La gauche française semble bien partie pour remporter dimanche le second tour des élections législatives qui pourraient se traduire par une majorité à l'Assemblée nationale pour le Parti socialiste (PS) et ses alliés. Sauf imprévu, l'Assemblée nationale sera dotée d'une majorité de gauche, ce que souhaitent 59% des Français, selon un sondage, et ce qui évitera une cohabitation entre le président socialiste François Hollande et un gouvernement de droite. Actuellement, l'incertitude porte sur les contours de la majorité qui sortira de ce quatrième rendez-vous des Français avec les urnes. Si le PS et ses proches alliés radicaux de gauche, ou divers gauche détiennent à eux seuls plus de la moitié des sièges, cela laissera les coudées franches au chef de l'Etat et à son Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Si au contraire, le parti du président doit sans cesse composer avec les écologistes et, à fortiori, avec le Front de gauche, qui chacun espère pouvoir constituer un groupe parlementaire, le jeu politique sera plus compliqué dans les cinq années à venir et la politique gouvernementale, face aux crises économique et européenne, s'en ressentira. Des instituts de sondage, dont Ifop, prévoient une majorité absolue pour le PS et ses plus proches alliés de gauche, mais d'autres n'excluent pas qu'ils ne fassent que la frôler. Le Parti socialiste espère bien dépasser la barre des 289 sièges, synonyme de majorité absolue. En dessous de ce seuil, il dépendrait directement des Verts ou du Front de gauche pour faire voter ses lois et serait obligé de former une "gauche plurielle". La projection Ifop donne à ce jour une fourchette entre 297 et 332 députés pour le PS. Le gouvernement disposerait alors d'une majorité suffisamment large pour appliquer le projet défendu par François Hollande. Selon l'analyste politique Philippe Chriqui, la gauche bénéficie d'une "prime majoritaire" depuis l'élection du président, qui devrait amplifier son score lors de ces législatives. Maintenant qu'elle est majoritaire au Sénat, la gauche rêve de détenir les trois-cinquièmes des élus pour pouvoir engager une réforme constitutionnelle, comme par exemple le droit de vote des étrangers aux élections locales. Mais il faudrait 378 élus à l'Assemblée, ce qui serait difficile, même avec les Verts et le Front de gauche, selon le même analyste. Le scrutin de dimanche dernier, frappé d'un taux record d'abstention (42,7%), a permis l'élection de seulement 36 des 577 députés (541 sièges restent donc à pourvoir) et a donné l'avantage à une gauche dominée par les socialistes : 42,7% dont 34,4% pour le PS et les divers gauche, 5,4% pour Europe-Ecologie-les Verts (EELV) et 6,9% pour le Front de gauche. Selon un sondage, l'UMP (droite) et ses alliés auraient entre 202 et 263 députés, le Front national (FN, extrême droite) de 0 à 3 sièges et le MoDem (centriste), de 0 à 2 sièges. De 0 à 4 sièges iraient à des élus n'appartenant à aucune de ces familles politiques. Une courte majorité de ceux qui anticipent une victoire de la gauche pense que celle-ci disposera d'une majorité large (54%) contre 46% si cette victoire sera courte. Par ailleurs, indique le sondage, 75% des Français pronostiquent la victoire du PS et de ses alliés contre 23% celle de l'UMP et de ses alliés.