Durant trois jours, (les 21, 22 et 23 mai 2012), Casablanca accueille la conférence, Solar Maghreb, dédiée à l'énergie solaire et aux défis de développement d'un marché solaire nord-africain. Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), les plans solaires se multiplient ces dernières années ; des plans adossés à des programmes d'intégration industrielle en vue d'accroître leur rentabilité. Le plus avancé reste le Plan solaire marocain, qui prévoit l'installation de 2 gigawatts (GW) à l'horizon 2020, dont 160 MW sur le site d'Ouarzazate en 2014 pour la première phase du projet. D'ici 2030, la Tunisie envisage également 1,76 GW. L'Algérie qui a lancé un programme national des énergies renouvelables important et avec un partenariat européen, table sur la production de 12 GW d'ici 2030. Tous les moyens nécessaires comme notamment la fabrication des panneaux solaires et la production du silicium sont actuellement réunies dans le cadre de la coopération avec les Allemands leaders mondiaux dans le secteur. De son côté, l'Arabie saoudite veut se doter de 41 GW de solaire dans les vingt prochaines années. Si le coût de production de l'énergie solaire n'est pas encore à parité avec les énergies conventionnelles, le coût des technologies utilisées, principalement la centrale thermo solaire concentrée (CSP), est appelé à diminuer fortement ces trente prochaines années. La technologie CSP est privilégiée car la plus éprouvée au monde, notamment aux Etats-Unis, permet le stockage de l'énergie solaire. Les centrales thermiques solaires à concentration utilisent des miroirs pour concentrer la lumière du soleil et créer suffisamment de chaleur pour générer de la vapeur. Celle-ci sert ensuite à actionner des turbines et des alternateurs produisant de l'électricité. La rentabilité du solaire devrait aussi s'accroître avec l'exportation vers l'Europe. Le continent a en effet pour objectif une réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre en 2050 (par rapport à 1990). Des exportations qui passeront par le Maroc, seul pays connecté à l'Europe via l'Espagne, avec deux câbles de 400 KV. Une troisième ligne de 700 MW avec l'Espagne est en projet. Elle permettra de porter la puissance d'échange à 2100 MW. Parallèlement, les financements très concessionnels octroyés par les bailleurs de fonds pour stimuler le secteur iront en diminuant. " Aujourd'hui, une course s'est engagée dans le monde entre les pays pour acquérir une position de leader sur le marché ", souligne Silvia Pariente-David, spécialiste énergie pour la région Moyen- Orient et Afrique du Nord, à la Banque mondiale. Parmi ces pays: les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud ou encore l'Algérie et le Maroc. Pour construire cette centrale CSP à miroirs cylindro-paraboliques, trois groupements, emmenés par l'Espagnol Abeinsa Ingeneria, l'Italien Enel et le Saoudien Acwa Power International, ont été préqualifiés au Maroc pour la réalisation d'une centrale du côté de Ouarzazate. L'enjeu du solaire qui se pose aujourd'hui en termes d''optimisation du coût passe, selon les experts, par l'optimisation de l'investissement. À proximité de la centrale d'Ouarzazate, 300 hectares seront consacrés à la recherche et développement. Des prototypes expérimentaux seront testés sur le terrain. Mais on vise un taux de contenu local de 30% du coût d'investissement de la centrale. À terme, la seconde phase d'Ouarzazate devrait voir l'installation de 50 MW photovoltaïques et 300 MW CSP (avec au moins 50 MW pour la technologie CSP à tour). Dans ce contexte, une nouvelle structure vient de voir le jour : la Plateforme arabe pour l'énergie renouvelable et l'efficience énergétique (APFREEE). Son objectif est d'initier et de développer la coopération, le transfert de connaissances et de savoir-faire technique et technologique entre les agences gouvernementales, les ministères de l'Energie, les entreprises, les universités… afin de contribuer au développement de la filière solaire dans la sous-région.