Après avoir explicitement enterré le projet de traité d'amitié algéro-français développé par le président Bouteflika et son prédécesseur le président Chirac, le président français, Nicolas Sarkozy, est arrivé, hier à Alger, avec la ferme intention de convaincre ses homologues algériens du bien fondé d'un partenariat avec la France mais aussi avec l'Union européenne. C'est, d'ailleurs, le principal objectif de son déplacement. Accompagné du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, le chef de l'Etat français vient donc vendre "un partenariat d'exception". Un partenariat qui passe forcement, du point de vue français, par les questions énergétiques et plus précisément par un rapprochement entre la société nationale d'hydrocarbures Sonatrach et des sociétés françaises comme Gaz de France, Suez ou Total. D'ailleurs, David Martinon, porte-parole de l'Elysée, a indiqué, lundi, que la question d'un "partenariat entre GDF et la Sonatrach sera à l'ordre du jour" de cette visite. Même si aucun dirigeant d'entreprise ne fait partie du voyage et aucun accord économique ne devrait y être signé, Nicolas Sarkozy entend bien évoquer longuement avec ses interlocuteurs les questions énergétiques. Dans une interview publiée, hier, dans les quotidiens El Watan et El Khabar, M. Sarkozy avait donné un avant-goût des discussions en indiquant que "nous avons autant besoin de sécuriser nos approvisionnements en gaz pour le futur que l'Algérie de pouvoir compter sur un accès sûr et garanti au marché français et, au-delà, européen". Cette affirmation justifie amplement, selon lui, un rapprochement entre Sonatrach et la compagnie française, GDF, mais aussi Suez et Total. L'Algérie qui, pour sa part, n'a, à aucun moment fermé la porte à cette éventualité à laquelle elle ne souscrirait que si elle y trouvait ses intérêts, attend les propositions françaises avant de se prononcer sur une éventuelle alliance dans le gaz. Car au-delà des déclarations d'intention, l'Algérie attend des propositions concrètes allant dans le sens de ses ambitions. En effet, Sonatrach, qui veut internationaliser sa production en réalisant à l'étranger le tiers de son chiffre d'affaires à l'horizon 2015, cherche à s'implanter dans la distribution en Europe et à entrer en amont dans des gisements gaziers avec des partenaires internationaux. Si ce rapprochement avec Sonatrach constitue pour la France une des options concernant l'avenir de GDF, la chose est perçue différemment par l'Algérie. A ce titre, M. Sarkozy se doit, dans sa démarche, d'intégrer le fait que l'Algérie ne veut plus se contenter d'être un simple vendeur de gaz. Donner au partenariat un contenu concret, c'est ce qu'affirme M. Sarkozy. C'est aussi ce qu'espère l'Algérie, notamment dans ce volet de la coopération qu'est l'énergie et qui semble être la locomotive de ce partenariat stratégique.