"Les réserves de change peuvent constituer un moyen pour renforcer le pouvoir de l'Algérie dans ses négociations à condition d'opérer des placements dans de meilleures conditions". C'est ce que préconise Sid Ali Boukrami, professeur en finances internationales qui met en avant les expériences de la Norvège et du Koweït. Ces placements permettront également, selon Sid Ali Boukram, invité de la radio Chaîne III, à l'Algérie de préserver "l'avenir des générations futures". Ce qui dicte cette voie, est la dépendance de notre économie vis-à-vis des hydrocarbures et par ricochet la seule ressource de devises reste le pétrole et le gaz. Sid Ali Boukrami estime que lorsqu'on "exporte le pétrole on s'appauvrit" car il est clair que c'est une ressource non renouvelable. Pour lui, en tout cas, le défi aujourd'hui est d'arriver à mettre fin à cette dépendance. Comment ? Se doter "des capacités d'absorption de l'économie en créant de la valeur ajoutée". La dépendance vis-à-vis des hydrocarbures fait que notre pays ne "peut pas disposer d'un marché monétaire de devises actif car il n'existe qu'un seul secteur pourvoyeur de devises qui est celui des hydrocarbures alors qu'en parallèle la demande est croissante". L'état actuel de notre économie ne permet pas d'amorcer une telle démarche ajoute Sid Ali Boukrami. D'où la floraison du marché parallèle dont "la disparition dépend en premier de l'instauration d'un marché monétaire de devises". Concernant son évaluation de la politique de change en Algérie, l'invité de la radio s'est dit satisfait du travail accompli jusque-là. Il s'appuie d'ailleurs sur l'étude menée par le Fonds monétaire international entre la période de 1995 et 2005. "Cette étude montre que le taux de change effectif réel de l'Algérie se rapproche du taux d'équilibre". La note du FMI, relève Sid Ali Boukrami, est "positive en termes de stabilisation des taux de change". Toutefois le risque existe et cela est dû au fait que "les hydrocarbures sont le seul secteur générateur de devises". Une situation qui "pourrait engendrer de l'inflation". Notre économie fonctionne avec "des subventions qui durent dans le temps où le problème d'affectation et d'allocation de ressources persiste encore" selon le professeur Boukrami qui déclare que c'est l'un des facteurs qui est derrière l'absence d'un marché monétaire de devises. Aujourd'hui, fait-il savoir, la pauvreté, comme c'est le cas dans les pays subsahariens, est bien ancrée dans notre pays, qui dispose paradoxalement "de 150 milliards de dollars de réserves de change", ne se mesure plus au niveau de ces réserves. Car au préalable il faudrait arriver à mettre en place une économie diversifiée.