Le comité de politique monétaire de la Banque centrale du Japon (BoJ) a décidé, avant-hier, de maintenir son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, ce qui revient à encourager un taux nul, sans élargir son dispositif d'assouplissement monétaire. Ce statu quo a été décidé à l'unanimité des membres présents. La décision de la banque était attendue par les investisseurs de la Bourse de Tokyo dont certains pensaient qu'elle accentuerait ses efforts comme l'y a invité récemment un responsable du Fonds monétaire international (FMI). L'institut s'était déjà abstenu fin mai de prendre de nouvelles mesures après avoir mis en place des dispositions complémentaires fin avril en augmentant de 5 000 milliards de yens (près de 50 milliards d'euros) le montant consacré à l'acquisition d'actifs divers pour dynamiser l'activité. La banque avait alors hissé le total à 70 000 milliards de yens (quelque 700 milliards d'euros), ce qu'elle juge toujours suffisant pour l'heure. Dans ce cadre, elle effectue des achats d'obligations d'Etat et d'entreprises ainsi que d'autres titres financiers et consent des prêts à taux préférentiel. Dans son communiqué, suivant une réunion débutée la veille, le comité de la Banque du Japon justifie l'absence de mesures additionnelles par une relative amélioration de la situation intérieure, même si elle note que "les économies étrangères ne sont pas encore sorties de la phase de ralentissement". Elle ajoute cependant que "quelques signes positifs sont néanmoins apparus". Elle relève de surcroît qu'une certaine nervosité se manifeste toujours sur les marchés, principalement à cause de la crise d'endettement de nations européennes. "Une attention particulière doit être portée à l'évolution de l'attitude des marchés", souligne l'institution. Mercredi, le gouverneur, Masaaki Shirakawa, avait averti que ces turbulences constituaient le principal facteur de risque pour le Japon, compte tenu notamment de la hausse de la monnaie japonaise qu'elle induit face à l'euro délaissé. Toutefois, la banque juge par ailleurs que "l'activité économique japonaise se reprend modérément grâce à la demande intérieure soutenue, via les commandes publiques, par les besoins issus de la reconstruction du nord-est dévasté par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. La consommation des particuliers elle aussi est sur une tendance positive", selon la BoJ, et les exportations "montrent des signes de reprise", le tout entraînant un regain sur le volet de la production industrielle. L'évolution de l'indice des prix à la consommation, qui reste calé autour de zéro, reste toutefois une préoccupation majeure pour la banque centrale. La déflation lancinante qui perdure au Japon, ainsi que les difficultés liées au ralentissement économique extérieur, ont jusqu'à présent retardé le redémarrage de l'économie nippone. Bien que la BoJ table sur le dynamisme des nations émergentes pour doper les exportations nippones, les effets se font encore attendre. La banque dit reconnaître que "l'économie japonaise traverse une phase de défi pour vaincre la déflation et revenir sur le chemin d'une croissance durable sur fond de stabilité des prix", équivalent pour elle à une inflation de l'ordre de 1% d'un an sur l'autre. En conséquence, "la banque va continuer de conduire une politique monétaire appropriée", ce qui signifie qu'elle ne la durcira pas tant qu'une amélioration significative ne sera pas constatée sur le front de la croissance et de l'évolution des prix à la consommation. Le japon prêt à appuyer un appel des USA pour inciter l'Europe à d'autres mesures Le ministre japonais des Finances a déclaré, avant-hier, qu'il était prêt à se joindre au secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, lors du G20 la semaine prochaine, pour appeler l'Europe à prendre de nouvelles mesures afin de lutter contre la crise d'endettement. "M. Geithner semble vouloir inviter les décideurs européens à prendre diverses actions spécifiques", a déclaré à la presse Jun Azumi. "Je voudrais entendre directement de sa part ce qu'il a à l'esprit, et si cela s'avère être quelque chose que nous pouvons soutenir, j'exhorterai (les dirigeants) européens à agir dans le sens proposé par les Etats-Unis", a-t-il précisé. "Au cours de la réunion du G20, un message fort doit être envoyé au monde concernant la question de la crise de la dette européenne", a prévenu le gardien des deniers publics japonais, lequel se rendra à Los Cabos, au Mexique, en compagnie du Premier ministre, Yoshihiko Noda. M. Geithner avait pour sa part déclaré que tous les yeux seront rivés sur l'Allemagne et d'autres "acteurs majeurs" dans la région afin de clarifier les propositions pour endiguer la crise. Les commentaires de MM. Geithner et Azumi augmentent la pression sur les responsables de la zone euro avant le sommet du G20 qui devrait être largement consacré aux problèmes financiers des pays de la zone euro. Le Japon, qui exporte beaucoup vers l'Europe, est durement affecté par la chute de la monnaie européenne vis-à-vis du yen, un mouvement dû à la crise d'endettement et qui sabote la compétitivité des marchandises nippones sur les marchés du Vieux continent. Dans le but de limiter l'impact de la crise européenne, l'archipel a été un acheteur régulier des obligations émises par le Fonds de secours de la zone euro (FESF), ayant déboursé 260 millions d'euros en décembre et un 300 millions en novembre. A la fin de la semaine dernière, l'Espagne est devenue le quatrième pays à se voir promettre des fonds de secours, après la Grèce, l'Irlande et le Portugal, grâce à l'approbabtion par ses partenaires européens d'un plan d'aide de 100 milliards d'euros destiné à renflouer son secteur bancaire en difficulté. Des craintes existent en outre sur le maintien de la Grèce dans la zone euro à l'issue de nouvelles élections législatives qui auront lieu aujourd'hui.