir si le futur président socialiste sera plus enclin que son prédécesseur à accepter un futur budget pluri-annuel important pour l'Union européenne (2014-20). Il est en cours de négociations. La Grande-Bretagne est le chef de file de l'opposition à un budget en hausse mais la France était jusqu'ici en seconde position, elle était très négative avec Nicolas Sarkozy, j'ai espoir que les choses changent, dit un responsable européen de haut rang sous couvert d'anonymat.