La fluette à la voix rauque et sensuelle, cheba Zahouania, a entamé, depuis le 07 juillet dernièr, un périple artistique qui l'a menée à Paris, puis à Agadir avant de chuter pour deux spectacles prévus les 19 et 22 juillet prochains à Casablanca au Maroc. L'artiste, que l'on surnomme la Nana Mouskouri, donnera, ainsi, deux spectacles au Maroc à l'occasion de la tenue du festival de Cas Music. Cette année la Zahouania, (littéralement joyeuse en langue française) boucle ses 36 ans de carrière. Halima Mazzi -pour l'état civil- Zahouania est née, en 1959, à Oran, d'un père marocain et d'une mère algérienne. D'abord chanteuse dans un ensemble féminin de meddahâte, ce n'est qu'en 1981 qu'elle réalise son premier enregistrement. Le succès n'est pas immédiat, il se fera, cinq années plus tard, soit en 1986 avec la fameuse Khâli ya khâli (Mon oncle, oh mon oncle, qu'elle interprète en compagnie de cheb Hamid. L'année suivante elle cassera, carrément, la baraque avec le sulfureux tube, El Barraka (La Baraque), qu'elle chante en duo avec le regretté cheb Hasni. Ce que l'on garde de cette chanteuse dont on connaissait les albums, sans pour autant connaître son visage, c'est que ses cassettes n'ont été, au départ, illustrées que d'une simple photographie de magazine. Si elle donne des concerts dès 1987 à Alger, il faudra attendre février 1992 pour voir une de ses premières photographies publiées par le quotidien français Libération. Au lendemain de l'assassinat de cheb Hasni, survenu à Oran le 29 septembre 1994, cheba Zahouania quitte l'Algérie et s'installe en France. Celle qui excellera, aussi bien dans le registre du raï traditionnel des cheikhât que dans le raï moderne. Avec sa voix gutturale et voluptueuse, elle compte parmi les grandes figures du raï d'aujourd'hui. Outre un grand nombre d'albums, la chanteuse qui figure sur de nombreuses compilations raï, était invitée sur les titres Mon cœur se brise, Rachid System et Ach 'Dani, Alach Mchit, respectivement de Djamel Ben Yelles (album Djam & Fam), Rim-K (album L'Enfant du pays) et de cheb I Sabbah (album La Kahena). Après Stockholm et Saint-Jean de la Ruelle en juin, à la faveur de concerts donnés à la mémoire de cheikha Rimitti disparue au printemps, cheba Zahouania était visible en juillet à Droixhe (périphérie de Liège) lors de la 4e édition de la Caravane des Quartiers; elle fera donc un périple artistique assez court. Il est certain que la reine du raï à la voix aussi enflammante que déchirante, séduira un public qui n'est pas habitué à aller à la rencontre d'une raï women avec un vrai orchestre et des vrais musiciens, contrairement au reste des chanteurs qui prennent leur boite à musique en scène. Zahaounia a la voix, le look et surtout le talent. La preuve c'est que son succès a devancé son personnage. Dans les années 80, alors que le raï était quelque part " prohibé " puisque considéré comme impur et infâme, Zahouania était sortie du lot dès les premières notes. 36 années après ses débuts, Zahouania est restée la favorite de tous et elle le sait. "De Stockholm à Yew York on me clame ! Les stars internationales du raï ne me font pas peur " nous -a telle déclaré un jour !