Les cours du pétrole étaient en baisse, avant-hier, en Asie, sous l'effet de la hausse des stocks hebdomadaires américains de brut, et malgré les déclarations rassurantes de la Fed, ont indiqué les analystes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin perdait 10 cents à 104,02 dollars US lors des échanges matinaux. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin cédait 20 cents à 118,92 USD. Victor Shum, du cabinet de consultants Purvin and Gertz, a attribué le repli du marché aux "chiffres sur les stocks de pétrole américains", publiés la veille. "Les réserves de brut ont augmenté de 4 millions de barils, alors que le marché tablait sur une progression de seulement 1,5 million", a-t-il relevé. Sur les quatre dernières semaines, les stocks américains ont gonflé de 23 millions de barils, dénotant une faible demande en produits pétroliers aux Etats-Unis. La veille, les cours avaient augmenté à New York, soutenus par des commentaires de la banque centrale américaine (Fed) jugés globalement positifs sur les perspectives de la reprise économique américaine. La Réserve fédérale a indiqué que l'économie donnait des signes de ralentissement aux Etats-Unis mais que la croissance du pays devrait se redresser à terme. Elle a aussi annoncé son intention de continuer à soutenir la reprise autant que possible. Le pétrole monte en Europe Les prix du pétrole montaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, dans un marché sans grand élan qui continuait de digérer des déclarations jugées rassurantes de la Réserve fédérale américaine (Fed), alors que les craintes sur la demande mondiale de brut restent vives. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 119,78 dollars, gagnant 66 cents par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance progressait de 53 cents à 104,65 dollars. Les cours du baril ont remonté lorsque la Fed a indiqué la veille qu'elle prévoyait une accélération de la croissance économique à moyen terme aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut dans le monde, soulignait Peter Bassett, analyste du courtier Westhouse Securities. Cette hausse s'est poursuivie, avant-hier: l'appétit pour les actifs jugés risqués (dont les matières premières) était toujours alimenté par les déclarations de la Fed, d'autant plus que l'institution a laissé la porte ouverte à de nouvelles injections de liquidités pour soutenir l'économie, ajoutait David Morrison, analyste de GFT Markets. De telles mesures sont habituellement de nature à diluer la valeur du dollar, ce qui rend plus attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises. Cependant, le marché reste sans grande direction, le WTI n'arrive pas à monter au-dessus de 105 dollars, et à Londres, le Brent échoue à dépasser le seuil de 120 dollars, ils fluctuent dans une fourchette très étroite, observait Jack Pollard, analyste du courtier Sucden. Selon lui, l'élan apporté par les commentaires de la Fed a été nettement tempéré par le net repli, plus fort qu'attendu, de l'indice de confiance des chefs d'entreprises et des consommateurs en zone euro, alors que les inquiétudes sur la situation de l'Union monétaire et en particulier de l'Espagne continuent de hanter le marché. En outre, un certain apaisement des inquiétudes géopolitiques contribuait également à pénaliser les cours du baril. Selon des informations de presse, l'Iran étudierait la possibilité de suspendre ses activités nucléaires existantes et de stopper la construction de nouvelles centrales pour échapper aux sanctions de l'Union européenne (UE), relevait M. Basset. Une prime de risque gonfle depuis plusieurs mois les prix du baril, alimentée par les craintes d'une perturbation de l'offre de brut iranienne en raison des sanctions internationales contre Téhéran - soupçonné par les pays occidentaux de conduire un programme nucléaire à visée militaire. Si les tensions dans le dossier iranien s'apaisent, il apparaîtra qu'un prix du baril de 120 dollars à Londres n'est pas justifié, notamment étant donné l'excédent de production actuel d'environ 1 million de barils par jour sur le marché pétrolier mondial, notaient les experts de Commerzbank. Selon eux, cette situation était illustrée par la forte hausse de 4 millions de barils des stocks de brut aux Etats-Unis sur la semaine achevée le 20 avril, un chiffre dévoilé la veille qui avait momentanément fait chuter les cours, car il témoignait également d'une consommation maussade dans le pays. De fait, les stocks de brut à Cushing, principal terminal pétrolier du pays (dans l'Oklahoma, sud), sont montés à un niveau proche du record historique enregistré en avril 2011. Le pétrole finit en hausse à New York Les prix du pétrole ont fini en légère hausse à New York, avant-hier, profitant du repli du dollar, dans un marché qui est resté relativement calme en attendant de connaître les chiffres du PIB américain. Le baril de WTI light sweet crude pour livraison en juin a terminé à 104,55 dollars, en hausse de 43 cents par rapport à la clôture de la veille, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le marché pétrolier a profité du repli du billet vert, a souligné Rich Ilczyszyn, analyste de iiTrader.com, expliquant que Wall Street a continué à analyser les conclusions du FOMC, le Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale. Une intervention de l'institution de Washington serait très constructive pour le marché pétrolier, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. La monnaie américaine est en effet restée pénalisée par des déclarations de Ben Bernanke, le président de la Fed, qui a évoqué la veille, la possibilité d'un assouplissement monétaire supplémentaire si besoin était. Or, de telles mesures se traduisent habituellement par des injections de liquidités dans la première économie mondiale qui ont pour effet de diluer la valeur de la devise américaine, ce qui rend plus attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises. Les investisseurs écoutent Ben Bernanke en bons élèves et fixent les prix en pariant sur une reprise progressive de l'économie grâce à des taux d'intérêts bas, a expliqué Phil Flynn, de PFG Best. La prime de risque revient, a-t-il avancé. Reste que la réunion du FOMC d'hier était une répétition de celle de mars et n'a pas fourni de nouvelle réponse, a estimé M. Ilczyszyn. On va avoir une bonne indication de la direction à venir de l'économie du premier consommateur mondial de brut, a-t-il fait valoir. Le marché pétrolier a par ailleurs été bridé par la pression des bourses qui ont reculé en raison de l'inquiétude pour la dette souveraine espagnole et les perspectives négatives sur le budget espagnol, a commenté Andy Lipow, soulignant que les déboires de Madrid faisaient craindre pour la croissance mondiale. Les cours étaient en outre une fois encore soutenu par le joker iranien, a remarqué M. Ilczyszyn, citant des informations faisant état de la volonté de Téhéran de ne pas se livrer à l'enrichissement nucléaire. L'Iran souhaite accepter la proposition russe de ne pas pousser plus loin son programme nucléaire, a rapporté Commerzbank, expliquant qu'en retour l'Union européenne devrait lever son embargo sur le pétrole iranien, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. Toutefois, le marché reste prudent avant d'avoir plus de détails, a noté M. Ilczyszyn.