Le Maroc a décidé unilatéralement de retirer sa confiance dans l'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, après ses décisions jugées partiales et déséquilibrées, a indiqué avant-hier le gouvernement dans un communiqué officiel. Les comportements contrastés de M. Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations dans le Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental, ajoute le communiqué. L'Américain Christopher Ross a été désigné en janvier 2009 émissaire spécial pour la Sahara par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Il s'agit du premier accroc sérieux depuis longtemps entre le Maroc et l'ONU sur ce sujet très sensible. Cette décision du gouvernement marocain intervient quelques semaines après la publication d'un rapport de l'ONU critique de certaines pratiques des autorités marocaines vis-à-vis du travail des casques bleus onusiens dans le Sahara occidental. Ce rapport avait précédé l'adoption le 24 avril d'une résolution du Conseil de sécurité prolongeant pour un an le mandat de sa Mission au Sahara occidental (MINURSO), tout en demandant au Maroc d'améliorer la situation des droits de l'homme dans ce territoire qu'il contrôle. Dans sa résolution, le Conseil de sécurité demande à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, notamment en ce qui concerne sa liberté d'interaction avec tous ses interlocuteurs et de prendre les mesures voulues pour garantir sa sécurité ainsi qu'une totale liberté de circulation. Ban Ki-moon devra informer le Conseil au moins une fois par an des difficultés rencontrées par la Mission. Selon le communiqué du gouvernement marocain, le comportement de M. Ross est marqué par une méthode déséquilibrée et partiale de travail dans plusieurs cas, sans donner plus de précisions. Les derniers pourparlers informels entre le Maroc et le Polisario sur le Sahara occidental qui se sont déroulés pendant trois jours en mars dernier, dans la banlieue de New York, n'ont apporté aucun progrès sur le fond, avait indiqué Christopher Ross. Ce dernier avait également annoncé qu'il se rendrait dans la région à la mi-mai, y compris une visite étendue au territoire du Sahara occidental, la première du genre en tant qu'émissaire de l'ONU. Ban Ki-moon a "pleinement confiance" en Christopher Ross A la question de savoir quelle était la réaction de l'Onu après l'annonce, d'avant-hier, par le Maroc de sa décision de retirer sa confiance à l'émissaire onusien pour le Sahara occidental, le porte-parole du secrétaire général l'ONU, Martin Nesirky, a déclaré avant-hier que, Ban Ki-moon, a pleinement confiance en son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, Christopher Ross."Nous avons pris connaissance de cette information, le secrétaire général de l'Onu a pleinement confiance en Christopher Ross et si j'ai d'autres commentaires, je vous le ferai savoir", a ajouté le porte parole de Ban Ki-moon. Front Polisario : la décision du Maroc envers Christopher Ross est "infondée" et "arbitraire" Le ministère sahraoui de l'Information a indiqué hier que la décision unilatérale du Maroc de retirer sa confiance à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, est non seulement infondée et arbitraire mais elle est également grave et injustifiée. "Le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie estiment infondée et arbitraire la décision du Maroc de retirer sa confiance à l'envoyé personnel du Secrétaire général de l´ONU, Christopher Ross, dans la poursuite de la mission qui lui a été confiée par le Secrétaire général de l'ONU et le Conseil de sécurité pour la recherche d´une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental garantissant le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination", a indiqué le ministère sahraoui. En conséquence, a-t-il poursuivi, "cette décision, aussi grave qu'injustifiée, est un nouveau défi intolérable et inadmissible du Maroc à la communauté internationale, au Secrétaire général de l'ONU et au Conseil de sécurité qui, dans sa résolution 2044 du 24 avril dernier, a considéré le statut quo inacceptable et a réaffirmé son soutien à l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l'action qu'il mène pour faciliter les négociations entre les parties". En agissant de la sorte, ajoute le ministère sahraoui de l'Information, "le Maroc veut s'arroger, sans vergogne, le droit de dicter au Secrétaire général de l'ONU le contenu de ses rapports au Conseil de sécurité et de décider de la conduite que doit suivre son Envoyé personnel au Sahara occidental". En outre, le Maroc veut, par la même, tout faire pour réduire à néant la crédibilité et la neutralité opérationnelles de la MINURSO, tel que décrié dans le dernier rapport du Secrétaire général, bloquer le processus de paix et continuer à violer impunément les droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés", a-t-il soutenu. "Tout en renouvelant la volonté des autorités sahraouies à poursuivre leur soutien et leur coopération loyale avec les efforts du Secrétaire général de l'ONU et de son Envoyé personnel, M. Christopher Ross, pour mener à terme le processus de décolonisation du Sahara occidental, le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie lancent un appel pressant au Conseil de sécurité pour qu'il prenne les mesures et décisions nécessaires à même de sauvegarder et protéger l'autorité des Nations unies et la crédibilité de son œuvre de paix au Sahara Occidental des dérives et conséquences de la stratégie de fuite en avant poursuivie par le Maroc", a insisté le ministère sahraoui de l'Information.