Le président syrien Bachar al Assad suggère une sortie progressive du conflit dans son pays. Et cela en commençant par mettre un terme aux violences dans les zones les plus meurtries par les affrontements, a dit avant-hier, l'émissaire international Kofi Annan. Selon le diplomate ghanéen, qui a rencontré le chef de l'Etat syrien, lundi dernier, à Damas, ce dernier a suggéré "de mettre en place une approche partant de la base dans certaines zones théâtre d'une extrême violence pour tenter d'y contenir la violence puis progressivement de faire cesser la violence dans tout le pays." Kofi Annan, a indiqué en outre qu'il allait maintenant partager cette nouvelle approche avec l'opposition syrienne. Après Téhéran, où il a rencontré le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, l'ancien secrétaire général de l'ONU est arrivé, avant-hier, à Badgad pour s'entretenir avec le Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, de la situation en Syrie et son impact dans la région. Les Etats-Unis ne croient pas à un rôle positif de l'Iran Les Etats-Unis ont rejeté, avant-hier, l'idée selon laquelle l'Iran pourrait jouer un rôle positif dans la crise en Syrie, énoncée plus tôt par l'émissaire international Kofi Annan lors d'une visite à Téhéran. "Je ne pense pas que quiconque puisse dire sérieusement que l'Iran a eu un effet positif sur les événements en Syrie", a lancé le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, face aux journalistes dans l'avion présidentiel Air Force One qui transportait M. Obama en Iowa (centre). Un porte-parole du département d'Etat, Patrick Ventrell, a rappelé que l'Iran devait mettre un terme à son comportement destructeur en Syrie et c'est bien sûr, nous l'espérons, une partie du message dont est porteur l'envoyé spécial Kofi Annan. Mais aux yeux de M. Annan, il y a un risque de voir la crise syrienne échapper à tout contrôle et s'étendre à la région et l'Iran peut jouer un rôle positif, a-t-il réaffirmé lors d'un point de presse à Téhéran, précisant qu'il continuerait à travailler avec les dirigeants iraniens. Pour le porte-parole Carney, il faut que le plan initial de M. Annan soit appliqué. Navires russes en route vers Tartous : "Rien d'anormal", selon Washington La Maison-Blanche a estimé, avant-hier, que le départ d'un groupe de navires de guerre russes vers le port de Tartous en Syrie, rapporté plus tôt par les média russes , n'était a priori pas anormal. "La Russie possède une base de ravitaillement et de maintenance dans le port syrien de Tartous", a déclaré Erin Pelton, une porte-parole du Conseil de sécurité nationale, cabinet de politique étrangère de la présidence américaine. "En l'état actuel des choses, nous n'avons aucune raison de penser que ce mouvement (de navires) n'est pas de routine", a-t-elle ajouté, tout en renvoyant vers les autorités de Moscou pour plus de détails. Patrick Ventrell, a lui dit espérer qu'il était vrai, comme l'affirme la Russie, qu'il s'agit d'une mission de ravitaillement, sans lien avec le conflit en Syrie. Un groupe de navires de guerre russes, avec à sa tête un bâtiment de lutte anti-sous-marine, a quitté, avant-hier, Severomorsk, près de Mourmansk (nord-ouest), pour le port syrien de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée. Un projet de résolution russe, sans menace de sanctions La Russie a soumis, avant-hier, à ses 14 partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution qui prolonge le mandat de la Mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) mais n'évoque pas la menace de sanctions. Le projet de texte, prolonge de trois mois le mandat de la MISNUS, qui expire le 20 juillet, en tenant compte des recommandations faites par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Celui-ci, dans un rapport remis au Conseil la semaine dernière, préconise de réduire le nombre des observateurs militaires (300 actuellement) et de donner à la MISNUS un rôle plus politique. Le texte russe réaffirme le soutien au plan de paix du médiateur Kofi Annan et demande au pouvoir et à l'opposition syrienne de commencer immédiatement à appliquer ce plan ainsi que les directives pour une transition politique définies à la réunion du Groupe d'action pour la Syrie le 30 juin à Genève. "La résolution vise à soutenir les efforts de Kofi Annan et son plan de paix", a expliqué à la presse le représentant adjoint russe à l'ONU, Igor Pankin. "Notre résolution n'est pas sous chapitre 7", a souligné M. Pankin. La Russie et la Chine ont opposé leur veto à deux reprises à des tentatives au Conseil de menacer de sanctions le régime de Bachar al-Assad. Moscou n'a pas changé de position "La Russie n'a pas changé de position sur la Syrie", ont déploré, hier, à Moscou des dirigeants de l'opposition syrienne à l'issue de discussions avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. "Nous n'avons pas vu d'évolutions dans la position russe. J'étais ici il y a un an et la position (russe) n'a pas changé", a ainsi déclaré devant des journalistes Burhan Ghalioun, membre de la direction du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne à l'étranger, dont il a été jusqu'à récemment le chef Une révolution est en cours, selon le chef du CNS à Moscou "Une révolution est en cours en Syrie", a déclaré, hier, à Moscou le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne à l'étranger, au début de ses entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Les événements en Syrie ne sont pas seulement des désaccords entre l'opposition et le gouvernement, mais une révolution, a expliqué à son interlocuteur Abdel Basset Sayda, comparant la situation dans son pays à celle de la Russie à la chute de l'URSS, en 1991. La révolution en Syrie ressemble à ce qui s'est passé dans la Fédération de Russie quand elle s'est engagée sur la voie de la démocratie, a ainsi dit le chef du CNS, en présence des journalistes admis au début de sa rencontre avec M. Lavrov.