La semaine à venir sera cruciale pour tenter de trouver une issue dans la crise sur le programme nucléaire iranien, pacifique, selon Téhéran, ou à visée militaire, d'après les Occidentaux, avec une réunion-surprise à Téhéran aujourd'hui et une seconde en Irak, à Bagdad, le 23 mai. A Téhéran, le directeur-général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le Japonais Yukiya Amano, accompagné du chef des inspecteurs de l'agence onusienne, le Belge Herman Nackaerts, effectuait, hier et aujourd'hui, une visite-surprise pour demander à l'Iran une plus grande coopération afin de lever les suspicions quant à la nature de son programme nucléaire controversé. Sur place, il rencontrera le chef des négociateurs iraniens sur le nucléaire, Saïd Jalili. Cette réunion à Téhéran annule et remplace celle prévue lundi à Vienne, qui devait faire suite à deux jours de discussions les 14 et 15 mai dans la capitale autrichienne, la première rencontre après l'échec de deux missions de l'AIEA en Iran en début d'année. La République islamique avait alors refusé l'accès au site militaire de Parchin.Pour un diplomate occidental auprès de l'AIEA, la décision-surprise de Yukiya Amano de se rendre lui-même à Téhéran met l'Iran au pied du mur quant à sa volonté réelle de répondre aux inquiétudes de la communauté internationale. Le 23 mai, à Bagdad, les responsables iraniens rencontreront le Groupe 5+1 (les cinq pays avec droit de veto au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) plus l'Allemagne) et l'Union européenne (UE). En 2009 et 2011, à Genève et Istanbul, des discussions dans le même cadre n'avaient rien donné, mais une nouvelle consultation à Istanbul les 13 et 14 avril avait été jugée constructive et utile par la représentante de la diplomatie de l'Union européenne, la Britannique Catherine Ashton. Ces deux réunions constituent une nouvelle tentative pour trouver une issue diplomatique à une crise qui a connu une escalade depuis la prise de position du président américain Barack Obama en janvier 2009, lequel s'était alors déclaré ouvert au dialogue avec Téhéran si l'Iran desserre le poing. Depuis, l'Iran a considérablement accru ses activités nucléaires: Téhéran procède à l'enrichissement d'uranium jusqu'à 20%, pas significatif vers l'enrichissement de l'uranium à 90%, qui permet la fabrication de l'arme atomique. La communauté internationale, craignant l'accès à l'arme nucléaire de la République islamique, a sanctionné le pays, notamment son secteur vital du pétrole. Israël a indiqué qu'il pourrait lancer des frappes militaires contre l'Iran si la diplomatie venait à échouer. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a reproché le 18 mai à l'Iran de chercher à gagner du temps. En mars, Barack Obama avait préféré mettre l'accent sur la voie diplomatique, précisant toutefois qu'il n'hésiterait pas utiliser la force si nécessaire. La Chambre des représentants a mis le 17 mai la pression sur le président américain, pour empêcher le gouvernement iranien d'acquérir la capacité de fabriquer une arme nucléaire. L'Iran veut que la communauté internationale reconnaisse son droit à un programme nucléaire pacifique, que les sanctions économiques soient levées et que la menace d'une intervention militaire se dissipe. De leur côté, les Occidentaux - la Chine et la Russie ayant une position nettement plus modérée - exigent de la République islamique une série de preuves quant au caractère non-militaire de ses activités nucléaires. A priori, aucun résultat spectaculaire n'est attendu à l'issue des deux réunions: Une issue positive de la réunion de Bagdad serait de permettre la poursuite du dialogue, a ainsi estimé un diplomate du Groupe des 5+1. Le G8 appelle l'Iran à saisir sa chance à Bagdad Les dirigeants du G8 ont appelé, avant-hier, l'Iran à saisir sa chance lors de la réunion de Bagdad avec le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, plus Allemagne) afin de rétablir la confiance envers son programme nucléaire controversé. Réunis à Camp David (Maryland, est des Etats-Unis), les chefs des huit pays les plus industrialisés ont estimé que Téhéran devait saisir sa chance lors de la réunion de, mercredi, afin d'engager des discussions approfondies sur des mesures concrètes et dans un avenir proche à même de conduire à une solution négociée qui rétablisse la confiance internationale dans le fait que le programme nucléaire iranien est entièrement pacifique, indique le communiqué final. Le G8 a par ailleurs rappelé son unité concernant la profonde inquiétude nourrie au sujet du programme nucléaire iranien, considéré par les pays occidentaux comme ayant une portée militaire, malgré les démentis de la République islamique. Le président américain Barack Obama avait toutefois un peu plus tôt, avant-hier, assuré que lui et ses partenaires nourrissaient des espoirs sur les résultats des discussions de Bagdad. Nous sommes tous fermement engagés à poursuivre une approche de sanctions et de pression, conjointement à des discussions diplomatiques. Nous espérons que nous pourrons résoudre ce problème d'une façon pacifique, qui respecte la souveraineté de l'Iran et ses droits au sein de la communauté internationale, mais qui reconnaisse aussi ses responsabilités, avait-il dit. Le communiqué final du G8 presse en outre Téhéran de se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l'homme et de libertés fondamentales, notamment de religion et de presse, ainsi qu'à mettre fin aux tortures et exécutions arbitraires.