L'entrepreneuiat social qui concilie la logique économique avec la logique sociale existe en Algérie, selon Ghezali Tarik, expert international en économie, qui a présenté, hier, une conférence sur " l'entrepreneuriat social, une opportunité pour l'Algérie: mettre l'entreprise privée au cœur de l'intérêt général ", organisée à l'hôtel Sofitel d'Alger par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) en partenariat avec la fondation Friedrich Naumann et en présence de Mohamed Seghir Babes, président du conseil national économique et social (CNES) et Slimane Benaissa, grand dramaturge algérien installé en France depuis les années 90. Cette nouvelle forme de l'économie des entreprises qui prend en charge les besoins sociaux fondamentaux pour faire du profit a été initiée en Algérie par Hadj Khellil, en créant l'entreprise " Bionoor ", spécialisée dans la production et le conditionnement de la datte de Ouargla sous le label BIO qui se vend actuellement dans de nombreux pays en Europe. Au départ il s'agit pour Hadj Khellil de donner du travail aux gens de Ouargla en permettant la réhabilitation de la datte de la région par notamment son conditionnement et son exportation vers les marchés extérieurs, a-t-il ajouté, le cofondateur du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux (Mouves) dont il a été le délégué général jusqu'à mars 2012. " Cet ancien étudiant de l'Ecole de Commerce d'Alger s'est installée par la suite en France où il a crée une école sur l'entrepreneuriat social " a souligné cet ingénieur de formation (Centrale de Paris) né et a grandi à Alger, avant de rejoindre l'Hexagone (Marseille) où il vit actuellement. D'autres entrepreneurs sociaux activent actuellement en Algérie pour apporter des solutions aux problèmes de société, tout en gagnant de l'argent mais ce n'est pas le but principal. Des entrepreneurs sociaux existent en Algérie où les pouvoirs publics et les entreprises privées tentent des collaborations avec comme objectif la protection de l'intérêt général. " On peut créer des entreprises sociales dans tous les secteurs d'activité économique " a-t-il indiqué, mettant en évidence le domaine du marché informel qu'on peut régulariser par la création des entreprises sociales avec l'aide des pouvoirs publics en accordant des crédits à moindres coûts. " Il y a le bon marché informel et le mauvais comme c'est le cas pour le cholestérol. Il est donc possible de prendre en charge le premier en le légalisant sous forme d'entreprises sociales avec une nouvelle approche entre les pouvoirs publics et les citoyens " propose l'expert qui avance le taux de 20 à 40 % de marché informel. Le jeune conférencier cite en outre le domaine de la gestion des déchets dont il est possible des entreprises sociales qui feront de l'argent mais en le réinvestissant en grande partie le capital dans l'expansion de la société, recommande le co-auteur de " l'efficacité économique au service de l'intérêt général, le Livre Blanc des Entrepreneurs Sociaux ". L'entrepreneuriat social a vu le jour en France durant les années 80 avec la création de l'entreprise " SOS " par une simple association qui activait, dit-il, en France, dans le domaine de la protection des jeunes contre la drogue. Et puis cette association s'est agrandie pour s'occuper des gens mal logés ou qui n'ont pas de logement, avant d'occuper le terrain de l'accès au travail en prenant en charge les chômeurs, a-t-il expliqué la genèse de cette première entreprise sociale française. Selon l'expert, les entreprises sociales créent plus d'emplois que les moyennes. " Mettant l'homme au cœur du projet, elles sont en effet souvent plus intenses en main d'œuvre. En France par exemple, l'économie sociale et solidaire dans son ensemble crée 2 à 5 fois plus d'emplois que la moyenne du secteur privé, avec une moyenne de 50.000 emplois par an dans les années 2000 et avec bien entendu un Etat investisseur social " a-t-il ajouté. C'est le cas en Algérie qui recèle, dit-il, des moyens en terme de compétences et de finances pour encourager ce type d'entreprises afin de résorber le chômage et lutter contre le marché informel. Ces entreprises suscitent aussi, selon son analyse, un intérêt fort auprès des jeunes. Comme elles permettent en outre d'optimiser les dépenses publiques. " En Algérie si la pression (sur les services publics est moins forte à court terme, la nécessité d'une meilleure rationalité économique de l'action sociale et des services publics est également posée ; l'épuisement programmé de la rente pétrolière devant amener à anticiper cet enjeu " propose-t-il. Il y a lieu de noter que l'expert a donné une autre conférence, en fin d'après-midi, sur le même thème au niveau du Club de la Presse et en présence des chefs d'entreprises de la chambre algéro-allemande du commerce et de l'industrie (AHK Algérie).