Les dirigeants de l'UE vont se retrouver le 23 mai à Bruxelles pour une réunion extraordinaire qui marquera le baptême du feu européen du président élu français François Hollande et doit permettre de discuter des moyens de relancer la croissance, nouvelle priorité du moment. Le mercredi, sera la date du dîner informel des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, a indiqué M. Van Rompuy. Il avait jusqu'ici indiqué seulement qu'il envisageait une telle réunion et n'avait pas donné de date. Elle servira à préparer et à déminer si possible le sommet formel des dirigeants européens prévu de longue date qui se tiendra les 28 et 29 juin à Bruxelles. Ce sera la première réunion de chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE avec François Hollande, qui a largement contribué durant sa campagne électorale à relancer le débat sur la nécessité de faire de la croissance en Europe une priorité. Il exige un pacte complémentaire sur le sujet au niveau européen faisant pendant au pacte de discipline budgétaire, signé en mars par 25 pays de l'Union européenne et exigé par l'Allemagne d'Angela Merkel. Les discussions s'annoncent compliquées car si les appels en faveur de la croissance se multiplient en Europe, elles masquent encore des divergences importantes sur les moyens de la relancer. Berlin, et avec lui la plupart des gouvernements de droite et centre-droit en Europe, prône des réformes structurelles pour stimuler la croissance mais exclut toute relance de type keynésien par la demande, comme le suggère le président français élu. Afin de tenter d'ajuster leurs vues, la chancelière allemande Angela Merkel rencontrera M. Hollande juste après le 15 mai, date de la passation de pouvoir avec le président sortant Nicolas Sarkozy. Mais elle n'entend pas accepter une renégociation du pacte budgétaire.Profitant du retour de la croissance à l'agenda européen, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté, hier, les gouvernements de l'UE à se mobiliser pour mettre en œuvre les propositions déjà mises sur la table par ses services et qui restent en souffrance. De nombreuses propositions de la Commission sont sur la table et attendent le feu vert des Etats membres et du Parlement. Même si le retour à une croissance prendra du temps, on pourrait atteindre un tournant à la fin de l'année si les bonnes décisions sont prises maintenant, a-t-il indiqué. Nous devons profiter de la dynamique actuelle pour mettre en œuvre les mesures évoquées et faire redémarrer le moteur en panne de la croissance européenne, a-t-il plaidé lors d'une conférence de presse à Bruxelles. Nous devons intensifier nos efforts pour renforcer la croissance, nous devons accroître les investissements publics et en faire bon usage, a renchéri, le commissaire en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, également présent. Outre son projet d'agenda Europe 2020 qui se concentre sur les nouvelles technologies ou l'économie verte, l'exécutif européen suggère de mettre en place des emprunts européens mutualisés (Project Bonds), d'augmenter le capital de la Banque européenne d'investissement (BEI) d'au moins 10 milliards d'euros pour venir en aide aux PME et lancer une taxe sur les transactions financières dont une partie des recettes alimenteraient le budget de l'UE. François Hollande, chef de l'Etat élu en France, a déjà largement repris ces idées à son compte dans son projet de pacte de croissance. M. Barroso essaie du coup de surfer sur la vague créée par le changement de pouvoir en France. Il voit le chef de l'Etat élu comme un possible allié pour promouvoir ses propres propositions sur la scène européenne.