Lors d'une conférence-débat animée à l'Ecole nationale polytechnique d'El Harrach à Alger, le Dr. Lamine Khène, a indiqué, jeudi dernier que la grève du 19 mai 1956 a été décidée par les étudiants eux-mêmes et après concertation, sans qu'ils n'aient reçu d'instruction ou de mot d'ordre de quelque partie que ce soit. "Ce sont les étudiants eux-même qui ont décidé, à la majorité et après concertation, de la grève, lors d'une réunion que j'ai présidée au cercle des Oulémas qui se trouvait à proximité de la mosquée Ketchoua", a précisé M. Khène devant un parterre d'étudiants. Il a ajouté que Allaoua Benbaatouche, qui était membre du comité directeur de l'Union générale des étudiants musulmans algériens, devait présider cette réunion mais, sans doute, submergé par l'émotion n'a pu prononcer un mot devant l'assistance. L'intervenant a expliqué qu'il avait essayé vainement d'appeler Belaid Abdeslam (également membre de l'UGEMA) à Paris pour lui communiquer la décision de la section d'Alger de l'union, avant que quelqu'un ne vienne le voir pour lui dire que Benyoucef Benkhedda lui demandait de déclencher la grève sans plus attendre. "Je connaissais l'émissaire et puis Benkhedda était mon aîné, il était responsable au sein du Front de libération nationale et je n'avais besoin ni d'écrit ni de notification", a-t-il poursuivi. Pour ce qui est de l'appel de la grève, M. Khène a indiqué que c'était une "lourde responsabilité" que de rédiger cet appel, un texte qui "recueillera quasiment tous les suffrages", a-t-il dit. "J'ai donné le texte à Salah Benkobbi, qui était un membre du bureau de section de l'UGEMA, qui l'a transmis pour sa part à Benkhedda", a-t-il signalé. Abderrahmane Khène, dit Lamine Khène, né en 1931 à Collo, a milité au sein du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. Il effectuait des études en médecine à l'université d'Alger lorsqu'il cofonda l'UGEMA en 1955. Partisan de la grève des étudiants en 1956, il a rejoint l'Armée de libération nationale où il a été promu capitaine chargé de la santé. À l'indépendance il a terminé ses études de médecine et présidé l'organisme de mise en valeur des richesses du sous-sol algérien, puis l'office de coopération industrielle en 1966, avant d'être nommé ministre des travaux publics. Le Dr Khène a également occupé les fonctions de secrétaire général de l'OPEP, puis de président de l'ONUDI. Les jeunes doivent tirer les leçons du 19 mai 1956 Lors d'une conférence organisée par le centre culturel islamique jeudi dernier à l'occasion de la célébration de la journée nationale de l'étudiant, les professeurs d'histoire à la faculté d'Alger ont appelé les jeunes à tirer les leçons de la date historique du 19 mai 1956, jour où les étudiants ont déserté les bancs de l'université pour rejoindre les rangs de l'Armée de libération nationale. Dans une intervention, le Pr Allal Bitour a évoqué le rôle de l'Union générale des étudiants musulmans algériens dans la réussite de la grève, soulignant la position de l'ancien chef du gouvernement, Belaid Abdesselam, qui a insisté pour l'ajout du mot musulman à l'appellation de l'union. Il a relevé qu'à cette époque, qu'outre les zaouïas et les lycées, il n'existait que la faculté d'Alger où étaient enseignées deux spécialités seulement à savoir le droit et la médecine. D'autres étudiants se rendaient au Maroc ou en Tunisie pour poursuivre leurs études, a-t-il ajouté. Pour sa part, le Pr. Aissa Hadj a indiqué que les jeunes étudiants qui avaient répondu à l'appel du 19 mai, ont démontré que la révolution était bien une révolution populaire ayant mobilisé toutes les catégories y compris les étudiants qui ont fait preuve d'une grande maturité vis-à, vis de la cause nationale. Le Pr Salah Eddine Chaabani a souligné que l'histoire n'est pas uniquement un mécanisme d'édification de la société, mais également des civilisations. L''étudiant a prouvé le 19 mai qu'il était capable de définir des objectifs précis, mettant l'accent sur l'"union" qui était son point fort. Pour sa part, Abdelkader Sayeh, chef du département d'action culturelle au centre culturel islamique, a indiqué que le 19 mai constitue une référence pour l'étudiant en terme de sacrifice pour atteindre des objectifs nationaux.