Les prix du pétrole poursuivaient, avant-hier, leur net repli en fin d'échanges européens, minés par les craintes sur la zone euro après un abaissement de la note de l'Espagne, dans un marché par ailleurs déçu par l'allocution la veille du président de la banque centrale américaine (Fed). Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait 97,79 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,14 dollars par rapport à la clôture de la veille. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet a cédé 72 cents par rapport à la clôture de la veille, à 84,10 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le marché évolue dans la confusion, il n'y a pas de grosses positions, les bourses sont incertaines, les matières premières sont en repli et beaucoup d'investisseurs ne sont pas présents, a résumé Rich Ilczyszyn, courtier chez iiTrader. Les cours du baril accentuaient leur chute de la veille, dans un marché nerveux, effaçant quasi intégralement le rebond enregistré sur les trois premiers jours de la semaine. "Le discours de Ben Bernanke (président de la Fed) a mis un terme au rebond des prix" et précipité leur chute, observait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix. "Pas plus que Mario Draghi", le président de la Banque centrale européenne (BCE) qui s'est exprimé un jour auparavant, "il n'a fourni de détails sur d'éventuelles nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif, ce qui a déçu les investisseurs" qui tablaient sur un nouveau coup de pouce de la Fed, soulignait M. Jakob. Lors d'une audition devant un comité du Congrès, le président de la Fed s'est montré avare de détails sur les perspectives de politique monétaire de l'institution, tout en estimant que la croissance économique semblait "devoir continuer à un rythme modéré dans les trimestres à venir". Ces commentaires ont douché les spéculations sur une intervention à court terme de la Fed par des injections de liquidités dans l'économie américaine, dont la reprise montre pourtant des signes de faiblesse. Par ailleurs, "les craintes d'une aggravation de la contagion de la crise de la dette dans la zone euro ont été avivées par l'abaissement de la note de crédit de l'Espagne" par l'agence de notation financière Fitch, alors que le pays se débat face aux colossales difficultés de son secteur bancaire, indiquaient les experts du cabinet viennois JBC Energy. Fitch a abaissé la note espagnole de trois crans (A à BBB), à deux crans d'être considérée comme un investissement spéculatif, évoquant notamment le "coût budgétaire d'une restructuration et d'une recapitalisation du secteur bancaire espagnol" et assortissant la note d'une perspective négative. Dans ce contexte, le renchérissement du dollar face à un euro sous pression contribuait à tirer les cours du baril vers le bas, en rendant encore moins attractifs les achats de pétrole, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises. De plus, la baisse surprise des taux d'intérêt en Chine annoncée la veille, qui avait brièvement dopé les prix des matières premières en laissant présager une demande énergétique accrue du deuxième pays consommateur de brut, contribuait, avant-hier, à peser sur le marché. "On peut se demander ce que cette baisse, la première depuis 2008, traduit de l'état réel de l'économie chinoise", et si elle ne répond pas à une aggravation de la situation économique du géant asiatique, indiquait Olivier Jakob. La décision de la banque centrale chinoise intervient avant la publication d'une série d'indicateurs économiques pour mai, qui seront scrutés par les investisseurs après le net ralentissement de l'économie chinoise enregistré en avril. Les cours ont été très plats, avant-hier, car il y avait beaucoup de développements dangereux dans l'actualité, a relevé le courtier. En particulier, le marché anticipe un accord sur lequel l'Espagne travaillerait pour rester à flot. On ne connait pas la situation monétaire et budgétaire en zone euro, ni la magnitude de la crise, a insisté M. Ilczyszyn pour expliquer le désarroi des investisseurs. Enfin, à ce contexte d'incertitude, s'ajoutent les volumes record des stocks américains, qui évoluent depuis trois semaines à des sommets depuis l'été 1990. Ceci, alors les douze pays membres de l'OPEP doivent se réunir le 14 juin à Vienne alors que plusieurs voix réclament l'abaissement du quota fixé en décembre à 30 mb/j pour leur offre conjuguée. Les cours du pétrole étaient en baisse en Asie, dans un marché déçu par le président de la banque centrale américaine qui n'a laissé deviner aucune modification de la politique monétaire américaine pour soutenir la reprise. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet reculait de 2,04 dollars à 82,78 dollars, dans les échanges matinaux. Le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance cédait 1,48 dollars, à 98,45 dollars.