Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, a reconnu, hier, que le pays ne pouvait pas continuer "longtemps à se financer" aux taux actuels que lui imposent les marchés, inquiets de la situation des banques et des comptes publics. "Il est très difficile de se financer aujourd'hui et ce sera pire si nous n'envoyons par un signal clair que nous prenons au sérieux" l'assainissement des finances publiques et la réduction du déficit, a-t-il ajouté. L'Espagne s'est engagée à ramener son déficit public à 5,3% du PIB cette année, contre 8,9% en 2011. Le taux que doit payer l'Espagne pour emprunter reste à des niveaux record, à plus de 6,8%, malgré l'offre d'aide de la zone euro, de cent milliards d'euros au maximum, aux banques du pays, fragilisées par leur exposition au secteur immobilier. Mariano Rajoy, rendait compte devant les députés des positions qu'il défendra lors du sommet européen d'aujourd'hui. "Le sujet le plus urgent, c'est celui du financement", a-t-il lancé, ajoutant que cela "touche l'Espagne, l'Italie et d'autres pays, c'est pour cela que c'est un sujet de première importance". "L'Italie, l'Espagne et d'autres allons essayer que des décisions soient prises" lors du sommet, a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement a réitéré son soutien à la création d'une union bancaire et budgétaire plus étroite au sein de la zone euro. "Je vais demander une plus grande intégration européenne et en particulier une union budgétaire et bancaire", a-t-il déclaré. "Il faut des réponses européennes claires et convaincantes", a-t-il conclu. La chute du PIB s'est accentuée au 2e trimestre L'activité économique de l'Espagne, entrée en récession au premier trimestre, a "diminué à un rythme plus intense" entre avril et juin, a indiqué la Banque d'Espagne, hier, dans son bulletin mensuel. Le PIB de l'Espagne devrait donc plonger plus bas que le recul de 0,3% enregistré au premier trimestre, alors que le gouvernement prévoit une contraction de l'activité de 1,7% sur l'ensemble de 2012, dont les deux premiers trimestres négatifs. Les prévisions de la Banque d'Espagne sont généralement vérifiées ensuite par les chiffres officiels. Fin mai, le ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos, avait estimé que le PIB du pays reculerait encore au deuxième trimestre, dans une proportion "similaire" au premier, ce qui avait alors marqué le retour de l'Espagne en récession. Parmi les indicateurs lui permettant d'envisager une chute accrue du PIB au deuxième trimestre, la Banque d'Espagne évoque la baisse des niveaux de confiance des particuliers et des petits commerçants, "qui se sont situés en moyenne aux mois d'avril et de mai sous la moyenne du premier trimestre". Il cite également la chute des ventes de voitures, qui a "accéléré en mai sa baisse par rapport à l'année précédente jusqu'à 15,4%". La banque centrale souligne aussi les difficultés que traverse l'Espagne sur les marchés, qui exigent des rendements record pour la financer. "Ces dernières semaines, l'économie espagnole a été très fortement touchée par l'aggravation des tensions sur les marchés financiers de la zone euro", souligne-t-elle.